Postcolonialisme
Alors que l’antisémitisme sévit dans le monde entier, la mémoire de la Shoah est de plus en plus critiquée au nom d’idées postcoloniales. La dernière attaque en date est signée par l’historien australien Dirk Moses. Le grand historien de la Shoah Saul Friedländer, dans un article originairement paru dans Die Zeit, contre-attaque : l’extermination des Juifs est un événement qui diffère fondamentalement des atrocités coloniales commises par l’Occident.
Une certaine pensée postcoloniale est diamétralement opposée à ce que l’on peut considérer comme une politique de gauche, elle relève d’une politique identitaire délirante et serait structurellement anti-juive soutient Horst Bredekamp – le grand historien d’art et fondateurs du Forum Humboldt de Berlin – dans un tribune paru dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) qui a suscité un écho considérable sur la scène intellectuelle et médiatique allemande. Nous le reprenons dans K., en le mettant en contexte au sein de la controverse où il a vu le jour.
La vocation du Forum Humboldt est d’accueillir des expositions sur les cultures non européennes. Mais ce musée ethnographique est aujourd’hui au cœur d’une controverse concernant la propriété d’œuvres d’art et d’objet obtenus à l’époque de l’empire colonial allemand en Afrique et en Asie. Nous avons voulu, dans cet entretien avec l’historien d’art Horst Bredekamp, en savoir davantage sur une tradition ethnographique allemande oubliée – et en particulier sur la contribution des savants et collectionneurs juifs au sein de cette tradition.
La Shoah constitue-t-elle un crime d’une nature absolument singulière faisant césure dans l’histoire de l’Europe ou faut-il ne la compter que comme un crime parmi d’autres, n’ayant à ce titre rien d’extraordinaire ? Cette question a départagé, il y a plus de trente ans, l’intelligentsia allemande en une droite conservatrice et une gauche libérale. On la croyait tranchée. Apparemment, il n’en est rien…
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