Universités
Comment les universitaires israéliens réagissent-ils à l’appel au boycott de leurs universités, et à l’idée qu’elles soutiendraient la politique menée par l’État hébreu ? Quelles relations entretiennent-ils avec le gouvernement Netanyahu, et comment la guerre a-t-elle affecté leur liberté académique ? Pour éclaircir ces questions, K. est allé les interroger directement. Nous publions les réponses des professeurs Itaï Ater et Alon Korngreen, membres du groupe « Universitaires pour la démocratie israélienne », ainsi que celles du professeur Eyal Benvenisti, membre du « Forum des professeurs de droit israéliens pour la démocratie ».
Qu’est-ce qui explique la capacité de l’antisionisme à agréger les luttes au nom de l’émancipation, et qu’Israël soit devenu le «mauvais objet » de la critique s’énonçant depuis l’université ? Dans un texte mesuré et éclairant, Bruno Karsenti interroge pas à pas la grammaire des mobilisations étudiantes pour dégager une perspective sur les reconfigurations politiques qui s’annoncent. Dans cette grammaire deux notions sont opposées comme irréconciliables : la nation et le peuple, deux notions dont la signification et les liens sont perdus de vue. C’est ainsi qu’une critique à la dérive se met en place. Et, sans que les étudiants le sachent nécessairement, c’est alors la vieille ‘question juive’ qui trouve une nouvelle formulation, autour de l’impensable persistance du peuple juif dans la nation moderne.
Sur quel terreau culturel prend appui la condamnation radicale d’Israël ? Dans ce texte, Eva Illouz applique le principe de déconstruction des représentations qu’affectionne tant une partie de la gauche à la question de l’antisémitisme. Elle éclaire ainsi le vieux trope qui nourrit la passion militante, et lui permet de se donner bonne conscience : l’idée que les juifs représentent un danger pour l’humanité.
Comment les universités israéliennes évitent-elles de se laisser submerger par le conflit ? Dans cet entretien — deuxième épisode de notre série de reportages en Israël –, Mona Khoury, première Vice-Présidente arabe de l’histoire de l’Université hébraïque de Jérusalem, témoigne du succès des efforts entrepris pour assurer la continuité de la vie universitaire après le 7 octobre et malgré le conflit, tout en portant un regard critique sur la manière dont, ailleurs dans le monde, les campus se sont laissés déborder par l’embrasement idéologique.
Les universités européennes et américaines, considérées jadis comme politiquement neutres, se sont progressivement impliquées dans des déclarations politiques en solidarité avec les victimes d’injustice. Pourtant, lors d’événements impliquant le conflit israélo-palestinien, sans se concerter, tacitement et d’un même mouvement, elles ont généralement gardé le silence. Pourquoi ? Que signifie, en particulier, qu’un pan majoritaire des sciences sociales soit devenu incapable d’étudier la condition juive d’un point de vue objectif, semblant placer irrépressiblement « les juifs » dans le camp des « dominants » ?
David Hirsh raconte la controverse qui flambe depuis quelques semaines autour de David Miller, du nom de ce professeur de sociologie à l’université de Bristol, pour qui « la sphère publique britannique est prise d’assaut par l’État d’Israël et ses défenseurs ». Un récit qui permet de revenir sur la question de l’antisémitisme qui gangrène une partie de la gauche britannique depuis des années.
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La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.