Histoire

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de six textes, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine, nous…

En Géorgie, on parle de la communauté juive locale au passé. Et pourtant, jamais cette dernière n’a connu l’antisémitisme. Clément Girardot et Yoann Morvan nous font ici découvrir l’histoire de cette surprenante exception géorgienne, nation dont le philosémitisme ne suffit pas à assurer la pérennité de la présence juive.

« Pogrom » est le terme par lequel le souvenir de la persécution en Europe de l’est a trouvé à s’inscrire dans la mémoire juive. Mais quand apparaît-il, et avec quel usage ? Pour ce texte, Elena Guritanu s’est plongée dans les dictionnaires des deux derniers siècles, afin de retracer l’histoire de ce terme qui, parce qu’il désigne une horreur indéniable, a lui-même été l’objet d’omissions et de dénégations.

Méssaouda, c’est une arrière-grand-mère juive arabe qui vient de mourir. De son histoire, de son humour et, surtout, de sa langue, Yossef Murciano, son arrière-petit-fils, garde avant tout le souvenir d’une incompréhension. Dans ce texte, le descendant lointain évoque, à l’heure des adieux, son rapport d’étrange familiarité avec la culture juive marocaine, dans laquelle il a baigné toute sa vie, sans pourtant jamais véritablement la connaître.

Dans Contes des frontières : faire et défaire le passé en Ukraine (Plein jour, 2024) , le dernier livre d’Omer Bartov, il est question d’un « bout du monde » presque oublié – celui d’une Galicie où cohabitaient Juifs, Polonais et Ukrainiens – dont l’historien cherche à narrer la mémoire à partir de ses contes et légendes. Boris Czerny en fait un compte rendu critique, notant qu’à la nostalgie pour ce pays édénique perdu répond, dans le récit intime qu’en fait Bartov aujourd’hui, une défiance pour la manière dont les Juifs ont investi un autre « bout du monde », qui les aurait transformés en « brutes épaisses ».

En février, nous publiions un texte de Gabriel Abensour déplorant la tiédeur du franco-judaïsme et son désarroi dû à l’oubli de ses héritages spirituels, notamment sépharades. David Haziza lui répond ici, sous la forme d’une « critique modérée et amicale ». S’il s’accorde avec le constat fait par Abensour d’une perte des forces vives du judaïsme, il ne l’explique pas par un dédain colonial pour la sépharadité, mais plutôt par une tentative de rendre le judaïsme moderne et présentable.

Sur quelles ressources idéologiques s’appuient les partisans de la solution binationale, alors même que la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens semble plus que jamais compromise ? Denis Charbit nous livre ici son compte rendu critique du dernier ouvrage de Shlomo Sand, Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme (Seuil). Soulignant comment l’ouvrage resitue une idée binationale née dans la pensée sioniste, il nous prévient cependant contre la supercherie qui consiste à faire jouer une perspective critique interne au sionisme contre le projet lui-même.

Comment penser le clivage entre ceux qui, en Israël, font passer la destruction du Hamas avant toute considération sur le sort des otages et ceux qui, au contraire, sont prêts à négocier leur rachat à n’importe quel prix ? Noémie Issan-Benchimol analyse dans ce texte les coordonnées du débat en termes d’ethos culturel et religieux. Alors que la tradition juive conçoit le rachat des otages comme une obligation communautaire, une partie significative du sionisme religieux est en train de renouer avec un ethos romain de l’honneur citoyen, qui méprise la faiblesse et territorialise la fraternité. La fraternité, propre à la diaspora, peut-elle continuer à informer la politique d’un État ?

Comment expliquer la convergence, apparemment si spontanée sur les campus américains, entre antiracisme et antisionisme ? Suivant le processus de radicalisation du mouvement des droits civiques, Christian Voller retrace dans ce texte la genèse du lien entre Black Lives Matter et Free Palestine. L’histoire qu’il nous fait suivre passe par Brooklyn, où la rencontre entre Afro-Américains et juifs traditionalistes prit parfois la forme d’une guerre de gangs.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.