Entretiens

Suite de l’entretien d’Avishag Zafrani avec les philosophes Gérard Bensussan et Ivan Segré sur les usages politiques de la tradition juive au sein de la tradition révolutionnaire moderne. Comment penser les processus de sécularisation d’éléments de la tradition prophétiques ou messianiques à l’œuvre à l’extrême gauche, et leur participation aux idées d’émancipation et de rédemption du monde ? Pourquoi cette permanence d’une pulsion théologico-politique dans le contexte de notre modernité politique européenne ?

Comment comprendre l’apparition d’un usage politique de la tradition juive au sein d’une certaine gauche radicale ? Cet usage est-il paradoxal, idéologiquement surdéterminé, ou procède-t-il d’un intérêt réel pour certaines sources religieuses, susceptibles de ressusciter un messianisme révolutionnaire ? Avishag Zafrani a posé la question aux philosophes Ivan Segré et Gérard Bensussan, tous les deux fins connaisseurs de la tradition juive autant que de celle de la gauche révolutionnaire.

Depuis cet été, Pinchas Goldschmidt n’est plus le grand-rabbin de Moscou, poste qu’il a occupé pendant près de trente ans. Né à Zurich, arrivé en Russie en 1988, à l’époque de Gorbatchev, pour travailler au rétablissement d’une vie juive au moment de la perestroïka, il a décidé de quitter son pays d’adoption après l’invasion de l’Ukraine, alors qu’il subissait des pressions pour soutenir la guerre. K. l’a rencontré à l’occasion de son passage à Paris pour une réunion de l’Institut pour la liberté religieuse et la sécurité en Europe (IFFSE) dont il est un des membres fondateurs, en tant que président de la Conférence des rabbins européens.

Maya Katznelson a fondé, en 2019, le « Centre pour l’héritage culturel bélarusso-juif » (BJCH center), en vue de rassembler et d’exposer le riche patrimoine culturel juif du Bélarus. L’un des objectifs du centre, après avoir déjà abrité divers événements, est de créer un Musée juif du Bélarus, un espace mêlant aussi recherche et éducation. Maya Katznelson a dû quitter son pays suite aux événements qui secouent aujourd’hui sa région. Elle a passé deux mois en résidence au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj) à Paris et réside provisoirement à Londres. À l’occasion de son séjour parisien, elle nous a présenté quelques-unes de ses expositions passées et revient sur les ambitions du centre pour lequel elle se bat.

Depuis le 18 mars dernier et jusqu’au 3 octobre prochain, le musée juif de Francfort présente l’exposition « Vengeance : Histoire et Imaginaire » (« Rache, Geschichte und Fantasie »). Le spectre de cette exposition est large : des récits bibliques aux films de fictions populaires ; de Judith et Holopherne à Quentin Tarantino, le réalisateur d’Inglorious Basterds ; du motif antisémite qui fait des Juifs des êtres vengeurs par essence aux épisodes de l’histoire où des Juifs ont voulu répondre par la vengeance à la violence dont ils étaient les victimes. Elie Petit a rencontré la directrice du musée, Mirjam Wenzel, et le curateur de l’exposition, Eric Riedel, pour les interroger sur les objectifs et les difficultés d’une telle exposition.

‘Anti-Judaism – The Western Tradition’ de David Nirenberg marque un tournant dans le domaine des études juives. Son objet n’est pas tant l’étude des Juifs eux-mêmes, ou même de l’antisémitisme, que celle d’une structure qui, à travers les siècles, utilise le judaïsme comme une sorte de repoussoir. Le monde est vu sous la menace du « judaïsme », c’est-à-dire d’une « manière de penser, d’interpréter le réel fausse, corrompue, et même mortifère ». En ce sens, n’importe qui peut être « juif » et l’antijudaïsme ne nécessite pas la présence réelle de Juifs. Pour Nirenberg, c’est toute la pensée occidentale qui est ainsi structurée. Si les Juifs ne sont pas si nombreux (ni si puissants), l’antijudaïsme, lui, est bien partout : il est au cœur de la tradition occidentale et islamique.

L’intime, chez Daniel Mendelsohn, est sans cesse percuté par les soubresauts d’une histoire violente et tragique. Quel regard, dès lors, porte-t-il sur l’époque inquiétante que nous vivons ? Des années Trump à la guerre en Ukraine, en passant par Israël, c’est le regard politique de l’écrivain que nous avons voulu interroger, pour terminer notre entretien.

Le style d’écriture de Daniel Mendelsohn est fait d’un savant mélange entre les récits personnels et l’évocation d’œuvres littéraires classiques ; entre l’intime et l’intellectuel. D’où vient, chez Daniel Mendelsohn, cet attrait pour la philologie ? En quoi cela a-t-il à voir avec son histoire familiale faite de tragédies et d’exils, avec le fait d’être juif, et d’être homosexuel ? Telles sont les questions que Daniel Mendelsohn a bien voulu explorer avec nous dans ce deuxième épisode de notre entretien.

Les romans de Daniel Mendelsohn sont associés au genre de l’autofiction. Toutefois, la richesse des sous-textes qui les irriguent, issus des traditions grecque et juive, complexifie le dispositif du récit de soi. À la représentation d’une identité multiple, juive, homosexuelle et américaine, attachée à l’Europe et aux cultures antiques, correspond par ailleurs la variété et la fluidité d’un style oral. Dans ce premier épisode, Daniel Mendelsohn revient sur sa manière d’écrire, sur son projet littéraire et sur le genre de son œuvre.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.