Mémoire de la Shoah

En juillet 2013, les architectes Piotr Michalewicz et Marcin Urbanek ont remporté, avec l’artiste-historien Łukasz Mieszkowski, le premier prix du concours international pour le développement d’un nouveau concept de mémorial sur le site de l’ancien centre d’extermination de Sobibór. Le mémorial et le musée, qui seront placés sous la supervision du musée d’État de Majdanek, devraient être achevés à l’automne 2022. Łukasz Mieszkowski, dans un article inédit pour K., nous fait découvrir les coulisses de ce projet auquel il a participé et les critiques légitimes auxquelles il a dû répondre en voulant substituer à une « architecture de l’effroi » une architecture mélancolique de la perte sèche.

En 2015, le Premier ministre britannique d’alors, David Cameron, a annoncé la construction d’un nouveau mémorial de la Shoah et d’un centre d’apprentissage de classe mondial. Depuis, le projet accumule les retards et suscite différentes polémiques. Le journaliste Liam Hoare a enquêté pour K. sur ce projet et, plus largement, sur les enjeux de la politique de mémoire de la Shoah en Grande-Bretagne. 

Paru il y a un an, Le Monstre de la mémoire (Actes Sud) est le quatrième livre de Yishaï Sarid, après deux romans policier et un roman d’anticipation dystopique. Dans ce dernier, Le troisième temple, il imaginait Tel-Aviv et Haïfa détruites, le projet de reconstruction du temple de Jérusalem et Israël devenir un royaume théocratique. Le Monstre de la mémoire est un récit tout aussi provocateur et dérangeant qui questionne la relation des Israéliens à la mémoire de la Shoah et à l’Europe.

La date de publication de cet article marque le quatre-vingtième anniversaire du massacre de Babi Yar commis les 29 et 30 septembre 1941 par les nazis. Près de 34 000 Juifs de Kiev ont été exécutés dans un ravin situé à l’ouest de la capitale ukrainienne. La question de la mémorialisation du lieu, posée dès la fin de la guerre, n’a toujours pas trouvé à ce jour de réponse claire. Lisa Vapné nous donne un aperçu de la longue histoire conflictuelle, foisonnante de péripéties, d’une mémoire qu’il reste encore à édifier sur le lieu même du crime.

La communauté juive d’Islande est à la fois jeune et très petite. Et pourtant, l’île située aux confins de l’Europe a une histoire riche en matière d’antisémitisme. Pour en savoir davantage sur cet apparent paradoxe, K. publie ici un texte troublant du chercheur Vilhjálmur Örn Vilhjálmsson. Il y raconte l’Islande, ses élites aux ascendances douteuses, ses relents antisémites… et ses quelques juifs.

Alors que l’antisémitisme sévit dans le monde entier, la mémoire de la Shoah est de plus en plus critiquée au nom d’idées postcoloniales. La dernière attaque en date est signée par l’historien australien Dirk Moses. Le grand historien de la Shoah Saul Friedländer, dans un article originairement paru dans Die Zeit, contre-attaque : l’extermination des Juifs est un événement qui diffère fondamentalement des atrocités coloniales commises par l’Occident.

La semaine dernière, Ewa Tartakowsky nous racontait les conditions dans lesquelles se déroule aujourd’hui, à l’époque du PiS, une visite scolaire comme celle du « Musée des Polonais sauvant les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale – Famille Ulma » à Markowa. Suite et fin de cette plongée au cœur de ce qui apparait comme un récit ethno-religieux biaisé de l’histoire des relations entre Polonais non juifs et Juifs de Pologne.

Un groupe d’élèves inscrits à une formation autour des Justes polonais se rend à Markowa, dans les Basses-Carpates, afin de visiter le « Musée des Polonais sauvant les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale – Famille Ulma ». Ewa Tartakowsky a accompagné cette visite. Elle nous explique comment le discours qui l’accompagne résonne avec les politiques historiques promues par le gouvernement du PiS.

Le monument dédié à la mémoire des victimes de la Shoah prévu pour être installé à Zagreb dans les mois qui viennent est terminé, mais encore conservé dans trois usines différentes. Il faut dire que la controverse, qui témoigne d’une mémoire croate ambiguë à l’égard du passé oustachi et de ses crimes pendant la guerre, est toujours en cours. Que faut-il inscrire sur le monument ? De quel message doit-il être le porteur ?

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.