Politique
Comment les juifs américains vivent-ils la situation politique actuelle, où se trouve remis en cause à la fois leur attachement à Israël, les normes démocratiques de leur propre pays et la sécurité dont ils croyaient bénéficier face à l’antisémitisme ? Pour Sébastien Lévi, ils sont pris entre le marteau trumpien et l’enclume antisioniste, et cet écartèlement préfigure les reconfigurations et les luttes politiques à venir.
Après avoir examiné l’indifférence politique, médiatique et judiciaire qui a entouré l’appel au meurtre de Juifs publié dans Humo par Herman Brusselmans, ce second volet de l’enquête de Rafaël Amselem s’attarde sur le rôle ambigu d’Unia, l’institution belge chargée de la lutte contre les discriminations. Entre interprétation légaliste, refus d’agir, et confusion face à l’antisionisme, l’affaire révèle les limites profondes du cadre juridique et politique belge face à l’antisémitisme contemporain.
Après les inquiétants résultats électoraux dans les Länder d’Allemagne de l’Est – qui ont vu triompher des partis autoritaires, xénophobes et antisémites -, Antonia Sternberger s’interroge sur l’ancrage des idées d’extrême droite dans l’ex-RDA et leur influence sur la vie juive. Son enquête fait ressortir une certaine incapacité à tirer les leçons de l’expérience historique – qu’il s’agisse des crimes nazis ou de la dictature soviétique –, laquelle contraint les juifs d’Allemagne de l’Est à devoir évoluer, non sans un certain courage, dans un environnement oscillant entre ignorance et franche hostilité.
Connaissez-vous Herman Brusselmans ? Il est l’auteur de ces lignes, parues en août 2024 dans un magazine belge populaire : « Je vois une image d’un petit garçon palestinien en pleurs et en cris, appelant sa mère ensevelie sous les décombres. Je deviens alors si furieux que j’ai envie d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque Juif que je rencontre. » Moins d’un an plus tard, la procédure engagée par une organisation juive débouche sur un acquittement. Dans une enquête en deux parties, Raphaël Amselem raconte pourquoi — et comment. Voyage en Belgique, là où ces paroles ne choquent (presque) plus.
Le conflit entre Israël et l’Iran des mollahs — qui, à l’heure où nous écrivons, donne tous les signes d’être achevé — a fait ressortir le sens que prend pour Israël l’acte même de la guerre. En ôtant à la République islamique d’Iran les moyens de parvenir à ses fins exterminatrices, Israël redéfinit les conditions concrètes de sa sécurité. Se pose alors, avec d’autant plus d’acuité, la question de la poursuite d’une guerre interminable et meurtrière à Gaza. Mais l’affrontement qui vient de prendre fin interroge également l’inaction de l’Europe face aux menaces criminelles proférées depuis des décennies à l’égard de l’État d’Israël et des Juifs, laquelle n’est que l’autre face de son indifférence au sort du peuple iranien.
Alors que l’opération israélienne de décapitation du régime de Téhéran et de ciblage de son programme nucléaire se poursuit, entraînant une riposte sur l’ensemble du territoire de l’État juif, Bruno Karsenti et Danny Trom s’interrogent sur le sens politique de ce tournant majeur du conflit au Moyen-Orient. Par rapport au dévoiement du sionisme que représente la conduite actuelle de la guerre à Gaza, la guerre contre l’Iran revêt une tout autre signification, pour les Israéliens comme pour l’ensemble du monde juif.
Les deux lettres que nous publions sont extraites de ‘Parler sans détours. Lettres sur Israël et la Palestine’ (Cerf, 2025), correspondance entre Anoush Ganjipour et Jean-Claude Milner engagée au lendemain du 7 octobre et sur fond de guerre à Gaza. Dans cet échange, les deux intellectuels confrontent leurs diagnostics sur la nature et l’histoire de la haine antijuive en Orient : passion occidentale importée par la modernité conquérante pour l’un, judéophobie inscrite dans les affects collectifs et revitalisée aujourd’hui par l’antisionisme pour l’autre. Au cœur du désaccord, une divergence fondamentale s’exprime à travers deux regards portés sur un même phénomène, mais ancrés dans deux expériences politiques distinctes.
L’antisémitisme, celui qui traîne dans l’atmosphère contemporaine jusqu’à la rendre irrespirable, est d’abord une affaire de signes que l’on apprend à repérer. Signes à déchiffrer, donc, mais qui, pour ceux qui ont de la mémoire, apparaissent nimbés du funeste halo de l’évidence. Le témoignage que Boris Schumatsky nous livre dans ce texte vient nous rappeler que ce monde saturé de signes inquiétants peut nous faire suffoquer : il nous interroge alors sur le sens du combat qu’il est possible d’y mener.
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