Culture

L’année 2022 marque les cent ans de la mort de Marcel Proust. Pour l’occasion, le « côté juif » de l’auteur de La Recherche fait l’objet d’une attention inédite. Le mahJ lui consacre depuis quelques semaines une excellente exposition « Marcel Proust. Du côté de la mère », dont le conseiller scientifique est le professeur au Collège de France Antoine Compagnon, qui vient de faire paraître Marcel Proust du côté juif (Gallimard). Le livre enquête sur les réceptions de l’œuvre qui se sont intéressées à son aspect « juif ». L’hypothétique judaïsme de Proust a fait couler beaucoup d’encre. Pour K., Milo Lévy-Bruhl propose de faire un pas de côté pour saisir le rôle pivot du grand romancier à l’intérieur d’un judaïsme moderne traversé à la fois par des dynamiques d’émancipation et de retour.

K. Publie cette semaine un entretien d’Antoine Nastasi avec Aharon Appelfeld, réalisé en 2010 et paru d’abord dans la revue ‘Esquisse(s)’. Nous avons demandé à Valérie Zenatti – sa traductrice en français et l’auteur de ‘Dans le faisceau des vivants’ (2019, Editions de l’Olivier), le beau livre dans lequel elle évoque ses relations de travail et d’amitié avec lui – de le lire et de l’introduire. Elle nous a donné ce texte sur les langues d’Appelfeld, autrement dit sur la tension qui traverse le grand écrivain entre l’allemand, sa langue maternelle mais aussi celle des bourreaux, et l’hébreu, sa langue adoptive dans laquelle il a construit une œuvre que sa mère n’aurait pas pu lire…

Romancier et poète israélien, né le 16 février 1932 à Jadova (près de Czernowitz, alors en Roumanie, aujourd’hui en Ukraine) et mort le 4 janvier 2018 à Petah Tikva en Israël, Aharon Appelfeld n’a eu de cesse de « traduire » son expérience d’enfant ayant survécu à la destruction des Juifs d’Europe. Nous sommes heureux de publier dans K. l’entretien réalisé par le psychanalyste Antoine Nastasi en août 2010 dans la revue ‘Esquisse(s)’ dont il était le rédacteur en chef. L’auteur de ‘Histoire d’une vie’ y parle de l’écriture et des mots, de l’hébreu « qui a modelé le caractère du peuple juif » et témoigne du mouvement des langues dans lequel l’histoire l’a ballotté, de l’allemand à l’hébreu, en passant par le yiddish.

Primo Levi est mort le 11 avril 1987 à Turin. Pour l’anniversaire de sa disparition, Giorgio Berruto revient sur les péripéties de sa réception et de sa reconnaissance en Italie; c’est-à-dire sur la manière avec laquelle le témoin a tardé avant d’être reconnu comme l’immense écrivain qu’il est, aujourd’hui unanimement célébré.

Comment le récit de Meursault dans L’Étranger – avec en particulier la fameuse scène de son meurtre final – circule-t-il chez divers écrivains ? D’Albert Camus à Kamel Daoud, en passant par A.B. Yehoshua et Edward Saïd, Beryl Caizzi a repéré un jeu de reprises et de variations témoignant d’un motif secret sur lequel les relations inextricables entre Français, Arabes et Juifs sont projetées et interprétées de toutes les manières possibles.

Paru il y a un an, Le Monstre de la mémoire (Actes Sud) est le quatrième livre de Yishaï Sarid, après deux romans policier et un roman d’anticipation dystopique. Dans ce dernier, Le troisième temple, il imaginait Tel-Aviv et Haïfa détruites, le projet de reconstruction du temple de Jérusalem et Israël devenir un royaume théocratique. Le Monstre de la mémoire est un récit tout aussi provocateur et dérangeant qui questionne la relation des Israéliens à la mémoire de la Shoah et à l’Europe.

Comment photographier l’identité juive ? Celle qui a disparu, celle qui se dérobe et celle qui se revendique ? Ces questions sont au cœur de l’exposition de l’œuvre du grand photographe Patrick Zachmann, au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme jusqu’au 6 mars prochain. L’occasion de voyager entre les récits silencieux des images en quête de généalogies invisibles. L’occasion, aussi, de s’interroger sur une esthétique de la mémoire.

La plupart des personnages du film les Rois de l’arnaque – diffusé par Netflix, où ce documentaire a rencontré un grand succès et suscité la fascination – partagent un point commun : ils sont Juifs. En revenant sur la trajectoire de ses différents protagonistes, David Haziza s’interroge sur la criminalité juive et les chemins sinueux de l’ascension sociale.

Ulysse a aujourd’hui cent ans. Le roman de James Joyce est paru dans son intégralité le 2 février 1922. Leopold Bloom en est l’un des deux personnages principaux du livre. Les férus du roman culte de Joyce n’ont jamais cessé de gloser sur l’identité et la personnalité de ce fils d’un émigré hongrois, converti au catholicisme et baptisé trois fois. Juif ou pas juif, Léopold Bloom ? Ou quel type de Juif, plutôt ? Mitchell Abidor enquête sur la biographie et les croyances d’un des héros d’Ulysse.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.