Politique
Les images des crimes du 7 octobre ont suscité, au-delà d’un choc bien compréhensible, de nombreux débats : fallait-il montrer l’horreur que les terroristes du Hamas ont cherché à filmer et à diffuser ? Emmanuel Taïeb interroge ici le destin de ces images et les usages politiques qui en ont été fait, mettant en évidence leur réversibilité et le risque qu’il y aurait à les invisibiliser.
Alors que l’Allemagne bataille toujours avec les spectres de son passé, sa réponse à la montée contemporaine de l’antisémitisme vient interroger la complexité de cohésion nationale. Les mesures récemment prises pour combattre ce fléau à tous les niveaux de la société illustrent la manière dont, à une authentique préoccupation pour la vie juive, peuvent venir se mêler des manœuvres politiques. La seconde partie de l’enquête menée par Monty Ott interroge les enjeux éthiques et sociétaux de la lutte allemande contre l’antisémitisme.
Monty Ott examine l’état de la lutte contre l’antisémitisme en Allemagne, où l’urgence des problématiques contemporaines se trouve colorée par la responsabilité allemande dans la Shoah. À l’aide de la philosophie d’Adorno, et alors que la violence antisémite se déploie depuis le 7 octobre, la première partie de son enquête interroge la place de l’État dans ce combat, et la nécessité d’une approche impliquant l’ensemble des sphères de la société.
À l’occasion de la commémoration des dix ans des attentats de 2015, et de la soirée organisée en commun par le CRIF et Charlie Hebdo, Bruno Karsenti interroge le sens de cette alliance sous le slogan « Nous sommes la République ». Car si les juifs ont embrassé la condition politique moderne, c’est selon une modalité critique qui emporte une certaine acception de la République.
Pour la morale antisioniste, tout soutien à l’État israélien devrait être honteux. Mais cette proposition, et les opérations de « shaming » qui l’accompagnent, sont-elles compatibles avec le bon fonctionnement de l’université ? Ariel Colonomos réfléchit dans ce texte aux dangers de ces tentatives politiques de « moraliser » par la honte.
Que sont TSEDEK ! et l’UJFP, et quel discours tiennent ces organisations au sujet des juifs et de la lutte contre l’antisémitisme ? Nous publions le chapitre consacré à cette question du Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme de Jonas Pardo et Samuel Delor, paru aux éditions du commun le mois dernier. Y est critiquée la posture d’exceptionnalité adoptée par certains juifs antisionistes, et la manière dont elle permet à une partie de la gauche d’éviter toute remise en question.
Comment expliquer le désarroi de la conscience européenne face à la montée de cet antisémitisme qu’elle s’était promis de ne “plus jamais” tolérer ? Les historiennes Henriette Asséo et Claudia Moatti interrogent dans ce texte les paradoxes d’une Europe confrontée à la tentation identitaire.
Qu’est-ce qui explique l’errance politique de certains Juifs, qui semblent irrésistiblement glisser vers la droite ? Katie Ebner-Landy propose ici de la comprendre à partir de trois paradoxes contre lesquels il faudra lutter pour rasséréner les Juifs de gauche.
Le monde juif, que l’on sent actuellement engagé dans un processus de clivage, pourrait-il aller jusqu’à la guerre intestine ? Pour Bruno Karsenti, l’éventuelle élection de Donald Trump à la présidence américaine pourrait bien venir consommer la rupture. Car elle rendrait impossible à ignorer le fossé qui sépare désormais les juifs de la force, et ceux du droit.
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