Vengeance

Depuis le 18 mars dernier et jusqu’au 3 octobre prochain, le musée juif de Francfort présente l’exposition « Vengeance : Histoire et Imaginaire » (« Rache, Geschichte und Fantasie »). Le spectre de cette exposition est large : des récits bibliques aux films de fictions populaires ; de Judith et Holopherne à Quentin Tarantino, le réalisateur d’Inglorious Basterds ; du motif antisémite qui fait des Juifs des êtres vengeurs par essence aux épisodes de l’histoire où des Juifs ont voulu répondre par la vengeance à la violence dont ils étaient les victimes. Elie Petit a rencontré la directrice du musée, Mirjam Wenzel, et le curateur de l’exposition, Eric Riedel, pour les interroger sur les objectifs et les difficultés d’une telle exposition.

« Avant-hier, j’intervenais auprès d’une classe de seconde du lycée Camille Sée. Je leur ai raconté l’histoire de mon père, sa fuite en zone libre avec ses parents, leur capture à la ligne de démarcation, la prison, la séparation d’avec sa mère pour être confié à la Croix-Rouge et quelques mois plus tard, la police française qui vient le chercher dans son école parce qu’il n’a pas été déporté avec ses parents : on le fait alors sortir par une porte dérobée et il est envoyé quelques temps à la campagne. Un lycéen m’a demandé : ‘Et la vengeance alors ? N’y avez-vous jamais songé ?’ »

« Vengez-nous ». A la supplique qui sourdait des Juifs assassinés et figurait partout après-guerre – sur les murs des synagogues en ruine ou sur des petits morceaux de papier laissés par ceux qui en firent leur dernière volonté avant de périr – Abba Kovner, poète et combattant voulut répondre. Il chercha à prolonger la lutte partisane contre l’État nazi par une action de vengeance de grande ampleur. Il fomenta des plans qui échouèrent ou ne furent pas mis à exécution. Le legs d’Abba Kovner est celui d’une impasse, selon Danny Trom : l’impasse d’une vengeance pensée comme nécessaire et irréalisable.

1926, à Paris. Samuel Schwarzbard assassine Petlioura, militaire et homme politique ukrainien responsable des pogroms qui, entre 1919 et 1920, firent des dizaines de milliers de morts juifs. L’affaire, aujourd’hui oubliée, a un immense écho dans la France d’alors. Indirectement, elle est aussi à l’origine de la création de l’actuelle LICRA. Élisabeth de Fontenay revient sur l’histoire d’un homme qui, avant la Shoah, voulut venger les Juifs assassinés, et dont le geste fut à l’origine d’un désir d’auto-défense juive aux quatre coins de l’Europe.

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Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.