Histoire - Pologne

La responsabilité des Polonais dans l’extermination des juifs est, pour l’État polonais, l’objet d’une dénégation systématique. Dans cet article, Elżbieta Janicka, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, dénonce la manière dont, à Treblinka, cette politique mémorielle mensongère multiplie les affabulations historiques.

Les historiens Shira Klein et Jan Grabowski ont rédigé une importante étude sur les distorsions de l’histoire de la Shoah – en particulier en Pologne – contenues dans un grand nombre de pages Wikipédia. Ils y analysent les pratiques de certains Wikipédiens, ces bénévoles contribuant à la rédaction de l’encyclopédie ouverte, qui visent à minimiser, omettre, voire nier certains faits historiques ; notamment ceux qui touchent à l’image d’une Pologne victime et héroïque, peuplée de Justes ayant sauvé les Juifs pendant la guerre.

En 1943 a paru un Baedeker sur le Gouvernement général de Pologne. Le fameux guide touristique proposait aux Allemands de visiter l’avant-poste polonais de l’espace vital à l’Est — aussi désigné par les nazis comme « Wilder Osten », soit l’Est sauvage. Carol Fily s’est plongée pour K. dans l’ouvrage conçu alors sous le patronage de Hans Frank, le Gouverneur général de Pologne pendant la guerre.

Jakub Nowakowski, historien et directeur du musée juif de Galicie, dresse un large tableau du rapport de la Pologne aux Juifs depuis la Shoah. Après une longue période d’appropriation de l’espace mais aussi de l’histoire et de la mémoire juive polonaise sur laquelle il revient en détail, il note un intérêt nouveau depuis les années 80. Pour autant, un nouvel enjeu se fait jour à travers les tentatives actuelles d’instrumentalisation de cette histoire au profit d’un récit glorificateur porté par le nationalisme polonais et relayé jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir.

Aux éditions de l’Antilope, Benny Mer vient de faire paraître « Smotshè – Biographie d’une rue juive de Varsovie ». Tel un archéologue, il exhume cette rue détruite en traquant toutes les traces qu’il peut récolter pour donner une idée, une image, un souvenir de Smotshè que Benny Mer aime comme on aime un fantôme qui vous fait signe. K. est heureux de publier le premier chapitre de son livre-enquête de Benny Mer sur ce monde disparu dont il dit qu’il s’y sent chez lui.

La semaine dernière, Ewa Tartakowsky nous racontait les conditions dans lesquelles se déroule aujourd’hui, à l’époque du PiS, une visite scolaire comme celle du « Musée des Polonais sauvant les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale – Famille Ulma » à Markowa. Suite et fin de cette plongée au cœur de ce qui apparait comme un récit ethno-religieux biaisé de l’histoire des relations entre Polonais non juifs et Juifs de Pologne.

Après avoir lu ‘Retour à Lemberg’, Danny Trom est revenu dans la ville de Galicie, hier polonaise et aujourd’hui ukrainienne, parcourant la région sur les traces de sa famille. Les traces de Lemkin et de Lauterpacht, les deux héros du best-seller de Philippe Sands, s’y chevauchent avec celle de son grand-père. Terre du crime et épicentre du droit pénal international naissant, pourquoi Sands efface-t-il qu’elle fut aussi un lieu où l’on rêvait le sionisme en yiddish ? À présent la guerre fait rage en Ukraine — et donc à Lviv, autrefois Lemberg. Danny Trom ajoute un post-scriptum à son texte où il se demande en quoi et comment la situation tragique de l’Ukraine implique les Juifs…

Eugène Lazowski a-t-il sauvé 8,000 Juifs polonais pendant la Seconde Guerre mondiale ? Ou pas ? Barbara Necek revient sur l’histoire d’une fake news historique devenue une légende tenace qui continue imperturbablement son petit bonhomme de chemin >>>

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.