Tous les articles de Danny Trom

Devant les tentations illibérales du gouvernement Netanyahou, comment trier les critiques d’Israël qui visent à trouver une solution en rappelant ce que fut l’intention directrice de cet État et celles qui visent à détruire ce qui est ? Et, notamment, comment la critique des juifs de la diaspora, en particulier d’Europe, peut-elle s’affranchir de ses inhibitions et de ses craintes d’être mal récupérée pour faire valoir sa position singulière ?

Dans la Roumanie communiste des Juifs ont été troqués contre des porcs, des veaux ou des vaches. C’est ainsi que les grands-parents de Sonia Devillers – comme elle le raconte dans Les Exportés (Flammarion, septembre 2022) – ont pu passer à l’ouest. Se dégage de la Roumanie un tableau aux couleurs de sang et de tripes : après avoir été abattus artisanalement, les juifs rescapés valaient tout juste le prix des bêtes contre lesquelles ils étaient échangés.

Mais qu’est-ce que l’État d’Israël ? Le livre de Danny Trom L’État de l’exil propose une réponse à cette question d’apparence simple : l’État d’Israël n’est pas, ne peut pas être, le simple État-nation du peuple juif. Israël est un État « pour les Juifs » qui, procédant de l’expérience politique des Juifs d’Europe, demeure inscrit dans la configuration exilique des Juifs, hors de laquelle son fondement-même viendrait à disparaître.

Comment comprendre la forme prise par le gouvernement récemment formé par Benjamin Netanyahou, dont l’axe trouve son épicentre au carrefour d’un sionisme religieux et d’un nationalisme lui-même toujours davantage teinté du référent religieux ? Comment la comprendre historiquement et circonstantiellement ? Danny Trom revient sur cet événement, qui marque une rupture dans l’histoire d’Israël et du sionisme lui-même.

On connait le genre du ‘Christmas movie’ (film de Noël) et ses sous-genres plus ou moins critiques inventés par Hollywood. Danny Trom, après avoir vu ‘Gremlins’ (1984), le film d’horreur réalisé par Joe Dante et produit par Steven Spielberg, analyse ce qui pourrait bien relever d’un sous-genre spécifique à identifier, celui du ‘Jewish Christmas movie’…

L’arrivée impromptue de la famille Netanyahou un jour de l’hiver 1959 sous le toit de la famille de Ruben Blum fait vaciller la vie du jeune professeur d’histoire dans une université de province de l’Etat de New York. Mais comment comprendre cet événement explosif que le romancier américain Joshua Cohen met en scène sans nous en livrer la clé ?

« Vengez-nous ». A la supplique qui sourdait des Juifs assassinés et figurait partout après-guerre – sur les murs des synagogues en ruine ou sur des petits morceaux de papier laissés par ceux qui en firent leur dernière volonté avant de périr – Abba Kovner, poète et combattant voulut répondre. Il chercha à prolonger la lutte partisane contre l’État nazi par une action de vengeance de grande ampleur. Il fomenta des plans qui échouèrent ou ne furent pas mis à exécution. Le legs d’Abba Kovner est celui d’une impasse, selon Danny Trom : l’impasse d’une vengeance pensée comme nécessaire et irréalisable.

Après Milo Lévy-Bruhl la semaine dernière, Danny Trom revient à son tour sur l’accord électoral inédit de la gauche française. Il réfléchit pour sa part et en particulier sur ce qui se niche derrière cet étrange nom de France Insoumise et l’imaginaire social et politique qu’un tel mot charrie. L’occasion ainsi d’indiquer le risque que constitue ce qui pourrait bien avoir été une « soumission » de toute la gauche à « l’insoumission » mélenchoniste.

« Je n’ai pas d’autre pays » écrit l’Israélien Ehud Manor dans un poème cité par Nancy Pelosi devant le Congrès américain. « Il n’y a pas d’Israël pour moi » dit le narrateur de Soumission, le roman de Michel Houellebecq. Danny Trom propose, à partir d’une analyse conjointe de ces deux énoncés, une distinction entre plusieurs expériences du rapport politique à son propre pays :  celle de n’avoir qu’un seul pays, celle de ne plus en avoir d’autre, et celle d’avoir une alternative fut-elle impraticable. Se pose ici la question : tout citoyen de son État en Europe, à présent, n’est-il pas en situation de toucher du doigt l’expérience juive ?

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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.