Politique

Free Palestine. Le slogan à la traduction ambigüe fait florès dans les manifestations en soutien à la population de Gaza. Que sous-tend-il ? Dans ce texte d’une clarté déconcertante, l’essayiste Hussein Aboubakr Mansour revient aux sources du slogan et propose une archéologie de la volonté politique qu’il porte.

Face à l’inflation verbale qui, depuis le 7 octobre, monte dans la société civile, le monde politique et les sciences sociales, Jürgen Habermas et trois éminents collègues de l’Université de Francfort – Nicole Deitelhoff, Rainer Forst et Klaus Günther – tiennent à mettre au point ce que solidarité avec Israël, mais aussi avec le peuple palestinien, veut réellement dire. Un texte bref et percutant, écrit dans la meilleure tradition de la théorie critique qui, pour pasticher l’un de ses fondateurs, T. W. Adorno, assume que lorsqu’on se trouve dans un monde qui joue avec les mots, il convient de mettre cartes sur table.

Cette semaine, notre collaborateur Karl Kraus se penche sur cette étrange tendance qu’un nombre considérable de militants ultra-progressistes, voire révolutionnaires, nourrissent pour prendre la défense de mouvements dont le but affiché est leur destruction. Où il est question de poulets parlants, de Queers for Palestine, de juifs menteurs et perfides, de « pinkwashing » et d’avant-garde ringarde.

La marche contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier a été perçue comme un succès. Les Juifs ne sont pas (si) seuls. La Rédaction de la Revue K. se demande aujourd’hui — car les enjeux subsistent — quelles sont les prochaines étapes nécessaires à une véritable prise de conscience face à la force de l’antisémitisme en France.

Alors que la situation de la population de Gaza s’aggrave et que le sort des otages aux mains du Hamas reste suspendu, l’appel légitime au cessez-le-feu devient de plus en plus insistant. Dans ce contexte, où domine un sentiment d’urgence à la fois humanitaire et politique, se pose en en effet la question du degré auquel la riposte d’Israël doit se produire après le crime inouï qui l’a frappé. Bruno Karsenti s’en saisit en posant la question tout aussi cruciale de la position dont doit être capable Israël pour rester fidèle à ce qu’il est.

Notre collaborateur Mitchell Abidor témoigne ici de sa colère contre une partie de son camp politique qui, « aveuglé par la haine d’Israël, craignant d’être associé aux gouvernements occidentaux [a fait disparaître] la boussole morale de la gauche ». Son récit de la production éditoriale au sein de cette dernière depuis le 7 octobre, en particulier celle de la presse juive de gauche, est précieux pour nous faire comprendre les ressorts d’une sorte d’impossibilité physique à y condamner les massacres du Hamas.

Le discours prononcé le 2 novembre à propos de la situation au Proche-Orient par le Vice-chancelier allemand Robert Habeck, membre des Verts, a frappé les esprits. D’une clarté sans faille, qui sans doute en Europe ne pouvait venir que d’Allemagne, il y insiste à la fois sur le droit des Palestiniens à avoir leur propre État et celui d’Israël à défendre sa sécurité. Fustigeant l’ambiguïté d’une partie de l’opinion envers le Hamas, il explique pourquoi l’Allemagne et l’Europe, si elles veulent rester fidèles à ce qui fonde leur légitimité politique, ne doivent céder en aucune circonstance et pour aucune raison « humanitaire » sur le combat contre l’antisémitisme.

« Israël face au vertige de la vengeance » titrait une tribune parue dans ‘Le Monde’ une semaine après le 7 octobre. Pourtant, c’est se leurrer d’imaginer qu’Israël agira dans ce registre-là. Danny Trom explique pourquoi il n’y aura pas et ne peut y avoir de vengeance d’Israël en décryptant ce que cette mise en garde, qui se fait partout entendre, charrie imperceptiblement.

Sergey Lagodinsky est un homme politique allemand (Les Verts) d’origine juive russe, membre du Parlement européen depuis 2019. « Nous avons tous été attaqués » est paru quelques jours après les attaques du Hamas dans le ‘Frankfurter Allgemeine Zeitung’. Il y témoigne de son inquiétude quand, face aux « terroristes [qui] détruisent des corps humains », il voit, au cœur de l’Europe démocratique, « les voisins indifférents, les silencieux discrets, les relativistes froids et tous ceux, nombreux, qui sont trop bien confortablement installés là où ils sont pour affronter sérieusement la nouvelle réalité. »

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.