Questions Juives

Y’a-t-il dans l’histoire juive, un autre modèle de souveraineté juive que le modèle sioniste nationaliste ? Avec sa lecture personnelle du dernier essai d’Amnon Raz-Krakotzkin, Conscience mishnique, conscience biblique : Safed et la culture sioniste, Noémie Issan-Benchimol nous fait découvrir une autre manière de penser l’existence juive en terre d’Israël : le modèle de Safed, pour lequel il n’est pas d’en dehors de l’exil. 

Dans l’enceinte de Jérusalem, il existe une enclave préservée du temps et des désillusions, où de vieux rêves coloniaux franco-catholiques continuent d’avoir cours. Danny Trom nous guide dans la visite de cet univers parallèle qui, à force d’orientalisme et de fascination pour les ruines, semble s’être rendu complètement aveugle à l’existence d’un État juif.

Le 7 octobre a fait sur le monde juif l’effet d’une déflagration, dont l’onde de choc s’est étendue bien au-delà d’Israël. Un an après, nous donnons à lire les réflexions concomitantes de David Seymour au sujet des conséquences du massacre sur les juifs en diaspora. Et si ce qui avait alors été révélé, c’était la permanence, sous de nouveaux habits, de la « Question juive » ?

En février dernier, Gabriel Abensour se désolait dans nos colonnes d’un désarroi du franco-judaïsme, déplorant sa tiédeur et l’oubli de ses héritages spirituels. Après David Haziza, c’est au tour de Julien Darmon de lui adresser une réponse amicale. Plutôt que de lorgner du côté du modèle allemand du XIXe, ou d’envier la diffusion des penseurs juifs anglo-saxons, ne ferait-on pas mieux d’apprécier et d’encourager la créativité intellectuelle du monde juif français, dans sa spécificité ?

Israël pourrait-il être un État normal ? Sans doute pas, soutient Denis Charbit, mais il pourrait certainement prendre ses responsabilités et sortir de la crise généralisée dans laquelle il s’est enferré. Dans son dernier livre, ‘Israël, l’impossible État normal’ (aux éditions Calmann-Lévy, dans le cadre de la renaissance de la collection ‘Diaspora’, créée par Roger Errera), il interroge en tant que citoyen israélien,  les racines de la situation actuelle. K. en publie quelques bonnes feuilles..

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de six textes, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine, nous vous proposons de (re) découvrir le travail de K. sur les mots du conflit. Avec des textes de Bruno Karsenti, Julia Christ, Danny Trom, Diana Muir, Hussein Aboubakr Mansour et David Lemler.

Que se passe-t-il lorsque, l’insouciance des festivités rituelles prenant fin, le cours impitoyable de l’Histoire reprend ses droits sur les esprits ? Ruben Honigmann nous livre dans ce texte le récit intime de ce week-end du 7-8 octobre où la mesure de l’événement n’est prise qu’une fois les portables rallumés. De ce décalage temporel et existentiel, il fait un élément constitutif du trouble des juifs qui, en attendant l’aurore du 9, sont condamnés à claudiquer.

« Quelque chose ne cessera jamais de m’étonner chez les juifs : leur capacité à s’étonner de l’hostilité à leur égard. À chaque meurtre, attentat, massacre ou pogrom antisémite, on tombe des nues. L’absence d’empathie de notre si affable marchand de fruits et légumes habituel nous offusque, la réaction du secrétaire général de l’ONU nous indigne, les contorsions sémantiques de Jean-Luc Mélenchon, dignes des meilleurs élèves de yeshiva, nous insupportent, la solitude radicale du peuple juif persécuté nous révolte. On se frotte les yeux, à chaque fois comme au premier jour, de voir des fils à Papa de Harvard dénoncer le « génocide en cours à Gaza » ou les Queers for Palestine arracher les affiches des otages israéliens. Mais de quoi exactement s’étonne-t-on ? »

Dans un court texte de juin 1974, Pierre Goldman décrit la nature de sa relation à Israël — attachement fondamental, mais dénué d’illusion. Tiré de sa correspondance avec Wladimir Rabinovitch (Rabi), ces quelques lignes inédites sont rendues publiques pour la première fois grâce à son fils, Manuel Goldman.

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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.