Politique
Le monde juif, que l’on sent actuellement engagé dans un processus de clivage, pourrait-il aller jusqu’à la guerre intestine ? Pour Bruno Karsenti, l’éventuelle élection de Donald Trump à la présidence américaine pourrait bien venir consommer la rupture. Car elle rendrait impossible à ignorer le fossé qui sépare désormais les juifs de la force, et ceux du droit.
La petite phrase d’Emmanuel Macron au sujet de la dette originaire d’Israël à l’égard de la communauté internationale marque la persistance d’une image surannée des juifs et de leurs rapports aux nations. Gabriel Abensour rappelle dans ce texte de quelle histoire le sionisme réalisé est le produit, et en quoi cette parole présidentielle semble moyenâgeuse.
À l’université Paris Nanterre, la mobilisation antisioniste produit chez les étudiants juifs un malaise diffus, et soulève des enjeux de qualification. Car si ces étudiants ne sont pas ciblés en tant que juifs, c’est bien en tant que tels qu’ils se sentent menacés. Valérie Broussard, professeure de sociologie, a mené l’enquête sur leur vécu.
Alors que l’actualité immédiate est celle des opérations militaires et des assassinats ciblés, qu’il est question de l’équilibre régional voire mondial, Noémie Issan-Benchimol, dans cette lettre de Jérusalem, veut nous ramener à l’échelle plus modeste des émotions politiques et des blessures de la société israélienne, en premier lieu sur la ligne de fracture qu’y dessine la plaie encore ouverte des otages. Prenant l’occasion d’un micro-évènement politique, elle nous propose ici une méditation sur le pouvoir et un aperçu de cette partie du peuple israélien qui s’oppose au gouvernement Netanyahou.
Israël pourrait-il être un État normal ? Sans doute pas, soutient Denis Charbit, mais il pourrait certainement prendre ses responsabilités et sortir de la crise généralisée dans laquelle il s’est enferré. Dans son dernier livre, ‘Israël, l’impossible État normal’ (aux éditions Calmann-Lévy, dans le cadre de la renaissance de la collection ‘Diaspora’, créée par Roger Errera), il interroge en tant que citoyen israélien, les racines de la situation actuelle. K. en publie quelques bonnes feuilles..
Après la triste parenthèse bolsonariste, les juifs brésiliens, majoritairement progressistes, se réjouissaient à la perspective d’un nouveau mandat de Lula. Mais l’antisionisme virulent du nouveau président semble les avoir fait déchanter. Renan Antônio da Silva et Eric Heinze nous guident à travers cette affaire, de l’histoire longue du judaïsme brésilien au secret de polichinelle que représentent les vieilles errances antisémites des élites.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán se distingue par son opposition systématique aux valeurs et politiques dominantes de l’UE. Comment s’étonner alors que, depuis le 7 octobre, il n’ait fait qu’intensifier son soutien à l’État israélien, n’hésitant pas à qualifier d’antisémite la moindre critique émanant de ses partenaires européens ? János Gadó analyse ici avec lucidité les paradoxes d’un gouvernement qui, tout en voulant se faire passer pour l’ami des juifs, trafique la mémoire de la Shoah et recycle les tropes antisémites les plus éculés.
Saviez-vous qu’Israël était responsable de la crise climatique ? La sociologue Sylvaine Bulle nous présente dans ce texte l’étrange jonction que veut opérer par Andreas Malm — intellectuel fétiche de la critique écologique radicale — entre l’antisionisme et l’écologie politique.
Dernier dossier d’été dans lequel nous vous proposons de retrouver une sélection de textes déjà parus dans nos pages et rassemblés autour de quelques thématiques phares. En cette semaine de rentrée des classes, un panorama sur le tumulte provoqué par le 7 octobre dans le monde universitaire s’imposait — avec les points de vue d’Eva Illouz, Mona Khoury, Daniel Solomon, Bruno Karsenti, Julia Christ et Tal Rosenthal.
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