Politique
Sans rien changer à sa matrice idéologique, l’extrême droite a su faire du soupçon qui pesait sur elle une force – celle d’assumer ce qu’elle fait et de contrôler ce qu’elle dit –, aidée en cela par des adversaires qui, plutôt que d’assumer leur responsabilité politique, se réfugient dans des postures enfantines : « on ne savait pas… »
Au cours des élections législatives, la question de l’antisémitisme s’est trouve placée au centre du débat politique. K. se devait de s’y positionner. Deux voix juives, celles de Bruno Karsenti et de Danny Trom, s’articulent et se répondent ici. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de faire tenir à chacun un pôle du dilemme électoral, mais bien plutôt de le saisir à deux niveaux différents…
« Outrage », « infamie », « affront ». L’accusation d’antisémitisme portée contre la FI a éveillé la susceptibilité d’un groupe d’intellectuels organiques. Ces derniers ont publié une tribune dans le média de gauche Au poste dans le but de récuser de la « manière la plus sérieuse et précise possible » cette incrimination.
Depuis qu’y durent les mobilisations étudiantes en soutien à Gaza, les universités sont devenues l’objet de toutes les curiosités médiatiques et politiques. Mais comment la situation se présente-t-elle quand on l’observe de l’intérieur ? Un étudiant, familier du monde militant, nous livre son regard sur ce qui s’est passé dans les facs, sur les forces en présence et les ambiguïtés qui traversent la mobilisation pro-palestinienne.
Le résultat du sionisme réalisé, c’est-à-dire l’accès à la souveraineté politique, a aussi signifié pour l’État des juifs la nécessité d’exercer une violence. Dans ce texte, Danny Trom revient sur les difficultés à assumer cette violence infligée, et sur son articulation avec la violence subie par les juifs. Comme si, après la révolution sioniste, les juifs ne pouvaient qu’osciller dans leur rapport à la violence.
Qu’est-ce qui explique la capacité de l’antisionisme à agréger les luttes au nom de l’émancipation, et qu’Israël soit devenu le «mauvais objet » de la critique s’énonçant depuis l’université ? Dans un texte mesuré et éclairant, Bruno Karsenti interroge pas à pas la grammaire des mobilisations étudiantes pour dégager une perspective sur les reconfigurations politiques qui s’annoncent. Dans cette grammaire deux notions sont opposées comme irréconciliables : la nation et le peuple, deux notions dont la signification et les liens sont perdus de vue. C’est ainsi qu’une critique à la dérive se met en place. Et, sans que les étudiants le sachent nécessairement, c’est alors la vieille ‘question juive’ qui trouve une nouvelle formulation, autour de l’impensable persistance du peuple juif dans la nation moderne.
Les théories du complot semblent parfois liées à la critique sociale, comme si, parce qu’elles entendent tenir tête à ce qu’elles perçoivent comme le pouvoir d’une élite antidémocratique, elles pouvaient jouer un rôle dans le bon fonctionnement de la démocratie. Si on considère cependant la critique complotiste comme une forme de critique anti-hégémonique parmi d’autres, comme certaines interprétations le font valoir, on risque de se rendre aveugle à un point pourtant important : le fait qu’elle s’avère régulièrement antisémite.
Sur quel terreau culturel prend appui la condamnation radicale d’Israël ? Dans ce texte, Eva Illouz applique le principe de déconstruction des représentations qu’affectionne tant une partie de la gauche à la question de l’antisémitisme. Elle éclaire ainsi le vieux trope qui nourrit la passion militante, et lui permet de se donner bonne conscience : l’idée que les juifs représentent un danger pour l’humanité.
Début 2023 : Israël s’enfonce dans une crise politique inédite. À la tête d’un gouvernement d’alliance avec l’extrême droite, Benyamin Netanyahou veut imposer une réforme du système judiciaire. La contestation est massive. Octobre 2023 : les terroristes du Hamas font basculer Israël dans l’effroi et la guerre. Le grand historien de la Shoah Saul Friedländer, observant l’évolution du pays dans lequel il est arrivé en 1948 à seize ans et où il a longtemps vécu avant de poursuivre sa carrière universitaire aux États-Unis, tient un journal dont nous publions quelques pages. Dans celles-ci, il interroge le danger interne que fait planer sur Israël la conjonction, au sein même du gouvernement, d’un nationalisme étriqué à un messianisme religieux.
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