Il n’a pas fallu attendre longtemps après le début de l’offensive israélienne à Gaza pour voir se profiler l’accusation de génocide portée contre l’État juif. Le 7 octobre déjà, avant toute riposte, on en percevait les premiers échos. C’est que, pour la radicalité antisioniste, cela fait 75 ans que dure ce génocide, 75 ans que se déploie le projet d’effacement du peuple indigène palestinien, 75 ans que s’affirme l’essence génocidaire de l’État sioniste. Mais d’où vient cette « évidence » ? Quand, par qui et dans quelles conditions a été formulée cette équation implacable ? Et comment expliquer sa remarquable diffusion ? Nous entamons cette semaine la publication de l’enquête historique que Daniel Szeftel a consacrée à cette question, et qui constitue une importante contribution aux débats contemporains concernant la notion de settler colonialism. Dans cette première partie de son diptyque, il est question du renouveau du nationalisme arabe dans les années 20 à 40, de ses compromissions avec le fascisme européen, et de l’influence de missionnaires protestants antisémites. Nous assistons pour l’instant à la structuration d’un discours idéologique qui, à ce stade, revendique ouvertement son nationalisme intégral et son antisémitisme éliminationniste. La semaine prochaine, nous verrons comment, à travers un curieux processus de retournement accusatoire, ce discours sera dans l’après-guerre évidé et reformulé à destination des institutions internationales et académiques occidentales.
Deux juifs ne se connaissant ni d’Eve ni d’Adam prennent l’avion et se retrouvent assis l’un à côté de l’autre. Non, ce n’est pas le début d’une blague juive, mais d’un récit personnel de l’écrivaine Barbara Honigmann. De quoi pourraient bien parler deux juifs qui se rencontreraient pour la première fois ? Et qu’est-ce qui se joue dans le lien qui, le temps d’un vol et en dépit de leurs divergences, se tisse entre eux ?
Connaissez-vous TSEDEK! et l’UJFP ? Savez-vous quelle place stratégique ces mouvements juifs de la gauche radicale occupent dans la galaxie antisioniste ? Si la réponse à ces questions est non, nous ne pouvons que vous conseiller le Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme de Jonas Pardo et Samuel Delor, sorti aux Éditions du commun le mois dernier …
>>> Suite de l’édito
Quelles sont les origines du discours qui fait d’Israël une entité intrinsèquement génocidaire, arcboutée sur la destruction du peuple indigène palestinien ? Dans cette première partie de son enquête historique, Daniel Szeftel étudie le renouveau du nationalisme arabe dans les années 20 à 40, mettant en évidence l’influence du fascisme mais aussi de l’antisémitisme européen et américain sur sa structuration.
Dans un avion, deux juifs discutent. À travers ce court récit, inédit en français, Barbara Honigmann interroge avec humour ce que les juifs ont en commun, et ce qui les distingue radicalement.
Que sont TSEDEK ! et l’UJFP, et quel discours tiennent ces organisations au sujet des juifs et de la lutte contre l’antisémitisme ? Nous publions le chapitre consacré à cette question du Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme de Jonas Pardo et Samuel Delor, paru aux éditions du commun le mois dernier. Y est critiquée la posture d’exceptionnalité adoptée par certains juifs antisionistes, et la manière dont elle permet à une partie de la gauche d’éviter toute remise en question.
K. sur scène au Nouveau Théâtre de la Concorde (1 Av. Gabriel, 75008, Paris), a été préparé pendant des mois par toute la rédaction. La revue s’incarnera en direct, avec des chroniques, des reportages, des vidéos, des extraits de films et des invités spéciaux, le tout rythmé par la musique du groupe Horse Raddish.
Comment expliquer le désarroi de la conscience européenne face à la montée de cet antisémitisme qu’elle s’était promis de ne “plus jamais” tolérer ? Les historiennes Henriette Asséo et Claudia Moatti interrogent dans ce texte les paradoxes d’une Europe confrontée à la tentation identitaire.
Dibbouks, golems, zombies, spectres, loups-garous et autres mazzikim, la démonologie juive a pénétré le cinéma, mais qu’a-t-elle donc à nous raconter ? Entre mémoire de la Shoah, réflexion sur le mal, le corps ou l’inconscient, voire quête d’une religiosité alternative – à l’occasion de l’exposition actuellement au mahJ : « Le Dibbouk. Fantôme du monde disparu », enquête sur l’un des apports les plus singuliers du judaïsme à l’art et aux représentations.
Dans l’enceinte de Jérusalem, il existe une enclave préservée du temps et des désillusions, où de vieux rêves coloniaux franco-catholiques continuent d’avoir cours. Danny Trom nous guide dans la visite de cet univers parallèle qui, à force d’orientalisme et de fascination pour les ruines, semble s’être rendu complètement aveugle à l’existence d’un État juif.
Comment se sont positionnés les juifs américains et leurs organisations lors de la campagne présidentielle, et quelle place a occupé dans cette dernière le conflit israélo-palestinien ? Dans cet entretien mené la veille du jour des élections présidentielles, la journaliste et essayiste Dara Horn nous éclaire sur les clivages politiques internes au monde juif américain, et sur la manière dont ils sont parfois instrumentalisés.
Qu’est-ce qui explique l’errance politique de certains Juifs, qui semblent irrésistiblement glisser vers la droite ? Katie Ebner-Landy propose ici de la comprendre à partir de trois paradoxes contre lesquels il faudra lutter pour rasséréner les Juifs de gauche.
Le monde juif, que l’on sent actuellement engagé dans un processus de clivage, pourrait-il aller jusqu’à la guerre intestine ? Pour Bruno Karsenti, l’éventuelle élection de Donald Trump à la présidence américaine pourrait bien venir consommer la rupture. Car elle rendrait impossible à ignorer le fossé qui sépare désormais les juifs de la force, et ceux du droit.
La petite phrase d’Emmanuel Macron au sujet de la dette originaire d’Israël à l’égard de la communauté internationale marque la persistance d’une image surannée des juifs et de leurs rapports aux nations. Gabriel Abensour rappelle dans ce texte de quelle histoire le sionisme réalisé est le produit, et en quoi cette parole présidentielle semble moyenâgeuse.
À l’université Paris Nanterre, la mobilisation antisioniste produit chez les étudiants juifs un malaise diffus, et soulève des enjeux de qualification. Car si ces étudiants ne sont pas ciblés en tant que juifs, c’est bien en tant que tels qu’ils se sentent menacés. Valérie Broussard, professeure de sociologie, a mené l’enquête sur leur vécu.
Où en sont les Polonais dans leur rapport à la question juive depuis la fin de la période soviétique ? C’est ce qu’Arlene Stein est allée demander à Anna Zawadzka, sociologue et spécialiste de l’antisémitisme polonais. Des purges « antisionistes » menées par les communistes à ses souvenirs d’enfance, elle raconte les difficultés rencontrées par la communauté juive polonaise et les absurdités d’un pays qui dénie son histoire.
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