Histoire - Israël

Sur quelles ressources idéologiques s’appuient les partisans de la solution binationale, alors même que la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens semble plus que jamais compromise ? Denis Charbit nous livre ici son compte rendu critique du dernier ouvrage de Shlomo Sand, Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme (Seuil). Soulignant comment l’ouvrage resitue une idée binationale née dans la pensée sioniste, il nous prévient cependant contre la supercherie qui consiste à faire jouer une perspective critique interne au sionisme contre le projet lui-même.

Comment caractériser la forme particulière que prend aujourd’hui dans la gauche radicale la critique hostile à Israël et aux juifs ? Karma Ben Johanan prend position sur ce terrain miné, en évitant les écueils d’une référence indiscriminée à l’antisémitisme. Dans l’antisionisme contemporain, elle identifie en effet un schéma d’interprétation renvoyant d’abord à l’ambivalence de l’antijudaïsme chrétien, c’est-à-dire à un reproche qui touche à la capacité des juifs à faire la « bonne » lecture de l’Histoire.

Les premiers sionistes croyaient-ils vraiment que la Palestine fût une terre déserte, sans population ? C’est, pour certains, ce qui se laisserait deviner derrière la formule « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Diana Muir, en retraçant ici l’histoire de l’origine et des usages de cette formule, montre que ce serait à la fois faire au sionisme un mauvais procès et évacuer la question de la construction de l’identité nationale palestinienne.

Dès le lendemain du massacre du 7 octobre, un travail d’archivage et de documentation a été entrepris qui rend compte d’un premier effort pour élaborer et intégrer dans la conscience de chacun l’ampleur de l’événement. Ce travail de mémoire immédiat s’inscrit dans un imaginaire collectif et un ensemble de pratiques testimoniales qui fait remonter à la fois l’histoire de la Shoah et celle des pogroms. Sensible à l’ambigüité de la société israélienne, Frédérique Leichter-Flack interroge les effets de cet entrelacement mémoriel des massacres, entre reviviscence traumatique et ressource pour ne pas se laisser sidérer par la Gorgone.

Il y exactement soixante dix ans, en septembre 1952, fut signé l’Accord du Luxembourg. Le gouvernement de la RFA accédait aux demandes du jeune État israélien et s’engageait à verser une indemnisation conséquente. Traditionnellement considéré comme une modalité de réparation après la Shoah, l’accord de Luxembourg est en réalité une transaction bien plus subtile qui ne fut pas considérée comme une réparation, ni comme une réconciliation. L’historien Constantin Goschler revient sur les tenants et les aboutissants de cet accord et sur le contexte géopolitique allemand et mondial qui l’éclaire.

En ce lendemain de finale d’Euro 2020, K. ouvre ses colonnes à SoFoot, en republiant un article qui vient de recevoir le Prix Franco-Allemand du Journalisme dans la catégorie Jeunes Talents. Adrien Candau et Julien Duez y racontent l’histoire d’Emmanuel Schaffer, né en Ukraine mais élevé en Allemagne, survivant de la Shoah devenu l’entraineur mythique de l’équipe d’Israël…

Pourquoi l’imagerie du pogrom revient-elle chez certains israéliens lorsqu’éclatent des troubles « intra-communautaire », comme si le pays vivait encore dans la Palestine mandataire ? En revenant sur un épisode des récents évènements, Danny Trom propose une réflexion politique sur les rapports entre majorités et minorités en Israël.

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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.