Histoire - France

Georges Clemenceau occupe une place d’honneur dans l’étroit panthéon des combattants français de l’antisémitisme au tournant du XXe siècle. Ardent dreyfusard, ami du sulfureux Cornelius Herz, patron politique de Georges Mandel, il fut plus d’une fois attaqué par les antisémites comme l’obligé du « syndicat juif ». Pourtant, c’est le même Clemenceau qui, quelques mois plus tôt, au plus fort de l’Affaire Dreyfus, faisait paraître six petits textes, entre nouvelles, contes et récits de voyage, en un petit volume titré Au pied du Sinaï (1898) que republient aujourd’hui les Éditions de L’Antilope. Que beaucoup des préjugés antisémites de l’époque se retrouvent dans ce volume interroge le lecteur d’aujourd’hui. Philippe Zard revient sur cet imaginaire dérangeant et évoque, avec raison, « un temps où la ligne de partage entre l’antisémitisme et ses adversaires n’exclut pas un riche répertoire de représentations partagées ».

Les éditions de l’Antilope publient demain le premier livre de Joseph Voignac. Ce jeune historien a enquêté sur une institution atypique : l’école Maïmonide, le premier établissement secondaire juif de France. De sa fondation dans l’entre-deux-guerres jusqu’au début du XXIe, l’auteur dresse le portrait de cette grande institution « juive et républicaine ». Mais à travers l’histoire de cette école, c’est aussi le destin des Juifs en France depuis un siècle qui s’expose : du « réveil juif » de l’entre-deux-guerres, à l’épreuve de la Shoah, de l’accueil des populations juives originaires d’Afrique du Nord à la guerre des Six jours, du renouveau de l’antisémitisme depuis trente ans en passant par l’attraction du sionisme puis de l’État d’Israël. K. propose en exclusivité quelques extraits de ce livre passionnant.

Le terme d’israélite est récemment revenu dans l’actualité à la suite de sa valorisation par un polémiste, désormais candidat à l’élection présidentielle française. Pourtant le modèle israélite que ce dernier prétend incarner n’a rien à voir avec la réalité de ce que fut l’israélitisme. À travers un vibrant hommage à Marcel Wormser, récemment disparu, et à son père, Georges Wormser, Milo Lévy-Bruhl restitue les coordonnées principales de l’israélitisme et revient sur les raisons de sa disparition.

Il y a quarante ans parut, en français et anglais simultanément, le grand livre d’histoire Vichy et les Juifs, de Michael R. Marrus et Robert O. Paxton. Réédité en 2015, le livre connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, alors que certaines déclarations remettent en cause la responsabilité de la France dans la politique persécutrice à l’égard des Juifs sous l’occupation allemande. En 2015, à l’occasion d’une journée en hommage pour celui qui fut à l’origine de son écriture, Roger Errera, Robert O. Paxton, qui nous autorise aujourd’hui à reproduire ce texte, est revenu sur le difficile processus de production de ce livre qui a si violemment mis à mal le mythe de la France résistante.

Le 19 octobre dernier a été vendu, à New York, l’un des plus vieux manuscrits hébraïques médiévaux conservés en France. Un riche collectionneur, privé et anonyme, l’a acquis pour plus de huit millions d’euros. Le Mahzor dit « Luzzatto » était un des joyaux, depuis 1870, de la Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle. Noëmie Duhaut revient sur ces événements et pose la question que ceux-ci suscitent : Pourquoi des archives concernant la vie, la culture et la politique juives, ainsi que les recherches sur ces sujets, peinent-elles à exister en France ?

À travers la promesse de liberté et d’égalité formulée pour chaque Juif par les révolutionnaires, c’est aussi une certaine modalité de l’existence politique moderne que la France a voulu défendre et incarner. Les épreuves qu’affrontent les Juifs français aujourd’hui rappellent donc la France à elle-même et interrogent chacun : souhaitons-nous persévérer dans la défense d’un idéal qui distingua la France parmi les nations ?

Surnommés les frères Je Sais Tout, Joseph, Salomon et Théodore Reinach représentent à la fois l’excellence académique et l’assimilation exacerbée des juifs français au tournant du XXème siècle. Le cadet Salomon notamment, à travers sa défense d’un franco-judaïsme libéral modernisé ou son opposition au sionisme, a incarné la pointe la plus assimilée de l’israélitisme…

À travers quatre discours, se donnent à voir les débats qui agitèrent la France révolutionnaire à l’hiver 1789 lorsqu’elle décida de se pencher sur le cas des Juifs. La question qui préoccupe alors l’Assemblée est simple : les Juifs peuvent-ils être des citoyens comme les autres ? « Oui ! » répondent Clermont-Tonnerre et l’Abbé Grégoire. « Pas encore » nuance le Prince de Broglie. « Jamais » affirme Monseigneur de la Fare…

Le 19 avril dernier, Jean Claude Kuperminc chroniquait les livres « Aux sources juives de l’histoire de France » de Mathias Dreyfuss et « Les juifs, une tache aveugle dans le récit national » codirigé par Claire Soussen et Paul Salmona. Ce dernier lui répond et revient sur le débat à propos de la tension qui se révèle entre l’histoire des juifs en France et la place de ceux-ci dans le récit national.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.