Histoire

Au lendemain de l’attaque du 7 octobre, l’expression « hayot adam » prononcée par plusieurs dirigeants israéliens pour désigner les terroristes du Hamas a choqué, alimentant des polémiques. Traduite de diverses façons par « animaux », « bêtes sauvages », « animaux humains », elle interpelle par sa violence symbolique et, pour qui est sensible aux résonances de la langue hébraïque, par les échos qu’elle trouve dans des textes bibliques et rabbiniques. Le philosophe David Lemler s’engage dans une archéologie de cette expression problématique qui puise tout à la fois dans la mémoire des pogroms et du nazisme et dans des racines plus enfouies dans la représentation du non-Juif dans les sources traditionnelles.

Dès le lendemain du massacre du 7 octobre, un travail d’archivage et de documentation a été entrepris qui rend compte d’un premier effort pour élaborer et intégrer dans la conscience de chacun l’ampleur de l’événement. Ce travail de mémoire immédiat s’inscrit dans un imaginaire collectif et un ensemble de pratiques testimoniales qui fait remonter à la fois l’histoire de la Shoah et celle des pogroms. Sensible à l’ambigüité de la société israélienne, Frédérique Leichter-Flack interroge les effets de cet entrelacement mémoriel des massacres, entre reviviscence traumatique et ressource pour ne pas se laisser sidérer par la Gorgone.

Israël est-il en train de commettre un « génocide » à Gaza ? C’est ce que suggère Didier Fassin dans une tribune récemment publiée sur le site de la revue AOC. Une réponse lui a déjà été apportée par dans le même média par Bruno Karsenti, Jacques Ehrenfreund, Julia Christ, Jean-Philippe Heurtin, Luc Boltanski et Danny Trom. Ici, Eva Illouz critique à la fois la méthode employée par le sociologue et le fond de son argumentation. Selon elle, « dans la période tourmentée que nous vivons, choisir les mots justes est un devoir moral et intellectuel ». Un texte publié en partenariat avec Philosophie Magazine.

Entre 2009 et 2020, Marie Moutier-Bitan effectue, avec l’association Yahad-in Unum, environ 25 voyages dans les anciens territoires de l’Union soviétique. Son enquête de terrain s’attarde particulièrement en Galicie orientale, aujourd’hui l’Ukraine de l’Ouest, où l’auteure du Pacte antisémite tente de déceler les mécanismes du passage à l’acte qui ont mené à l’extermination des Juifs dans cette région, transformant, en l’espace de quelques semaines, les Juifs en victimes et leurs voisins en bourreaux.

Les historiens Shira Klein et Jan Grabowski ont rédigé une importante étude sur les distorsions de l’histoire de la Shoah – en particulier en Pologne – contenues dans un grand nombre de pages Wikipédia. Ils y analysent les pratiques de certains Wikipédiens, ces bénévoles contribuant à la rédaction de l’encyclopédie ouverte, qui visent à minimiser, omettre, voire nier certains faits historiques ; notamment ceux qui touchent à l’image d’une Pologne victime et héroïque, peuplée de Justes ayant sauvé les Juifs pendant la guerre.

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre contenus, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine : L’Ukraine et la Russie en trois textes de Yeshaya Dalsace, Ivan Segré, Boris Czerny et un entretien avec Le Grand Rabbin de Moscou, en exil, Pinchas Goldschmidt.

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine : un dossier sur l’Allemagne avec des textes et reportages de Julia Christ, Lisa Vapné, Constantin Goschler et Barbara Honigmann.

Les Sassoon se sont proclamés descendants de la lignée du roi David, ils ont été décrits comme les « Rothschild de l’Est », ils ont parlé le judéo-arabe mais aussi l’hindoustani avant de se convertir à l’anglais. Leur itinéraire, que nous raconte Mitchell Abidor à partir de l’exposition « Les Sassoon », présentée en ce moment au Jewish Museum de New York, témoigne d’un désir irrésistible d’occidentalisation.

La communauté juive de Rhodes n’a pas survécu à la Shoah. La plupart des Rhodeslis, regroupés par les nazis le 23 juillet 1944 en vue de leur déportation, sont morts durant le trajet ou ont été assassinés à leur arrivée à Auschwitz-Birkenau. Il ne reste que peu de traces, dans la Rhodes d’aujourd’hui, de l’ancienne présence juive. Mais ce sont ces traces qui intéressent l’historien Dario Miccoli. Il partage ici ses impressions lors de son récent séjour sur l’île et son désir d’un réinvestissement de l’histoire juive locale pour penser ses défis contemporains.

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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.