Après une campagne riche en polémiques, Zohran Mamdani vient d’être élu maire de New York. Cette élection acte le succès d’une nouvelle génération de militants au sein du parti démocrate, s’appuyant sur de fortes revendications économiques et sociales et cherchant à organiser une opposition frontale à l’administration Trump. Mais elle traduit aussi une évolution des Démocrates dans leur rapport à Israël – Mamdani ayant toujours assumé une position résolument antisioniste – et inscrit cette question comme centrale pour le débat politique américain. Donald Trump ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque, avec sa finesse habituelle, sa réaction a d’abord été de traiter de « stupides » les juifs new-yorkais ayant voté Mamdani. Sébastien Lévi interroge cette semaine les questions soulevées par cette élection au sein de la plus grande ville juive américaine, leur vote et les clivages générationnels qu’il révèle. Comment se positionnent les juifs américains par rapport à cette évolution du parti démocrate qui a longtemps été leur maison politique, mais dont les évolutions actuelles ne lassent pas d’inquiéter ?
Après que Denis Charbit ait rappelé la semaine dernière le contexte de l’assassinat de Rabin et interrogé son impossible commémoration, Ilan Greilsammer analyse la question de son legs politique. Trente ans après l’assassinat de Rabin, que reste-t-il du camp de la paix ? Quel constat dresser au sujet des objectifs poursuivis par Rabbin, alors que le camp de la droite spartiate semble devenu majoritaire et a enlisé la perspective d’une pacification des rapports israélo-palestiniens ? Et comment la guerre à Gaza intervient-elle dans ce diagnostic ? À toutes ces questions, Greilsammer adresse une réponse éclairée, bien qu’inquiète, et tournant son regard vers les décisives élections de 2026.
>>> Suite de l’édito
L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York, qui en fait le premier maire ouvertement antisioniste de la métropole, dépasse de loin les frontières de la politique municipale. Ce succès, porté par une jeunesse progressiste et une partie significative des Juifs américains, révèle la profondeur des fractures générationnelles et idéologiques au sein du judaïsme américain. Entre désaffection croissante envers Israël, montée de l’antisémitisme et recomposition du Parti démocrate, la victoire de Mamdani agit comme un révélateur brutal d’un monde juif américain en plein trouble identitaire.
Trente après l’assassinat de Rabin, que reste-il du camp de la paix ? Ilan Greilsammer rappelle ici quels étaient les objectifs poursuivis par la politique de Rabin, et dresse le constat amer d’un devenir majoritaire du camp de la droite. L’incurie de ce dernier, révélée par le 7 octobre et la conduite de la guerre à Gaza, permettra-t-elle de rebattre les cartes ?
En mars dernier, Jean-Claude Milner livrait dans nos colonnes un diagnostic dérangeant : la rapide mise sous tutelle américaine d’Israël, en raison de la fin de l’illusion qui faisait de l’État juif un « diamant impénétrable et solitaire », un représentant de l’Occident démocratique en terres hostiles. « Occidental », dans son texte, signifiait avant tout la reconnaissance de la suprématie américaine, des valeurs WASP et d’une doctrine où la paix est la règle et la guerre l’exception. Une alternative se dessinait alors pour les juifs : ou l’orientalisation dans un Israël vassalisé, ou la dissolution dans la nouvelle Jérusalem américaine. À l’heure où la présidence Trump semble rebattre les cartes en renouant avec une logique impériale, et où l’Europe semble toujours plus marginalisée, Milner revient sur son diagnostic.
“Kafka se perguntava constantemente: ‘Como conseguimos sobreviver?’” Entrevista com Reiner Stach Entrevista por Ruth Zylberman – Publicado em 13 abril 2023 Em uma magnífica biografia, Reiner Stach revela, com rigor…
Conférence de fin d’année de la Revue K. : Quel avenir pour les Juifs d’Europe ? Lundi 24 novembre à 20h au MK2 Gambetta. Eva Illouz, Bruno Karsenti, Sergio DellaPergola…
Il y a exactement trente ans, le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin était tué par un juif religieux extrémiste opposé au processus de paix. Dans Yitzhak Rabin, la paix assassinée ? (Editions Lattes), Denis Charbit revient sur l’onde de choc de l’événement, l’héritage ambigüe et la mémoire fracturée du Premier ministre israélien dans son pays. Car son nom divise encore, malgré les commémorations qui sont devenues « un temps où l’on ment, un jeu de rôles, où par respect des formes, les adversaires de Rabin qui sont au pouvoir depuis près de trente ans ont ‘le devoir moral de le commémorer et le devoir politique de l’oublier’ » écrit Charbit dont nous publions deux extraits de son livre à paraître cette semaine.
Pourquoi Philip Roth faisait-il scandale ? À l’occasion de la parution du livre-hommage de Marc Weitzmann La part sauvage, Alexandre Journo interroge la subversivité de l’écrivain américain à l’aune de son impossible rapport à une judéité en voie d’assimilation. Que faire alors, aujourd’hui, de l’ironie flegmatique de ce « rebelle inutile d’un temps de paix » ?
« Trahison », c’est le mot approprié pour décrire ce que fait la coalition gouvernementale au pouvoir en Israël à l’esprit du sionisme. Alors que l’on espère que la fin de la guerre à Gaza sera l’occasion pour Israël de sortir de cette mauvaise pente, l’historien allemand du sionisme Michael Brenner rappelle ici ce qu’avaient en tête les pères fondateurs, toutes tendances politiques confondues, lorsqu’ils envisageaient la création d’un État juif démocratique.
Dans un pays où la mémoire reste un champ de bataille, l’antisémitisme se nourrit d’oubli et de silence. La Pologne d’aujourd’hui oscille entre déni et sursaut, entre héritage religieux, dérives populistes et lente reconquête démocratique. La lutte contre l’antisémitisme ne se joue pas seulement dans les lois : elle engage la conscience nationale. Paula Sawicka, de République ouverte [en polonais Otwarta Rzeczpospolita], importante association polonaise contre l’antisémitisme et la xénophobie, analyse ici les blocages, les fractures et les signes d’espoir d’une société hantée par son passé. Cet article est publié dans le cadre de notre partenariat avec la DILCRAH.
Écrit à New York en avril 1944 et publié dans Nowa Polska, le manifeste « Nous, Juifs polonais… » de Julian Tuwim — grande voix de la poésie polonaise — paraît ici pour la première fois en français, dans la traduction d’André Laks. Texte de deuil et d’insurrection morale, il met à nu la grammaire antisémite du fascisme, reconfigure l’axe polonité/judéité et appelle une Pologne future capable d’honorer les martyrs du ghetto.
Sous le gouvernement Netanyahu, et avec la guerre à Gaza, l’État d’Israël s’est trouvé de plus en plus isolé sur la scène internationale. Le Premier ministre israélien, amateur de politiques de puissance et de bravades virilistes, voudrait en faire un motif de fierté : « Nous allons devenir une super-Sparte ». Mais, interroge Danny Trom, une souveraineté spartiate, n’est-ce pas une pseudo-souveraineté, en particulier pour le peuple juif ? Interrogeant les leçons politiques tirées par Hannah Arendt de l’histoire juive, le sociologue identifie alors les exigences qui s’imposent à l’État hébreu, s’il veut s’assurer d’une autonomie plus pérenne.
La Revue K. présente son nouveau cycle d’événements : Le Ciné-Club de K. Première séance du Ciné-Club de K. – Enseigner la Shoah à l’école aujourd’hui, le lundi 3…
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