Culture
Rendant hommage à la bande dessinée de Joann Sfar Le Chat du rabbin, Ewa Tartakowsky en profite pour interroger certains préjugés ashkénazocentrés. N’existe-t-il pas une tendance à se rapporter aux judéités maghrébines en méconnaissant leurs spécificités, reconduisant par là quelque chose de la situation coloniale ? À cet égard, l’œuvre de Sfar, portée par la lucidité caustique du Chat, s’avère un remède précieux, permettant d’apprécier les subtilités d’un judaïsme européen métissé.
Dans ce texte, Anne Simon interroge les imaginaires qui ont été convoqués par les massacres du 7 octobre : entre la référence au pogrom qui s’est imposée chez de nombreux juifs pour les appréhender, et la manière dont ils ont été qualifiés par le Hamas, c’est-à-dire en tant que Déluge. Au cœur de cette exploration, le motif de l’Arche, d’un refuge qui ouvre la possibilité d’un avenir, mais risque toujours de s’avérer plus fragile que promis.
Pour Gabriel Abensour, le franco-judaïsme serait oublieux de ses héritages spirituels. Déplorant l’adoption d’une ultra-orthodoxie qui rigidifie pratiques et esprits, et critiquant le manque d’audace des institutions représentatives de la communauté juive, il en appelle à renouer avec un judaïsme qui connait à la fois la valeur de l’universalisme révolutionnaire et la richesse intellectuelle de la civilisation sépharade.
En 1929, Albert Londres consacre 27 reportages aux Juifs d’Europe publiés dans Le Petit Parisien. En 1930, l’ensemble est regroupé dans un livre sous le titre Le Juif errant est arrivé. Les Éditions de l’Antilope ont eu la bonne idée de le republier dans leur collection de poche. Du quartier juif de Londres aux shtetls de Pologne et de Hongrie, des quartiers juifs de Varsovie à ceux de Prague, Albert Londres fait un tour d’Europe du monde juif, qui l’emmènera jusqu’en Palestine. Nous reprenons les chapitres 23 et 24 du reportage, consacrés aux massacres de Safed et d’Hébron en 1929.
Pour la première fois, grâce aux éditions de l’Antilope, un poème épique écrit en yiddish ancien a été traduit en français — par Arnaud Bikard. Nous avions prévu d’en publier les bonnes feuilles la semaine du 7 octobre… Même si le livre est sorti il y a maintenant plus de deux mois, nous sommes heureux de pouvoir présenter à nos lecteurs cette œuvre étonnante et singulière, écrite au XVIe siècle à Venise par un juif venu de Nuremberg, Elia Levita (1469-1549), né Elye Bokher – qui a transformé un roman courtois en un texte imprégné d’une connaissance profonde des pratiques et des croyances juives.
Peut-on raconter l’histoire du conflit israélo-palestinien « en 600 mots maximum », comme le rédacteur en chef d’un média américain l’avait demandé à l’écrivain israélien Etgar Keret ? Aujourd’hui, ce dernier dit se sentir incapable d’écrire. Quoique… En introduisant comme il le fait aujourd’hui un texte – de 600 mots – écrit hier, il y a 22 ans, il rend compte, au « milieu de la détérioration » dont nous sommes les contemporains, de la permanence du sentiment d’être incompris aussi bien par les Israéliens que les Palestiniens.
Le début laborieux des premières libérations d’otages ces jours-ci crée un émoi intense et amer dans la société israélienne. Dans K. cette semaine, la voix de l’écrivaine Rachel Shalita témoigne, dans « 7 minutes », de son amitié et de son inquiétude – jusque dans ses rêves – pour un otage, Alex Danzig, historien de la Shoah, figure de la réconciliation entre Israël et la Pologne, prisonnier aujourd’hui du Hamas.
Ady Walter se rendra au festival de cinéma de Hong Kong en novembre prochain pour y présenter ‘Shttl’. Lors de la même séance, sera projeté ‘The Boy’ dont l’action se situe dans le Kibboutz de Kfar Aza où son réalisateur Yahav Winner a passé sa vie. Et où il est mort le 7 octobre. En lisant le texte que celui-ci a rédigé pour présenter son film – et que nous introduit Ady Walter –, on comprendra que ce sont aussi des personnes concernées par la misère de Gaza et qui veulent la relance du processus de paix, que le Hamas a massacrées.
En 1903, au lendemain du pogrom de Kichinev, Haïm Nahman Bialik quitte Odessa et se rend sur les lieux du massacre pour recueillir les témoignages des survivants. Il écrit un poème qui, exprimant avec puissance son effroi et l’angoisse devant la situation des juifs de l’est à ce moment de l’histoire de l’Europe, trouva aussitôt un écho considérable dans le monde juif.
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La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.