Culture

La sortie dans les salles françaises du procès Goldman a questionné la rédaction de K. Quelle trace a laissé le militant dans la conscience juive française, notamment de gauche ? Et quelle trace n’a-t-il pas laissée dans la gauche, après sa disparition ? Il nous a semblé évident de nous tourner vers le philosophe Gérard Bensussan, qui après avoir vu le film de Cédric Kahn nous a confié ce texte dans lequel il décompose la figure de Pierre Goldman, pris dans sa condition juive, juif « imaginaire », paria finalement parvenu.

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine : quatre essais-témoignages à la première par Ruben Honigmann, Mona El Khoury, Danny Trom et Grigory Kanovitch.

Figure majeure du débat intellectuel mondial, Jürgen Habermas est l’auteur d’une œuvre philosophique monumentale qui peut se lire comme le support théorique de l’idéal politique européen depuis la Seconde Guerre Mondiale. La conscience du crime allemand et l’apport juif à la philosophie européenne sur sa longue histoire occupent une place fondamentale dans cette pensée. C’est ce qu’entend montrer ce texte du philosophe Bruno Karsenti conçu comme un hommage. Un hommage qui entend également marquer ce que l’esprit européen tel que le prolonge l’œuvre d’Habermas peut encore, dans l’autre sens, apporter aux juifs d’aujourd’hui.

Vladimir Jankélévitch est né il y a 120 ans, en 1903. La biographie de ce métaphysicien et moraliste, mais aussi résistant entré en clandestinité en 1941 –  ‘Vladimir Jankélévitch. Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi’, de Françoise Schwab (Albin Michel, 2023) – est parue cette année. Elle a été suivie d’un Cahier de l’Herne et de l’édition d’un volume entièrement consacré à ses textes sur le judaïsme : ‘La conscience juive’ (L’Herne, 2023). Dans ce contexte éditorial, Avishag Zafrani s’interroge sur quelques aspects de son rapport à la conscience juive après la Shoah, à partir d’une interprétation du temps juif, qui se distingue notamment du temps tragique.

En recevant le prix littéraire Elisabeth Langgässer en 2012, Barbara Honigmann a prononcé un discours qui représentait un défi pour elle. Car comment faire le portrait d’un écrivain, fervente catholique, si problématique à ses yeux ? Parce que « demi-juive », Elisabeth Langgässer fut interdite de publication par un régime nazie dont elle voulait tant qu’il l’absolve de son origine qu’elle écrivit à Goebbels pour lui demander d’être réintégrée au sein de la Chambre de la littérature du Reich, arguant que son talent provenait exclusivement de sa lignée maternelle, purement aryenne…

Nous avons publié dans K. un fragment de la pièce d’Evguéni Tchirikov ‘Les Juifs’, écrite en 1906 et que viennent de publier les Éditions Mesures. L’entretien, réalisé en partenariat avec Akadem, que nous donne cette semaine son traducteur André Markowicz permet de mieux comprendre le sens et la singularité de cette œuvre.

Le grand traducteur André Markowicz n’avait jamais entendu parler des Juifs, pièce de théâtre d’Evguéni Tchirikov, avant qu’il ne la découvre par hasard. Il l’a traduite et fait paraître chez Mesures, la maison d’édition qu’il a créée avec Françoise Morvan. Nous publions la fin du premier acte et le début du deuxième de cette œuvre singulière dans l’histoire de la littérature russe. Écrite juste après les grands pogroms de Kichinev de 1903 et 1905, elle témoigne d’une compréhension et d’une empathie exceptionnelles à l’égard de la situation des Juifs russes au début du XXe siècle.

Yudit Kiss est née à Budapest en 1956, l’année même où les chars soviétiques entraient dans la ville. Après une enfance et une jeunesse en Hongrie, elle passe de l’autre côté du rideau de fer. Son père, lui, rescapé de la Shoah et communiste convaincu, y demeurera toute sa vie. Coincé entre les craintes nées des persécutions antisémites, et les espoirs suscités par l’avènement de l’homme nouveau, il apparait dans le portrait qu’en fait sa fille comme à la fois incapable d’être juif et incapable de ne pas l’être.

Dans une biographie magistrale, Reiner Stach fait surgir avec une minutie scientifique et un rare brio narratif, un Kafka en couleur, pris dans ses contradictions intimes et celles de son temps. Avec ce premier tome dévolu aux années 1910-1915, le lecteur suit pas à pas sa découverte du théâtre yiddish, la consolidation de sa vocation d’écrivain et sa tentative de nouer un lien amoureux et marital avec Felice Bauer au gré d’une relation épistolaire monumentale. Rencontre avec Reiner Stach, l’auteur qui renouvelle notre vision de Kafka et notre perception du genre biographique, et avec son traducteur français, Régis Quatresous.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.