Histoire

Chambon-sur-Lignon est la seule commune de France à avoir reçu – au nom de tout le Plateau Vivarais-Lignon – le titre de « Juste parmi les nations ». Le 10 août 1942, un groupe de jeunes lurent devant le temple une lettre de protestation publique contre la rafle du Vel d’hiv’ et la persécution des Juifs. Cette année, à l’occasion de la « marche du souvenir » organisée tous les 10 août dans ce haut-lieu français dans l’histoire de l’accueil des réfugiés (dès les années trente pendant la guerre d’Espagne), des Résistants et des Juifs pourchassés par les nazis, Nathalie Heinich y lira un texte consacré à la présence conjointe, dés aout 1942, d’Albert Camus et d’André Chouraqui au Chambon-sur-Lignon, que K. est heureux de publier cette semaine.

Le 1er avril 1925, le grand poète Bialik prononçait le discours d’inauguration de l’Université hébraïque de Jérusalem. Ce discours, traduit pour la première fois en français dans K., nous ramène dans le monde d’un yichouv encore fragile et du sionisme dans sa phase pré-étatique. Une époque où le projet sioniste oscille entre l’affirmation d’une solution politique pour les Juifs, en rupture avec l’Europe, et celle d’une réalisation culturelle qui continue de s’inscrire dans la trajectoire des Juifs en Europe. L’Université, comme nombre d’institutions en Palestine mandataire, précède l’État et se conçoit comme le centre intellectuel du peuple juif à venir.

En juillet 2013, les architectes Piotr Michalewicz et Marcin Urbanek ont remporté, avec l’artiste-historien Łukasz Mieszkowski, le premier prix du concours international pour le développement d’un nouveau concept de mémorial sur le site de l’ancien centre d’extermination de Sobibór. Le mémorial et le musée, qui seront placés sous la supervision du musée d’État de Majdanek, devraient être achevés à l’automne 2022. Łukasz Mieszkowski, dans un article inédit pour K., nous fait découvrir les coulisses de ce projet auquel il a participé et les critiques légitimes auxquelles il a dû répondre en voulant substituer à une « architecture de l’effroi » une architecture mélancolique de la perte sèche.

Créée en 1941, suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle au Reich, la Reichsuniversität de Strasbourg s’inscrivait dans le projet nazi de germanisation de ses territoires annexés. Que s’est-il passé exactement dans les murs de l’Université quand elle était aux mains des nazis ? On sait par exemple que le directeur de son institut d’anatomie a constitué une collection de squelettes de Juifs assassinés… En 2016, a été mise en place une Commission historique, internationale et indépendante, dont la mission était d’éclairer l’histoire de la Reichsuniversität entre 1941 et 1944. Elle avait notamment pour but d’évaluer l’ensemble des collections médicales de l’Université pour s’assurer qu’aucun reste humain provenant de victimes du nazisme n’y soit encore conservé mais aussi de fournir des préconisations en termes de formation à l’éthique du personnel médical actuel et futur. Retour sur le rapport final de la Commission.

Durant les derniers jours de fonctionnement du camp d’Auschwitz, Abraham Levite et un groupe de déportés Juifs ont conçu le ‘Recueil Auschwitz’. Ne nous est parvenue que l’introduction de ce projet d’une anthologie visant à regrouper un ensemble de textes clandestins rédigés, envers et contre tout et tous, par des déportés juifs dans le camp. K. publie des extraits de ce témoignage inouï, traduit du yiddish par Rachel Ertel ainsi qu’un essai de David Suchoff. Ce dernier a rassemblé des informations biographiques sur Levite, reconstitué le parcours du manuscrit et en a analysé le projet.

« Arrivé en France à l’âge d’un an, j’ai attendu 37 ans pour devenir français. De mon Allemagne natale je ne connaissais rien, ma germanité était toute virtuelle, réduite à une langue et un passeport. La procédure fut expéditive et je reçus mon acte de naissance français six mois seulement après avoir entamé ma démarche de naturalisation. Trois jours plus tard, le binational que je venais de devenir était à nouveau saisi de bougeotte identitaire et je me mis en contact avec l’ambassade d’Autriche à Paris. Depuis 2019, l’Autriche, comme l’Allemagne, permet aux descendants des victimes du nazisme de récupérer la nationalité dont leur ancêtre a été déchu. Ce qui est mon cas. »

Les éditions de l’Antilope publient demain le premier livre de Joseph Voignac. Ce jeune historien a enquêté sur une institution atypique : l’école Maïmonide, le premier établissement secondaire juif de France. De sa fondation dans l’entre-deux-guerres jusqu’au début du XXIe, l’auteur dresse le portrait de cette grande institution « juive et républicaine ». Mais à travers l’histoire de cette école, c’est aussi le destin des Juifs en France depuis un siècle qui s’expose : du « réveil juif » de l’entre-deux-guerres, à l’épreuve de la Shoah, de l’accueil des populations juives originaires d’Afrique du Nord à la guerre des Six jours, du renouveau de l’antisémitisme depuis trente ans en passant par l’attraction du sionisme puis de l’État d’Israël. K. propose en exclusivité quelques extraits de ce livre passionnant.

Les Judéo-Espagnols « d’Orient » – ceux de l’ex-empire ottoman (par opposition aux Judéo-Espagnols « d’Occident » qui se regroupèrent surtout au Maroc) – « se connaissent et reconnaissent les uns les autres, mais personne ne les connaît », comme nous l’explique Marie-Christine Bornes Varol, qui rappelle qu’en Turquie aujourd’hui, les Juifs ont pour devise « pour vivre heureux, vivons cachés ». Retour sur une histoire complexe, qui s’est déroulée sur un espace géographique et à travers un écheveau de langue tout aussi complexes. Une histoire de la survivance d’une micro-société éparse, dont la Turquie demeure un centre.

C’est le 6 et 7 avril 1903 qu’eut lieu le premier pogrom de Kichinev qui, parmi des dizaines et de dizaines de pogroms ayant été commis à l’est de l’Europe entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, conserve une valeur particulière. Son retentissement fut immédiat et mondial, et, encore aujourd’hui, il vaut comme un symbole. En cette date d’anniversaire du massacre, nous publions, grâce à la traduction inédite d’Elena Guritanu, les extraits choisis du récit capital – Jours d’affliction, qui mériterait d’être publié en France dans son intégralité – de Moisei Borisovitch Slutskii, témoin direct et, en tant que médecin et directeur de l’hôpital de Kichinev, acteur de l’événement.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.