Politique
Vendredi 3 juin dernier, Danielle Simonnet, figure de la France Insoumise, se félicitait du soutien de Jeremy Corbyn, venu de Londres battre le pavé de la quinzième circonscription de Paris où elle se présente pour la NUPES aux futures élections législatives. Indignations légitimes de ceux qui n’ont pas la mémoire courte : ils se souviennent de la complaisance du Labour vis-à-vis de l’antisémitisme lorsque Corbyn en était le patron. Danielle Simonnet s’est insurgée : pour elle, Corbyn n’est que la « victime d’une grossière manipulation ». Milo Lévy-Bruhl – qui avec Adrien Zirah avaient déjà analysé dans K. le rapport de l’EHRC sur l’antisémitisme au sein du parti de gauche anglais – y revient cette semaine pour la bonne information de Danielle Simonnet. Il en profite pour réfléchir au destin d’une union de la gauche, sans aucun doute désirable aujourd’hui, à condition qu’une partie de ceux qui l’animent ne se voilent plus la face sur la réalité du regain de l’antisémitisme, y compris à gauche.
En 2015, le Premier ministre britannique d’alors, David Cameron, a annoncé la construction d’un nouveau mémorial de la Shoah et d’un centre d’apprentissage de classe mondial. Depuis, le projet accumule les retards et suscite différentes polémiques. Le journaliste Liam Hoare a enquêté pour K. sur ce projet et, plus largement, sur les enjeux de la politique de mémoire de la Shoah en Grande-Bretagne.
Dans l’entre-deux-tours des élections, la protestation étudiante s’est fait entendre, à la Sorbonne d’abord, puis à l’EHESS, dont un bâtiment, a été sévèrement dégradé. Les mots d’ordre du mouvement étaient le refus de se laisser enfermer dans le choix entre fascisme et néolibéralisme. Mais ici, parmi les nombreuses dégradations, au milieu d’inscriptions au contenu particulièrement violent, l’antisémitisme de quelques tags a été relevé. Confrontés à cela, les étudiants occupants s’en sont expliqués : « L’occupation est antifasciste et condamne fermement tout acte antisémite. Nous avons effacé les symboles haineux que nous avons eu le malheur de trouver sur nos murs, et aurions effacé ceux-ci si nous les avions vus ». Que penser de cette curieuse activité d’effacement de l’antisémitisme au sein d’un tel mouvement ?
Comment, en quelques mois, un leader juif d’extrême-droite, a-t-il pu susciter en sa faveur un large mouvement d’adhésion ? Et pourquoi nombre de Juifs français – dont la quantité est sans doute difficile à évaluer, mais qui seront toujours trop – peuvent-ils envisager de voter pour le nationalisme intégral qu’incarne ce candidat à l’élection présidentielle ? A quelques jours du premier tour de cette dernière, la rédaction de K. revient sur un phénomène que l’on considère notamment comme un affront fait à l’expérience juive.
Le 11 mars dernier, un nouveau président a pris ses fonctions au Chili : Gabriel Boric. Pendant la campagne, l’un de ses anciens tweets a suscité beaucoup de réactions, jusqu’en Europe : « La communauté juive du Chili m’envoie un petit pot de miel pour le Nouvel An juif, réaffirmant leur engagement pour « une société plus inclusive, solidaire et respectueuse ». J’apprécie le geste mais ils pourraient commencer par demander à Israël de restituer les territoires palestiniens illégalement occupés ». Ariel Bohorodzaner, fondateur des Étudiants juifs du Chili, éclaire le contexte politique dans lequel se situe cette sortie, revient sur la campagne présidentielle et rend compte de l’incertitude dans laquelle elle a plongé la communauté juive chilienne.
La Hongrie connaîtra le 3 avril prochain des élections législatives. La campagne a été marquée par de nombreuses accusations d’antisémitisme à l’endroit des adversaires du gouvernement actuel. À l’inverse ce dernier se pose en principal défenseur des Juifs sur le continent européen. Le journaliste János Gadó raconte la centralité des questions juives dans la Hongrie contemporaine et la manière dont les Juifs hongrois se retrouvent divisés face à un gouvernement qui semble vouloir troquer leur protection contre une réécriture du rôle du nationalisme hongrois dans la Shoah.
Il y a les faits : la violence de la force russe qui s’écrase sur l’Ukraine ; il y a les discours : la propagande poutinienne, les appels désespérés de Zelensky qui font feu de tout bois pour recevoir le soutien d’un Occident incapable d’apporter une réponse décisive, et puis la réception de l’Europe, sonnée par l’événement et sommée de réfléchir aux directions de sa politique. Car ce retour de la guerre chez nous dessine déjà des options d’une future intégration européenne. Ces options, irrésistiblement, se construisent autour du signifiant juif et de la mémoire de la Shoah qui irriguent tous azimuts les discours. C’est principalement autour de ce point que Julia Christ propose son analyse, attentive aux mots employés et aux imaginaires déployés de part et d’autre.
Une organisation étudiante juive, génération après génération, est devenue un acteur important du débat public national autrichien, jusqu’à faire vaciller les gouvernements. Remontant des origines de L’Union autrichienne des étudiants juifs (JÖH) à leurs derniers coups d’éclat, le texte de Liam Hoare raconte comment leur activisme se confronte à la réalité de l’histoire autrichienne et comment il défie le récit national, rappelant la mémoires des victimes des crimes nazis et les responsabilités de ceux qui les ont commis.
« L’État d’Israël est né en tant qu’État juif. C’est la décision du peuple et la question ne porte pas sur l’identité de l’État. Il est né comme ça et il restera tel ». Cette petite phrase a été prononcé le 22 décembre 2021 par Mansour Abbas, député arabe d’un parti islamiste et ministre délégué au cabinet du Premier ministre israélien. Noémie Issan-Benchimol et Elie Beressi nous en rendent le contexte et l’analyse comme un moment qui fait césure dans l’histoire de la vie politique israélienne.
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