Culture - Yiddish

Nous avons, en mars 2022, publié des bonnes feuilles de la nouvelle traduction en français de ‘Motl, fil du chantre’ de Sholem-Aleikhem. La suite – ‘Motl en Amérique’ – est désormais disponible, grâce aux traductrices Nadia Déhan-Rotschild et Evelyne Grumberg et aux éditions de l’Antilope. Le grand conteur yiddish y raconte l’arrivé du paquebot le Prince Albert à New York, l’appréhension et l’espoir des émigrants, le passage par Ellis Island de Motl et sa famille, les premiers pas dans les ‘strites’ de New York et leur nouvel exil… 

Pour la première fois, grâce aux éditions de l’Antilope, un poème épique écrit en yiddish ancien a été traduit en français — par Arnaud Bikard. Nous avions prévu d’en publier les bonnes feuilles la semaine du 7 octobre… Même si le livre est sorti il y a maintenant plus de deux mois, nous sommes heureux de pouvoir présenter à nos lecteurs cette œuvre étonnante et singulière, écrite au XVIe siècle à Venise par un juif venu de Nuremberg, Elia Levita (1469-1549), né Elye Bokher – qui a transformé un roman courtois en un texte imprégné d’une connaissance profonde des pratiques et des croyances juives.

Tal Hever-Chybowski, le directeur de la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem à Paris, le plus grand centre yiddish d’Europe, a l’hébreu pour langue maternelle. Mais il refuse de circonscrire cette langue aux frontières de l’État d’Israël ; à son oreille, l’hébreu est une langue du monde juif tout entier. Ce sont l’histoire et les possibilités diasporiques de l’hébreu qu’il explore dans la revue Mikan Ve’eylakh (« A partir de maintenant / A partir d’ici ») dont deux numéros sont parus, dans lesquels on retrouve des articles et récits d’intellectuels hébraïsants d’hier et d’aujourd’hui. Rencontre.

Daniella Pinkstein fait se rencontrer et résonner les grandes figures juives de l’écriture et de la représentation qui se croisaient autrefois à Varsovie et à Paris — notamment autour des deux numéros de la revue ‘Khaliastra’. Entre des évocations et des extraits d’oeuvre de Kafka, de Chagall, de Markish et de Greenberg, elle y rend hommage à ce ‘davar’ qui les tenait ensemble, soit « cette chose disloquée qui rejoint, ondulante et impatiente, le mot. » Dans cette période d’entre-deux où des artistes juifs sont à la pointe de la modernité, elle y décrit une condition où « la responsabilité ne s’acquiert pas, ne s’apprend pas, elle se transmet, dans cette langue habitée, qui place l’individu face à son double. »

Mendy Cahan est acteur, chanteur, et sauveteur de livres en yiddish… Il en a stocké 90 000 dans un local improbable situé dans la gare routière de Tel-Aviv. Dans ce petit morceau d’Europe de l’est niché au coeur de l’Etat d’Israël, Mendy fait vibrer la langue et la culture yiddish, marginalisées mais survivantes. Visite du Yung Yiddish et portrait de son créateur.

Dans sa première chronique pour K., Macha Fogel donnait de nouvelles de la florissante presse yiddish hassidique d’aujourd’hui. À l’occasion de cette deuxième adresse, elle réfléchit à ce que le yiddish offre à ceux qui l’utilisent. Est-il une langue de l’entre-soi ou de l’échange, ou bien les deux à la fois ?

Les séries ‘Unorthodox’ et ‘Shtisel’ sont des succès mondiaux qui ont fait entrer les haredim dans les foyers. Pour K., Noémie Issan-Benchimol évoque ‘Autonomies’ série dystopique qui imagine Israël scindé en deux : d’un côté, le territoire autonome de Jérusalem dirigé par un groupe religieux ultra-orthodoxe ; de l’autre, un État laïc avec Tel Aviv pour capitale ; d’un côté le pays sioniste et de l’autre le pays théologique.

Le yiddish, c’est bien connu, est une langue sans pays. C’est ainsi qu’on parle d’elle en tout cas ; et puis comme d’une langue assassinée, disparue, agonisante. « Mais moi, je connais un pays yiddish et d’une certaine manière, j’en suis l’une des citoyennes » nous dit Macha Fogel, qui donnera régulièrement de ses nouvelles dans K. Premier tour d’horizon aujourd’hui de ce monde multiple et dispersé : les hassidim américains – qui sont aussi encore des Européens – et leur presse.

On peut voir la silhouette bouleversante d’Avrom Sutzkever dans le film qui, en 1945, enregistre son témoignage au procès de Nuremberg. Il est l’un des rares Juifs qui y témoignera. À la barre, il est présenté comme un rescapé du ghetto de Vilnius, mais il est déjà un grand poète yiddish. Sa traductrice Rachel Ertel fait pour K. le portrait de ce poète immense sur fond de son rapport à l’Europe.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.