Après le succès de la soirée K. sur scène jeudi dernier au théâtre de la Concorde, la rédaction de la revue tenait à remercier ses lecteurs venus y assister, ainsi que tous ceux et celles qui contribuent à sa campagne de soutien.
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En Pologne, une mauvaise conscience qui ne passe pas et un antisémitisme jamais combattu empêchent la reconnaissance des réalités polonaises de la Shoah. Ce déni de responsabilité, et les affabulations qui l’accompagnent, sont entretenus au niveau étatique et dans les institutions en charge de la politique mémorielle. Nous publions cette semaine « Négationnisme à la polonaise » d’Elżbieta Janicka, spécialiste de l’antisémitisme et de la Shoah, introduit par Jean-Charles Szurek. On y découvre le cas exemplaire du site de Treblinka qui, 80 ans après, continue de faire son beurre sur le dos des juifs. Entre la dissimulation du sinistre commerce qui avait lieu à la gare, l’invention d’un faux Juste, la catholicisation des victimes ou encore l’attribution aux Allemands de massacres de juifs commis par des Polonais, c’est toute une série d’effets spéciaux narratifs qui permettent de transformer une histoire honteuse en motif de fierté nationale.
Éprouver de la honte suppose d’être exposé aux regards : c’est ce qu’a bien compris le négationnisme polonais, qui cherche à s’épargner ce douloureux ressenti en cachant ses horreurs sous le tapis. Mais doit-on pour autant croire qu’il suffirait de pointer autrui du doigt avec un air accusateur pour susciter sa honte ? C’est bien la stratégie qu’emploient aujourd’hui ceux qui clament « Sionistes, vous devriez avoir honte ! ». Mais y a-t-il vraiment motif à rougir, quand on sait ce que sionisme veut dire ? …
La responsabilité des Polonais dans l’extermination des juifs est, pour l’État polonais, l’objet d’une dénégation systématique. Dans cet article, Elżbieta Janicka, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, dénonce la manière dont, à Treblinka, cette politique mémorielle mensongère multiplie les affabulations historiques.
Pour la morale antisioniste, tout soutien à l’État israélien devrait être honteux. Mais cette proposition, et les opérations de « shaming » qui l’accompagnent, sont-elles compatibles avec le bon fonctionnement de l’université ? Ariel Colonomos réfléchit dans ce texte aux dangers de ces tentatives politiques de « moraliser » par la honte.
La célèbre philosophe Judith Butler, invitée par un collectif d’associations décoloniales et antisionistes, a déclaré – une fois de plus – au cours d’une table ronde à Pantin dimanche 3 mars que l’attaque du 7 octobre était « un acte de résistance » et non pas « terroriste », et qu’il ne fallait pas le qualifier d’ « antisémite » . Ce jour-là, elle a par ailleurs mis en doute la réalité des agressions sexuelles commise par le Hamas . En se centrant sur le cas Judith Butler, Eva Illouz critique les positions d’une certaine gauche qui, d’après elle, sape les idéaux égalitaires et universalistes de la gauche et ouvre la voie à la haine des Juifs.
Comment les universitaires israéliens réagissent-ils à l’appel au boycott de leurs universités, et à l’idée qu’elles soutiendraient la politique menée par l’État hébreu ? Quelles relations entretiennent-ils avec le gouvernement Netanyahu, et comment la guerre a-t-elle affecté leur liberté académique ? Pour éclaircir ces questions, K. est allé les interroger directement. Nous publions les réponses des professeurs Itaï Ater et Alon Korngreen, membres du groupe « Universitaires pour la démocratie israélienne », ainsi que celles du professeur Eyal Benvenisti, membre du « Forum des professeurs de droit israéliens pour la démocratie ».
Y’a-t-il dans l’histoire juive, un autre modèle de souveraineté juive que le modèle sioniste nationaliste ? Avec sa lecture personnelle du dernier essai d’Amnon Raz-Krakotzkin, Conscience mishnique, conscience biblique : Safed et la culture sioniste, Noémie Issan-Benchimol nous fait découvrir une autre manière de penser l’existence juive en terre d’Israël : le modèle de Safed, pour lequel il n’est pas d’en dehors de l’exil.
Daniel Szeftel poursuit son enquête sur les origines des accusations de génocide contre l’Etat juif. Ce discours s’ancre dans le nationalisme arabe des années trente décrit dans la première partie de ce texte, nationalisme fortement influencé par les extrême-droites européennes et américaines. Compromis dans la collaboration avec le nazisme, les nationalistes arabes reformuleront leurs discours après guerre pour déligitimer Israël auprès de l’opinion internationale. Bien que toujours antisémite et suprématiste, leur idéologie procède dès lors d’un retournement, opéré sous le nom de settler colonialism : l’occultation chez soi et la projection sur Israël d’une volonté éliminationniste.
L’antisionisme contemporain serait-il une nouvelle version du « socialisme des imbéciles » ? Comment en faire la critique dans une perspective de gauche, sans céder aux sirènes de la réaction ? Dans cet entretien, Mitchell Cohen, l’ancien rédacteur en chef du magazine Dissent, nous livre quelques pistes pour sortir des apories contemporaines. Après la victoire du Trump, nous lui avons par ailleurs demandé de répondre à quelques questions pouvant éclairer le lecteur européen sur la situation politique américaine.
Quelles sont les implications des mandats d’arrêts émis par la CPI contre Netanyahou et Gallant ? Faut-il y voir un jugement politique ? Pour clarifier les enjeux juridiques de cette décision, à l’écart des controverses, K. est allé interroger le juriste Yann Jurovics – que nous avions déjà interrogé à propos de la procédure engagée par l’Afrique du sud devant la Cour internationale de Justice ainsi qu’à propos de la demande d’émission de mandats d’arrêt devant la CPI en mai dernier.
Quelles sont les origines du discours qui fait d’Israël une entité intrinsèquement génocidaire, arcboutée sur la destruction du peuple indigène palestinien ? Dans cette première partie de son enquête historique, Daniel Szeftel étudie le renouveau du nationalisme arabe dans les années 20 à 40, mettant en évidence l’influence du fascisme mais aussi de l’antisémitisme européen et américain sur sa structuration.
Dans un avion, deux juifs discutent. À travers ce court récit, inédit en français, Barbara Honigmann interroge avec humour ce que les juifs ont en commun, et ce qui les distingue radicalement.
Que sont TSEDEK ! et l’UJFP, et quel discours tiennent ces organisations au sujet des juifs et de la lutte contre l’antisémitisme ? Nous publions le chapitre consacré à cette question du Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme de Jonas Pardo et Samuel Delor, paru aux éditions du commun le mois dernier. Y est critiquée la posture d’exceptionnalité adoptée par certains juifs antisionistes, et la manière dont elle permet à une partie de la gauche d’éviter toute remise en question.
K. sur scène au Nouveau Théâtre de la Concorde (1 Av. Gabriel, 75008, Paris), a été préparé pendant des mois par toute la rédaction.
La revue s’incarnera en direct, avec des chroniques, des reportages, des vidéos, des extraits de films et des invités spéciaux, le tout rythmé par la musique du groupe Horse Raddish.
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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.
La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.