Témoignage

Trois éclats biographiques d’une filiation juive post-Crémieux, translatée entre l’Algérie et la France, voilà ce que nous offre ici le philosophe François-David Sebbah. Il y est lui-même situé en bout de récit, sous le visage de l’enfant. C’est à redevenir enfant en effet qu’il s’est exercé dans le livre, intitulé « Ses vies d’Afrique », dont ces quelques pages sont extraites et qui paraîtra à l’automne prochain aux Éditions Manucius. Il l’a fait pour mieux comprendre et pour mieux donner à voir ce qui, en lui, s’est secrètement conservé et déplacé de cette mémoire séfarade éminemment française. On verra qu’il y est lui-même suspendu à la manière d’un paragraphe rattaché à un plus long texte, impossible à unifier cependant, et voué pour cette raison à se présenter sous la forme d’éclats.

Deux témoignages, ceux des parents de Philip Schlesinger, se rejoignent à la frontière de l’intime et de l’histoire, dans une union déracinée où l’alliance semble surtout de circonstance. De la fuite hors de l’Autriche nazi aux difficultés de l’intégration à la société britannique, se dessine une identité prise entre le continent européen et cette île à l’appartenance incertaine.

Coïncidence du calendrier, Danny Trom avait prévu ses vacances en famille à Séville, pile pendant la Semaine Sainte. Perdus au milieu des défilés de pénitents, le Lexomil ne suffisant pas pour contrer une peur et une angoisse juive sans doute ataviques, il s’est improvisé correspondant journalistique de cette expérience archaïque du catholicisme.

Pour la Journée internationale des droits des femmes, K. publie un texte qui détonne par rapport à sa ligne habituelle. Une jeune femme juive nous a en effet fait parvenir un manuscrit qui, pastichant le célèbre SCUM Manifesto (1967) de la militante féministe radicale Valérie Solanas, exprime avec virulence sa colère face à la surdité du monde juif aux revendications d’émancipation féminine. Considérant que si, certes, la colère n’est pas encore la politisation, elle est néanmoins ce qu’on obtient à maintenir le couvercle sur ce qui bout, nous avons décidé nous avons décidé de le traduire de l’anglais et de le publier.

Parmi tous les courriers plus ou moins agréables adressés à la rédaction de K., une lettre nous a fait particulièrement chaud au cœur. Elle provient d’un de nos plus estimés collaborateurs qui, paradoxalement, vient de découvrir qu’il écrivait pour la revue.

À un dîner de famille, une réflexion antisémite, dite l’air de rien, vient rompre l’atmosphère festive, et précipiter la rupture. O. Bouquet nous propose ses variations sur le topos de « l’oncle raciste », en profitant pour interroger un pan de l’histoire familiale et nationale. 

Notre cher collaborateur Karl Kraus nous a confié le fruit de son labeur estival : deux brèves inspirées par des événements dont la banalité lui a semblé lourde de sens. D’un parc viennois à un Hypercasher parisien, une courte phrase suffit parfois pour témoigner de la bêtise de l’époque ou, au contraire, pour exprimer avec justesse ce qu’elle a d’éreintant.

Cette semaine, nous vous proposons de (re)découvrir quelques témoignages écrits à la première personne pour K. Avec des textes de Ruben Honigmann, Yossef Murciano, Judith Lyon-Caen, Judith Offenberg, Ivan Segré, Gabriel Abensour et Frédéric Brenner.

Pour les juifs, la situation politique actuelle donne l’impression d’être pris dans un étau, comme s’il était impossible de se positionner sans se trahir. Dans ce texte, Judith Lyon-Caen témoigne de ce doute qui l’assaille et de la manière dont un simple petit « h » de trop peut venir inscrire l’impossibilité de s’en défaire.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.