Près de la ville de Rovzhi, à une heure de Kiev, un shtetl a été construit en 2021 sur plus d’un hectare de terrain, pour servir de décor au film d’Ady Walter, entièrement tourné en yiddish et intitulé Shttl. Le film, qui sortira en France dans les prochains mois, a déjà été présenté dans de nombreux festival et a obtenu le prix du public au festival de Rome. Macha Fogel avait réuni pour Akadem son réalisateur Ady Walter, l’historien spécialiste des Juifs d’Ukraine et d’Europe orientale Thomas Chopard et le directeur de la Maison de la culture yiddish à Paris Tal Hever-Chybowski, qui a participé à l’élaboration du film. Ensemble, ils évoquent cette œuvre unique, qui récrée un monde au bord du désastre – le film se déroule en juin 1941 dans un village ukrainien à la frontière polonaise, vingt-quatre heures avant le déploiement de l’Opération Barbarossa. Ils s’attardent aussi sur le contexte unique de sa création, dans une Ukraine qui bascule dans la guerre. Une occasion de revenir sur la figure des juifs soviétiques et de s’interroger sur l’identité juive ukrainienne, dans l’histoire et jusqu’à aujourd’hui.
Après « Ton allemand, c’est de l’hébreu ? », « Krawuri : ma troisième pièce d’identité » et « La souka de mon père » Ruben Honigmann poursuit l’exploration intime de ses questionnements – toujours à la fois ironique et profonde – que nous sommes toujours heureux de publier dans K. A l’origine de son nouveau témoignage, une photo de classe qui le montre en 1995 au milieu de ses camarades de l’école Aquiba, à Strasbourg. Que sont devenus ceux qui l’entourent sur l’image ? Et comment fait-il le lien entre celui qu’il était il y a près de trente ans et celui qu’il est aujourd’hui ?
En ce jour de fête de la musique, nous republions le texte de Philippe Olivier consacré à la musique classique sous le IIIe Reich et à la postérité des grands interprètes nazis. On le sait, la musique a joué un rôle fondamental dans l’Allemagne d’Hitler. Les grands compositeurs allemands classiques, romantiques et postromantiques auront fourni une grande part de la bande-son du régime nazi. Entre 1933 et 1945, des musiciens se sont ainsi épanouis à l’ombre du IIIe Reich, s’engageant avec plus ou moins d’exaltation derrière leur führer. Certains d’entre eux furent des artistes d’exception, poursuivant une carrière glorieuse après la guerre, et leurs disques demeurent des références et des jalons dans l’histoire de l’interprétation. Comment les écouter aujourd’hui ? Philippe Olivier, historien de la musique et musicologue, qui n’entend pas oublier le hors-champ politique de ces enregistrements, soulève la question de sa propre gêne à l’écoute de ce patrimoine musical.