Après « K. sur scène », K. lance « K. sur Zoom » avec deux rencontres avant la fin de l’année. La rédaction de la revue tient à remercier celles et ceux qui contribuent à sa campagne de soutien pour son maintien et son développement en 2025.
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La morale peut-elle justifier la bêtise ? C’est bien ce que donne à craindre la récente adoption par l’EHESS d’une motion appelant à la « suspension des coopérations » avec les universités israéliennes, sans nommer clairement ce qui est pourtant visé : le boycott. Car si c’est la plus prestigieuse institution française de sciences sociales — à laquelle sont rattachés les universitaires de K. — qui se place à l’avant-garde du camp du boycott, au mépris de toute réflexion sur l’efficacité politique de ses actes, alors la bêtise docte et moralisatrice a de beaux jours devant elle. Heureusement, au sein de la gauche progressiste, la voix de la responsabilité politique et historique européenne ne s’est pas encore tue. Fin novembre, Raphaël Glucksmann et Daniel Cohn-Bendit l’ont fait entendre dans les colonnes du Monde, à l’occasion d’une tribune condamnant sans appel la forme de la guerre menée par Israël, et indiquant nettement le cap politique à tenir selon leurs auteurs. La rédaction de K. tenait à lui donner de l’écho, et nous publions donc l’interview qu’a accordé Daniel Cohn-Bendit à Julia Christ et Danny Trom. Il y est question de son rapport de juif européen « non-nationalisable » à Israël et au sionisme, de l’insupportable situation au Moyen-Orient et de ses échos paradoxaux chez nous, mais aussi des butées de la construction et de l’intégration européennes. Surtout, s’y fait entendre la nécessité de lutter contre cette bêtise dont la gauche sait se rendre victime, et dont la volonté de boycotter des institutions productrices de savoir, de réflexivité et de critique n’est que la dernière occurrence.
Après le succès de la soirée K. sur scène au théâtre de la Concorde, dédiée aux Derniers juifs de…, nous tenions à rendre accessibles les interventions y ayant eu lieu. Cette semaine, vous pourrez découvrir ou redécouvrir le texte de la prise de parole de Ruben Honigmann, venu évoquer cette étrange équivoque de l’hébreu, qui associe la fin et la suite, comme si de finir, les juifs n’en finissaient pas…
Après sa tribune en compagnie de Raphaël Glucksmann dans les colonnes du Monde, la rédaction de K. souhaitait permettre à Daniel Cohn-Bendit de développer sa position résolument critique du gouvernement israélien et en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien. Dans cet entretien, Julia Christ et Danny Trom l’interrogent sur son judaïsme, son rapport au sionisme, sur la manière dont il perçoit les mouvements pro-palestiniens et le BDS, mais aussi sur l’Europe et les populismes…
À l’occasion de la soirée K. sur scène, centrée sur le thème du Dernier des juifs, Ruben Honigmann nous a invité à une méditation au sujet de ces fins qui n’en finissent pas. Nous publions le texte de son intervention. "Dernier juif est ce pléonasme qui dessine le contour de ce qu’être juif signifie : tenir en équilibre au-dessus de l’abîme, à cheval entre l’extinction et l’éternité."
Soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, et le départ des 150 000 juifs qui y vivaient, la question d’une présence juive en Algérie continue de déchaîner les passions. Dans les médias, chez les politiques, sur les réseaux sociaux, au café, le mythe circule : il resterait encore des juifs en Algérie. Qu’en est-il réellement ? L’auteur se pose la question, mais la réponse existe-t-elle vraiment ?
Chères lectrices, chers lecteurs, Nous avons le plaisir de vous inviter à une session Zoom exceptionnelle, organisée dans le prolongement de la soirée K. sur scène dédiée aux “Derniers Juifs de” : “Être marrane: le choix des derniers juifs de Belmonte”, avec le réalisateur Jonathan Hayoun, le dimanche 22 décembre prochain.
La responsabilité des Polonais dans l’extermination des juifs est, pour l’État polonais, l’objet d’une dénégation systématique. Dans cet article, Elżbieta Janicka, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, dénonce la manière dont, à Treblinka, cette politique mémorielle mensongère multiplie les affabulations historiques.
Pour la morale antisioniste, tout soutien à l’État israélien devrait être honteux. Mais cette proposition, et les opérations de « shaming » qui l’accompagnent, sont-elles compatibles avec le bon fonctionnement de l’université ? Ariel Colonomos réfléchit dans ce texte aux dangers de ces tentatives politiques de « moraliser » par la honte.
Comment les universitaires israéliens réagissent-ils à l’appel au boycott de leurs universités, et à l’idée qu’elles soutiendraient la politique menée par l’État hébreu ? Quelles relations entretiennent-ils avec le gouvernement Netanyahu, et comment la guerre a-t-elle affecté leur liberté académique ? Pour éclaircir ces questions, K. est allé les interroger directement. Nous publions les réponses des professeurs Itaï Ater et Alon Korngreen, membres du groupe « Universitaires pour la démocratie israélienne », ainsi que celles du professeur Eyal Benvenisti, membre du « Forum des professeurs de droit israéliens pour la démocratie ».
Y’a-t-il dans l’histoire juive, un autre modèle de souveraineté juive que le modèle sioniste nationaliste ? Avec sa lecture personnelle du dernier essai d’Amnon Raz-Krakotzkin, Conscience mishnique, conscience biblique : Safed et la culture sioniste, Noémie Issan-Benchimol nous fait découvrir une autre manière de penser l’existence juive en terre d’Israël : le modèle de Safed, pour lequel il n’est pas d’en dehors de l’exil.
Daniel Szeftel poursuit son enquête sur les origines des accusations de génocide contre l’Etat juif. Ce discours s’ancre dans le nationalisme arabe des années trente décrit dans la première partie de ce texte, nationalisme fortement influencé par les extrême-droites européennes et américaines. Compromis dans la collaboration avec le nazisme, les nationalistes arabes reformuleront leurs discours après guerre pour déligitimer Israël auprès de l’opinion internationale. Bien que toujours antisémite et suprématiste, leur idéologie procède dès lors d’un retournement, opéré sous le nom de settler colonialism : l’occultation chez soi et la projection sur Israël d’une volonté éliminationniste.
L’antisionisme contemporain serait-il une nouvelle version du « socialisme des imbéciles » ? Comment en faire la critique dans une perspective de gauche, sans céder aux sirènes de la réaction ? Dans cet entretien, Mitchell Cohen, l’ancien rédacteur en chef du magazine Dissent, nous livre quelques pistes pour sortir des apories contemporaines. Après la victoire du Trump, nous lui avons par ailleurs demandé de répondre à quelques questions pouvant éclairer le lecteur européen sur la situation politique américaine.
Quelles sont les implications des mandats d’arrêts émis par la CPI contre Netanyahou et Gallant ? Faut-il y voir un jugement politique ? Pour clarifier les enjeux juridiques de cette décision, à l’écart des controverses, K. est allé interroger le juriste Yann Jurovics – que nous avions déjà interrogé à propos de la procédure engagée par l’Afrique du sud devant la Cour internationale de Justice ainsi qu’à propos de la demande d’émission de mandats d’arrêt devant la CPI en mai dernier.
Quelles sont les origines du discours qui fait d’Israël une entité intrinsèquement génocidaire, arcboutée sur la destruction du peuple indigène palestinien ? Dans cette première partie de son enquête historique, Daniel Szeftel étudie le renouveau du nationalisme arabe dans les années 20 à 40, mettant en évidence l’influence du fascisme mais aussi de l’antisémitisme européen et américain sur sa structuration.
Dans un avion, deux juifs discutent. À travers ce court récit, inédit en français, Barbara Honigmann interroge avec humour ce que les juifs ont en commun, et ce qui les distingue radicalement.
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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.
La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.