Histoire
A l’occasion de la commémoration des 80 ans de la découverte du camp d’Auschwitz-Birkenau par l’armée rouge, nous publions un dossier rassemblant des textes parus dans K. traitant de l’histoire et des enjeux mémoriels entourant ce lieu qui symbolise, plus que tout autre, l’horreur de la Shoah. Vous pourrez y retrouver une réflexion de Bruno Quélennec sur l’antisémitisme « à cause d’Auschwitz », un manuscrit clandestin écrit par des prisonniers juifs du camp qui déjà s’inquiétaient de la manière dont serait déformée la représentation de la Shoah, et plusieurs textes s’affrontant justement à ces déformations et aux difficultés dans la constitution d’une mémoire du génocide.
Alors que sont commémorés les 80 ans de la découverte d’Auschwitz, et que les derniers survivants sont convoqués pour pallier aux insuffisances d’une mémoire qui semble ne jamais parvenir à s’inscrire, Ruben Honigmann réfléchit dans ce texte à la possibilité de raconter la Shoah. Dans ce texte personnel, cette tentative s’apparente à un arpentage sans fin et dont le sens n’est jamais assuré.
L’Europe du XXe siècle connaît des lieux dont le nom est indissociable des atrocités qui y ont été commises. Auschwitz, Majdanek, Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen… Tous n’ont cependant pas une sonorité allemande ou polonaise. La trajectoire familiale, faite de survie et d’exil, que Marta Caraion retrace dans Géographie des ténèbres. Bucarest-Transnistrie-Odessa, 1941-1981, dessine une autre toponymie de l’effroi. Transformée par la Roumanie du maréchal Antonescu en laboratoire d’épuration ethnique, la Transnistrie en est le nœud le plus sombre. Un nœud que ce récit intime et brillamment documenté parvient à défaire, fil par fil, mettant à nu la mémoire longtemps occultée de la Shoah roumaine.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Nous avons le plaisir de vous inviter à une session Zoom exceptionnelle, organisée dans le prolongement de la soirée K. sur scène dédiée aux “Derniers Juifs de” : “Être marrane: le choix des derniers juifs de Belmonte”, avec le réalisateur Jonathan Hayoun, le dimanche 22 décembre prochain.
La responsabilité des Polonais dans l’extermination des juifs est, pour l’État polonais, l’objet d’une dénégation systématique. Dans cet article, Elżbieta Janicka, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, dénonce la manière dont, à Treblinka, cette politique mémorielle mensongère multiplie les affabulations historiques.
Daniel Szeftel poursuit son enquête sur les origines des accusations de génocide contre l’Etat juif. Ce discours s’ancre dans le nationalisme arabe des années trente décrit dans la première partie de ce texte, nationalisme fortement influencé par les extrême-droites européennes et américaines. Compromis dans la collaboration avec le nazisme, les nationalistes arabes reformuleront leurs discours après guerre pour déligitimer Israël auprès de l’opinion internationale. Bien que toujours antisémite et suprématiste, leur idéologie procède dès lors d’un retournement, opéré sous le nom de settler colonialism : l’occultation chez soi et la projection sur Israël d’une volonté éliminationniste.
Quelles sont les origines du discours qui fait d’Israël une entité intrinsèquement génocidaire, arcboutée sur la destruction du peuple indigène palestinien ? Dans cette première partie de son enquête historique, Daniel Szeftel étudie le renouveau du nationalisme arabe dans les années 20 à 40, mettant en évidence l’influence du fascisme mais aussi de l’antisémitisme européen et américain sur sa structuration.
Comment expliquer le désarroi de la conscience européenne face à la montée de cet antisémitisme qu’elle s’était promis de ne “plus jamais” tolérer ? Les historiennes Henriette Asséo et Claudia Moatti interrogent dans ce texte les paradoxes d’une Europe confrontée à la tentation identitaire.
Les Juifs, « Heureux comme Dieu en France » ? Dans cette conférence, donnée au colloque du CRIF « Les Juifs dans la République », l’historien Pierre Birnbaum revient sur l’histoire de l’émancipation juive en France, et sur les dangers qu’elle a aujourd’hui à affronter.
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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.
La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.