antisionisme

« Il faut différencier entre antisionisme et antisémitisme » affirment ceux à qui il ne plaît pas d’être qualifiés d’antisémites. Cette exigence, à première vue, n’a rien d’insensée : il est en effet nécessaire de distinguer ce qui relève d’une critique légitime de l’État des juifs d’un sentiment louche et douteux à l’égard de ces derniers. Est-il pour autant nécessaire d’inventer un mot spécifique pour cette critique ? La philosophe Julia Christ traque les différents usages possibles de la notion d’ « antisionisme » et se demande à quelle condition, et dans quel contexte, la critique de l’État d’Israël peut légitimement se dire antisioniste. Cette petite analytique de la critique étatique et de ses modalités permet de percevoir mieux quand l’antisionisme n’est qu’un autre mot pour antisémitisme.

Deuxième partie de l’article de David Hirsh et Hilary Miller sur la « Conférence mondiale contre le racisme » organisée par les Nations unies en 2001 à Durban. Comment de nombreux participants ont intériorisé et adopté l’antisionisme qui y a été reconfiguré, et comment la proposition de reconnaître le sionisme comme la forme par excellence du racisme et de l’apartheid dans le monde après la chute du régime sud-africain a permis d’unifier différents mouvements et milieux politiques, notamment à gauche ?

L’antisionisme qui a occupé le devant de la scène lors de la « Conférence mondiale contre le racisme » organisée par les Nations unies à Durban en 2001 n’était ni un « nouvel antisémitisme », ni la dernière manifestation d’un phénomène anhistorique et éternel. Durant la période des négociations de paix israélo-palestinienne, entre la fin des années 80 et les années 90, l’accent mis sur Israël comme représentant clé de tout ce qui est mauvais dans le monde était en voie de disparition, mais à Durban, l’équivalence courante dans les années 70 selon laquelle « sionisme = racisme » a refait surface. David Hirsh et Hilary Miller reviennent sur cet événement, lors duquel a été thématisée la critique, devenue depuis classique, d’Israël comme État d’apartheid.

Une résolution déposée par le député communiste Jean-Paul Lecoq visant à condamner « l’institutionnalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid » a été défendue le jeudi 4 mai dernier à l’Assemblée, avant d’être rejetée. Bruno Karsenti revient sur le texte de cette résolution et montre à quoi sert réellement le spectre de l’apartheid brandi par la partie aujourd’hui hégémonique de la gauche française. Il montre aussi comment, tout en cherchant à tirer profit du mouvement d’opposition au gouvernement qui se manifeste en ce moment en Israël, les rédacteurs de la résolution s’interdisent d’en comprendre le sens et la portée. 

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