# 176 / Edito

Pendant cette pause estivale, la revue interrompt ses publications originales. Cependant, en attendant la rentrée, nous proposerons chaque semaine à nos lecteurs un dossier de reprises explorant une thématique importante qui nous a mobilisés cette année et qui, dans le contexte qui est le nôtre, demeure d’actualité. L’occasion de découvrir l’article à côté duquel vous étiez passé, de redécouvrir celui qui vous avait interpellé, et de partager à vos amis qui ne connaissent pas encore K. quelques-unes de ses publications. Pour rappel, nos archives sont ouvertes et nous vous invitons à cheminer parmi les centaines de textes que nous avons déjà publiés depuis trois ans et demi, et qui témoignent de l’ambition de la revue : cheminer entre actualité et profondeur historique, pour rendre compte des enjeux contemporains qui appellent une réflexion sur la situation des juifs européens.

Cette semaine, nous revenons sur la symbiose judéo-américaine, et la perspective de sa dégradation. Il semble en effet bien loin le temps où, les yeux pleins d’étoiles, Motl découvrait New York. Aujourd’hui, c’est plutôt une sorte de malaise qui semble saisir les juifs américains, notamment dans leurs rapports au camp progressiste et à Israël. De la manière dont sont médiatisées aux États-Unis les victimes juives à l’histoire des relations entre juifs et afro-américains, les articles de ce dossier explorent les tensions qui travaillent la communauté juive américaine.

Cet été, nous préparons la rentrée et nous en profitons aujourd’hui pour remercier tous nos donateurs et invitons les lecteurs réguliers qui ne l’auraient pas fait à nous soutenir (via PayPal ou Helloasso). Nous sommes en train de développer des projets visant à donner davantage d’impact à la revue, que nous pensons plus que jamais nécessaire en ces temps troublés. Nous savons que beaucoup de lecteurs partagent ce point de vue, puisque leur nombre a été multiplié par plus de deux depuis que le 7 octobre a fait vaciller le monde juif et l’a placé au centre des débats nationaux, comme en ont témoigné les récentes élections en France.

Bonnes vacances et bonne lecture !

La Rédaction

Jean-Claude Milner analyse, dans le contexte déterminé par le 7 octobre et la guerre à Gaza, la restructuration du rapport entre Israël et les États-Unis.

Mitchell Abidor revient sur ‘Motl en Amérique’, extraordinaire conte de l’immigration juive aux États-Unis. Mêlant la mémoire de sa famille au récit de Sholem-Aleikhem, Il évoque le périple jusqu’à la « Terre promise », le dépaysement des nouveaux arrivants et leur acculturation à la société américaine. Surtout, Abidor rend hommage à l’optimisme à toute épreuve de ces juifs qui avaient quitté « Pogromlande ». Le texte estt aussi disponible sous forme de Podcast, lu par Séphora Haymann.

Notre collaborateur Mitchell Abidor témoigne ici de sa colère contre une partie de son camp politique qui, « aveuglé par la haine d’Israël, craignant d’être associé aux gouvernements occidentaux [a fait disparaître] la boussole morale de la gauche ». Son récit de la production éditoriale au sein de cette dernière depuis le 7 octobre, en particulier celle de la presse juive de gauche, est précieux pour nous faire comprendre les ressorts d’une sorte d’impossibilité physique à y condamner les massacres du Hamas.

Dans le texte qu’il fait paraître dans K. cette semaine, Jean-Claude Milner nous offre son analyse acérée de l’évolution de l’alliance entre les États-Unis et Israël qu’il nous faut en effet constater. Et pour le philosophe, il s’agit bel et bien de circonscrire les ressorts d’un véritable divorce en cours. Bruno Karsenti et Danny Trom – avec en tête le très récent discours du chef de la majorité démocrate au sénat Chuck Schumer – reviennent sur le texte de Jean-Claude Milner et s’interrogent autrement sur la profondeur de la crise entre les États-Unis et Israël.

Dara Horn interroge la manière profondément ambiguë dont l’Occident, et en particulier l’Amérique, se rapporte aux juifs, et aux fantômes qu’ils évoquent.

Comment expliquer la convergence, apparemment si spontanée sur les campus américains, entre antiracisme et antisionisme ? Suivant le processus de radicalisation du mouvement des droits civiques, Christian Voller retrace dans ce texte la genèse du lien entre Black Lives Matter et Free Palestine. L’histoire qu’il nous fait suivre passe par Brooklyn, où la rencontre entre Afro-Américains et juifs traditionalistes prit parfois la forme d’une guerre de gangs.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.