Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de six textes, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de quelques thématiques phares. Cette semaine, nous vous proposons de (re) découvrir le travail de K. sur les mots du conflit. Avec des textes de Bruno Karsenti, Julia Christ, Danny Trom, Diana Muir, Hussein Aboubakr Mansour et David Lemler.
*
« Apartheid » ou le déni de la politique dans le conflit israélo-palestinien
Par Bruno Karsenti et Danny Trom – Paru le 3 octobre 2023
Dans le numéro 129 de K., nous revenions sur la lettre ouverte, titrée « Elephant in the room », dénonçant l’État d’Israël comme régime d’Apartheid. La pétition fut signée par plus de 2.500 universitaires regroupant en un attelage encore inimaginable quelques mois auparavant des sionistes convaincus et des antisionistes déclarés. Nous avons donné la parole à plusieurs auteurs de notre revue qui ont expliqué pourquoi ils avaient signé, même s’ils ne souscrivaient pas à l’usage du mot d’apartheid. Le texte qui suit explique pourquoi une telle qualification est historiquement et politiquement impropre, contre-productive, fruit d’une analogie absolument impraticable sauf à vouloir jeter avec mauvaise foi un discrédit total sur l’histoire et l’existence même du sionisme.
Lire le texte de Bruno Karsenti et Danny Trom
« Une terre sans peuple pour un peuple sans terre »
Par Diana Muir – Paru le 3 janvier 2024
Les premiers sionistes croyaient-ils vraiment que la Palestine fût une terre déserte, sans population ? C’est, pour certains, ce qui se laisserait deviner derrière la formule « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Diana Muir, en retraçant ici l’histoire de l’origine et des usages de cette formule, montre que ce serait à la fois faire au sionisme un mauvais procès et évacuer la question de la construction de l’identité nationale palestinienne.
>> Lire le texte de Diana Muir
Le nihilisme de ‘Free Palestine’
Par Hussein Aboubakr Mansour – Paru le 22 novembre 2023
Free Palestine. Le slogan à la traduction ambigüe fait florès dans les manifestations en soutien à la population de Gaza. Que sous-tend-il ? Dans ce texte d’une clarté déconcertante, l’essayiste Hussein Aboubakr Mansour revient aux sources du slogan et propose une archéologie de la volonté politique qu’il porte.
Lire le texte d’Hussein Aboubakr Mansour
Hayot Adam (« les bêtes sauvages à forme humaine »), un cri contre l’humanité
par David Lemler – Paru le 6 décembre 2023
Au lendemain de l’attaque du 7 octobre, l’expression « hayot adam » prononcée par plusieurs dirigeants israéliens pour désigner les terroristes du Hamas a choqué, alimentant des polémiques. Traduite de diverses façons par « animaux », « bêtes sauvages », « animaux humains », elle interpelle par sa violence symbolique et, pour qui est sensible aux résonances de la langue hébraïque, par les échos qu’elle trouve dans des textes bibliques et rabbiniques. Le philosophe David Lemler s’engage dans une archéologie de cette expression problématique qui puise tout à la fois dans la mémoire des pogroms et du nazisme et dans des racines plus enfouies dans la représentation du non-Juif dans les sources traditionnelles.
« Plus jamais ça ! » : une généalogie
par Danny Trom – Paru le 6 mars 2024
Quel est le ça dont le slogan « Plus jamais ça ! » cherche à conjurer la répétition ? Alors que l’utilisation de la formule se banalise, au point que certains n’hésitent pas à la retourner contre l’État d’Israël, Danny Trom en retrace la genèse, au-delà de la référence à la Shoah. Interrogeant la manière dont les pionniers sionistes se sont appropriés le récit de la résistance héroïque de la forteresse de Massada face aux légions romaines, il éclaire la manière dont le slogan s’articule à la condition juive, et comment il peut encore informer notre perspective sur la situation actuelle.
Peut-on être antisioniste ?
par Julia Christ – Parue le 17 avril 2024
« Il faut différencier entre antisionisme et antisémitisme » affirment ceux à qui il ne plaît pas d’être qualifiés d’antisémites. Cette exigence, à première vue, n’a rien d’insensée : il est en effet nécessaire de distinguer ce qui relève d’une critique légitime de l’État des juifs d’un sentiment louche et douteux à l’égard de ces derniers. Est-il pour autant nécessaire d’inventer un mot spécifique pour cette critique ? La philosophe Julia Christ traque les différents usages possibles de la notion d’ « antisionisme » et se demande à quelle condition, et dans quel contexte, la critique de l’État d’Israël peut légitimement se dire antisioniste. Cette petite analytique de la critique étatique et de ses modalités permet de mieux percevoir quand l’antisionisme n’est qu’un autre mot pour antisémitisme.