Sionisme
Y’a-t-il dans l’histoire juive, un autre modèle de souveraineté juive que le modèle sioniste nationaliste ? Avec sa lecture personnelle du dernier essai d’Amnon Raz-Krakotzkin, Conscience mishnique, conscience biblique : Safed et la culture sioniste, Noémie Issan-Benchimol nous fait découvrir une autre manière de penser l’existence juive en terre d’Israël : le modèle de Safed, pour lequel il n’est pas d’en dehors de l’exil.
Cette semaine, nous nous immergeons dans quelques uns des méandres du débat intellectuel entourant l’État d’Israël. Avec des textes de Denis Charbit, Eva Illouz, Danny Trom, Abraham Zuraw, Karl Kraus et Boris Czerny.
On connaissait l’antisionisme, mais qu’est-ce que peut bien être le contre-sionisme ? Dans cette critique du dernier livre de Shaul Magid, The Necessity of exil, Abraham Zuraw s’interroge sur la pertinence d’une certaine modalité juive-américaine de la critique d’Israël, qui s’énonce au nom d’une métaphysique de l’exil dont on peine à saisir la consistance.
Professeur américain d’histoire des religions, éminent spécialiste du Talmud et du judaïsme antique, Daniel Boyarin a récemment fait paraître ‘The No-State Solution. A Jewish Manifesto’ [Pas d’État : la solution. Un manifeste juif] qui se présente, dès sa quatrième de couverture, comme un « livre provocateur ». Celui-ci – qui n’est pas encore traduit en français – suscite déjà la discussion. Danny Trom revient sur l’antisionisme et le diasporisme radical qu’y défend l’auteur.
Devant les tentations illibérales du gouvernement Netanyahou, comment trier les critiques d’Israël qui visent à trouver une solution en rappelant ce que fut l’intention directrice de cet État et celles qui visent à détruire ce qui est ? Et, notamment, comment la critique des juifs de la diaspora, en particulier d’Europe, peut-elle s’affranchir de ses inhibitions et de ses craintes d’être mal récupérée pour faire valoir sa position singulière ?
La crise en Israël et le combat pour la démocratie qu’elle manifeste, parmi les Israéliens comme au sein de la diaspora, a au moins ce mérite de clarifier une situation qui apparaissait jusque là comme paralysée et paralysante. Elle oblige à se saisir d’un moment opportun pour reprendre certaines questions fondamentales qui conditionnent l’avenir des juifs dans leur ensemble.
Ce texte est une réaction à l’article de Danny Trom – « Israël : vers la rupture ? » – paru dans K., qui traitait du déroulement dramatique des événements israéliens depuis les dernières élections. Le chercheur israélien en histoire juive moderne Amos Morris-Reich y insiste sur ce qui peine, selon lui, à être clairement vu depuis l’Europe : le rôle actif de Benjamin Netanyahou dans la crise que traverse Israël et l’extrême fragilité de la cohésion de sa société.
Mais qu’est-ce que l’État d’Israël ? Le livre de Danny Trom L’État de l’exil propose une réponse à cette question d’apparence simple : l’État d’Israël n’est pas, ne peut pas être, le simple État-nation du peuple juif. Israël est un État « pour les Juifs » qui, procédant de l’expérience politique des Juifs d’Europe, demeure inscrit dans la configuration exilique des Juifs, hors de laquelle son fondement-même viendrait à disparaître.
Historien des religions à l’Université hébraïque de Jérusalem, Guy G. Stroumsa revient sur la nouvelle situation politique en Israël après les grandes manifestations de ces derniers jours. Il insiste sur les dimensions religieuses du problème et les difficultés auxquelles l’histoire du sionisme a été confrontée dans sa tentative de résoudre, sans y parvenir, la question de l’imbrication du religieux et du national en Israël.
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