En Pologne, depuis plusieurs années déjà, on assiste à des tentatives d’instrumentalisation de l’histoire de la Shoah au profit d’un récit glorificateur porté par le nationalisme polonais et relayé jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Cette pulsion de réécriture, que nous avons évoquée plusieurs fois dans K., s’exprime notamment par un militantisme qui s’acharne sur les contenus en ligne abordant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur Wikipédia. Jan Grabowski et Shira Klein, dans une étude parue cette année – « La déformation intentionnelle de l’histoire de la Shoah par Wikipédia » (The Journal of Holocaust Research) – analysent les pratiques de certains Wikipédiens (ces bénévoles contribuant à la rédaction de l’encyclopédie ouverte) qui minimisent, omettent, voire nient des faits historiques. Parmi ces derniers, en premier lieu, les faits qui mettent en cause l’image d’une Pologne victime et héroïque, peuplée de Justes ayant sauvé les Juifs pendant la guerre. Ewa Tartakowsky s’est entretenue avec les deux historiens.
Pour signaler la sortie, à la fin de l’été, du nouveau roman de Robert Menasse – L’Élargissement, l’un des romans les plus remarquables de cette rentrée littéraire – nous publions une nouvelle, inédite en français de cet auteur, un des écrivains contemporains de langue allemande les plus importants. Né le 21 juin 1954 à Vienne, où ses parents, chassés d’Autriche par le nazisme, sont revenus après la guerre, Robert Menasse appartient à la deuxième génération après la Shoah. Son prénom en porte les traces (le choix de son père se porta à dessein sur Robert, ces deux syllabes prononçables en toute langue : « au cas où »), tout comme son œuvre, avec des romans comme La pitoyable histoire de Leo Singer ou Chassés de l’enfer. En 2010, Robert Menasse s’intéresse à Bruxelles, « laboratoire de l’Europe », selon son expression, qui sert de toile de fond à ses deux derniers romans…
>>> Suite de l’édito
Les historiens Shira Klein et Jan Grabowski ont rédigé une importante étude sur les distorsions de l'histoire de la Shoah – en particulier en Pologne – contenues dans un grand nombre de pages Wikipédia. Ils y analysent les pratiques de certains Wikipédiens, ces bénévoles contribuant à la rédaction de l’encyclopédie ouverte, qui visent à minimiser, omettre, voire nier certains faits historiques ; notamment ceux qui touchent à l'image d’une Pologne victime et héroïque, peuplée de Justes ayant sauvé les Juifs pendant la guerre.
« Il avait alors un peu moins de cinq ans, mais comme il venait de passer six mois caché dans la singerie du zoo d’Amsterdam, cela ne l’avait ni surpris, ni même effrayé : 'Le singe est venu nous apporter le repas, ça, c’était on ne peut plus normal.' Ce qui n’était pas habituel, au point de nous mettre dans tous nos états... Ça, il le dit juste à ce moment-là : 'Ce qui n’était pas habituel, au point de nous mettre dans tous nos états, c’est que le chimpanzé Kocheeba nous avait aussi apporté un livre. Il a posé la gamelle devant nous et s’est mis à bafouiller.' »
La série The Club, diffusée sur Netflix, ébranle les récits officiels de la Turquie pour présenter une image plus complexe et réaliste de l'Istanbul juive des années cinquante. Alors que le tournage de la saison trois vient de se terminer, le journaliste turc Nesi Altaras revient sur les effets, pour les juifs stambouliotes, de ce programme inattendu, interprété dans une langue - le ladino - qu’il n’aurait jamais cru entendre dans une série destinée au grand public.
Une lettre ouverte, titrée « The Elephant in the Room », a été lancée au milieu du mois d’août pour « [attirer] l’attention sur le lien direct entre la récente attaque israélienne contre le système judiciaire et son occupation illégale de millions de Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés. » À ce jour signée par un peu plus de 2.300 personnes – pour la plupart d’entre elles des universitaires (dont d’éminentes figures de la recherche en histoire juive) et personnalités israéliennes ou de la diaspora américaine – elle a pour double caractéristique de qualifier Israël de « régime d’apartheid » et de réunir des signataires qui, en général, ne se rejoignent pas sur cette qualification. K. s’interroge sur le sens de ce mouvement d’ampleur.
Près de 2500 personnalités publiques, pour la plupart israéliennes et américaines, ont signé une lettre ouverte, The Elephant in the room, appelant à s’élever contre le « but ultime » de la réforme judiciaire portée par le gouvernement israélien actuel : le maintien du « régime d’apartheid ». Cette dernière qualification est contestable – et contestée même par certains des signataires de la pétition. Pourquoi néanmoins l’avoir signée ? Réponse de Joel Whitebook.
Près de 2500 personnalités publiques, pour la plupart israéliennes et américaines, ont signé une lettre ouverte, The Elephant in the room, appelant à s’élever contre le « but ultime » de la réforme judiciaire portée par le gouvernement israélien actuel : le maintien du « régime d’apartheid ». Cette dernière qualification est contestable – et contestée même par certains des signataires de la pétition. Pourquoi néanmoins l’avoir signée ?
Réponse d’Abe Silberstein.
Près de 2500 personnalités publiques, pour la plupart israéliennes et américaines, ont signé une lettre ouverte, The Elephant in the room, appelant à s’élever contre le « but ultime » de la réforme judiciaire portée par le gouvernement israélien actuel : le maintien du « régime d’apartheid ». Cette dernière qualification est contestable – et contestée même par certains des signataires de la pétition. Pourquoi néanmoins l’avoir signée ?
Réponse de Sarah et Guy Stroumsa.
Près de 2500 personnalités publiques, pour la plupart israéliennes et américaines, ont signé une lettre ouverte, The Elephant in the room, appelant à s’élever contre le « but ultime » de la réforme judiciaire portée par le gouvernement israélien actuel : le maintien du « régime d’apartheid ». Cette dernière qualification est contestable – et contestée même par certains des signataires de la pétition. Pourquoi néanmoins l’avoir signée ?
Réponse de Dan Diner.
90 ans après l’accession d’Hitler au pouvoir, la philosophe Julia Christ dresse un état des lieux de la mémoire allemande. À côté de l’indéniable travail de réparation et de repentance accompli outre-Rhin, elle pointe les impensés, les failles et les impasses mnésiques qui déforment le regard porté sur le passé nazi ainsi que l’érosion progressive du sentiment de culpabilité qui en découle. Entretien réalisé, en partenariat avec Akadem, par Rafaël Amselem.
Qu’est-ce que la droite de Giorgia Meloni entend exactement par Patrie et Nation ? De quelle Italie rêve-t-elle quand elle martèle aujourd’hui ces deux notions ? Simone Disegni se pose la question en revenant sur deux histoires d’enfants juifs italiens : celle d’Edgardo Mortara, arraché à sa famille par le Vatican en 1858, et celle de Franco Cesana, partisan mort au combat en 1944 à l’âge de 13 ans.
Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de quelques thématiques phares. Cette dernière semaine avant la rentrée de septembre : « Vers le Maghreb »… Avec des textes de Cléo Cohen, Joseph Benamour et Anshel Pfeffer.
« Devant le comité central du PCUS, Souslov présente un rapport sur les menées sionistes, affirmant que le gouvernement de Vienne n’a pas renoncé à établir un Judenreich dans l’empire des Habsbourg. Il en veut pour preuve la guerre des Six Jours qu’il soupçonne de préparer la reprise de la Slovénie, de la Bohème, de la Slovaquie et de la Hongrie. Les événements de Varsovie et de Prague ont été provoqués par des éléments sionistes aux ordres de Vienne ».

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