Shoah

Yudit Kiss est née à Budapest en 1956, l’année même où les chars soviétiques entraient dans la ville. Après une enfance et une jeunesse en Hongrie, elle passe de l’autre côté du rideau de fer. Son père, lui, rescapé de la Shoah et communiste convaincu, y demeurera toute sa vie. Coincé entre les craintes nées des persécutions antisémites, et les espoirs suscités par l’avènement de l’homme nouveau, il apparait dans le portrait qu’en fait sa fille comme à la fois incapable d’être juif et incapable de ne pas l’être.

En 1943 a paru un Baedeker sur le Gouvernement général de Pologne. Le fameux guide touristique proposait aux Allemands de visiter l’avant-poste polonais de l’espace vital à l’Est — aussi désigné par les nazis comme « Wilder Osten », soit l’Est sauvage. Carol Fily s’est plongée pour K. dans l’ouvrage conçu alors sous le patronage de Hans Frank, le Gouverneur général de Pologne pendant la guerre.

Qu’est-ce qu’un écrivain juif ? Et comment se distingue-t-on comme tel ? C’est à ces question que Henri Raczymow tente de répondre pour lui-même : il revient à la fois sur ses lectures essentielles et sur quelques-uns de ses livres, pour s’expliquer comment – après la Shoah et, comme il l’écrit, ayant « perdu ses sources » – il a fait un retour dans sa propre histoire juive.

Lola Lafon publie ‘Quand tu écouteras cette chanson’, pour la collection Ma nuit au musée des éditions Stock. Si les auteurs choisissent en général des musées d’art, l’écrivaine décide de se rendre à la maison Anne Frank. Ce choix singulier s’inscrit dans le prolongement des thèmes de Lola Lafon, de l’écoute de la parole des jeunes filles, mais il ouvre un chapitre nouveau dans son œuvre : celui de la judéité et de la Shoah, dont on apprend comment il a été occulté dans les relectures du Journal d’Anne Frank, et comment la nécessité d’y revenir a permis à l’écrivaine de dévoiler son histoire juive, longtemps tue. Rencontre et podcast avec Lola Lafon.

« Vengez-nous ». A la supplique qui sourdait des Juifs assassinés et figurait partout après-guerre – sur les murs des synagogues en ruine ou sur des petits morceaux de papier laissés par ceux qui en firent leur dernière volonté avant de périr – Abba Kovner, poète et combattant voulut répondre. Il chercha à prolonger la lutte partisane contre l’État nazi par une action de vengeance de grande ampleur. Il fomenta des plans qui échouèrent ou ne furent pas mis à exécution. Le legs d’Abba Kovner est celui d’une impasse, selon Danny Trom : l’impasse d’une vengeance pensée comme nécessaire et irréalisable.

Il y exactement soixante dix ans, en septembre 1952, fut signé l’Accord du Luxembourg. Le gouvernement de la RFA accédait aux demandes du jeune État israélien et s’engageait à verser une indemnisation conséquente. Traditionnellement considéré comme une modalité de réparation après la Shoah, l’accord de Luxembourg est en réalité une transaction bien plus subtile qui ne fut pas considérée comme une réparation, ni comme une réconciliation. L’historien Constantin Goschler revient sur les tenants et les aboutissants de cet accord et sur le contexte géopolitique allemand et mondial qui l’éclaire.

Durant les derniers jours de fonctionnement du camp d’Auschwitz, Abraham Levite et un groupe de déportés Juifs ont conçu le ‘Recueil Auschwitz’. Ne nous est parvenue que l’introduction de ce projet d’une anthologie visant à regrouper un ensemble de textes clandestins rédigés, envers et contre tout et tous, par des déportés juifs dans le camp. K. publie des extraits de ce témoignage inouï, traduit du yiddish par Rachel Ertel ainsi qu’un essai de David Suchoff. Ce dernier a rassemblé des informations biographiques sur Levite, reconstitué le parcours du manuscrit et en a analysé le projet.

Il y a cinquante-cinq ans, en 1966, Jean Améry faisait paraître ‘Par-delà le crime et le châtiment. Essai pour surmonter l’insurmontable’. Dans la préface à la première édition de son livre capital, il évoquait « l’obscur envoûtement qui [l’avait paralysé] » jusqu’au moment où « tout voulait soudain être dit ». Ce « tout » qui voulait être dit, il désigne d’abord une impuissance : celle de la culture et de l’esprit devant Auschwitz.

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