Voilà les fêtes de fin d’année, et avec elles leur cortège d’images d’Épinal. Dans les rues, le bon peuple, qui n’a jamais perdu son âme d’enfant, s’extasie devant les décorations brillantes et s’empresse d’acheter cadeaux et victuailles. Dans les chaumières, un délicat fumet s’échappe de la cuisine, tandis que l’air s’emplit du tintement des verres que l’on trinque, des rires qui fusent et des cris de marmots surexcités. Tout est parfaitement à sa place. Chacun sait néanmoins que cette image idéale à laquelle les familles s’efforcent de donner consistance possède son revers : tout comme la crise de foie vient rappeler à la réalité cet estomac que l’on croyait sans fond, l’éruption du clivage politique ou religieux risque à tout moment de révéler le caractère illusoire de l’harmonie familiale. Dans l’imaginaire collectif, la figure de l’oncle raciste en est venue à incarner cette menace de rupture intestine qui ne se laisse jamais entièrement conjurer. Nul doute que certains de nos lecteurs s’y seront confrontés lors des nombreux repas de la fin d’année… Quant aux autres, ils pourront vivre pleinement l’esprit des fêtes en découvrant le récit personnel qu’O. Bouquet consacre à son oncle antisémite, et aux dilemmes qui se posent à celui dont les enfants sont juifs au sein d’une vieille famille catholique.
Parce que le meilleur remède contre l’indigestion de bons sentiments est encore le mauvais esprit, nous republions par ailleurs l’analyse que Danny Trom avait consacrée à Gremlins de Steven Spielberg et Joe Dante. Dans ce film, Noël, et avec lui l’ordre cosmogonique, sont mis sens dessus dessous : ce détournement parodique relèverait-il d’un genre spécifique, celui du Jewish Christmas movie ?
Enfin, à défaut de Rois mages, Le Juif errant est arrivé dans sa version podKast. Vous pourrez désormais écouter la première partie des bonnes feuilles du reportage qu’Albert Londres a consacré en 1929 aux juifs d’Europe, lues par Julien Frégé-Sebag.