Jonas Pardo fait partie de cette nouvelle génération de militants juifs de la gauche radicale ayant décidé de ne plus laisser passer l’antisémitisme qui s’y manifeste parfois. Après avoir longtemps caché son identité juive au sein de son camp politique, il a fini par renoncer à cette dissimulation, symptôme d’un malaise persistant, pour faire son coming out et engager des discussions sur les préjugés contre les Juifs et contre Israël qui peuvent s’exprimer à gauche et à l’extrême gauche. De ces discussions est née sa nouvelle activité : organiser des formations à la lutte contre l’antisémitisme à destination spécifique de la gauche. Le texte, édifiant et courageux qu’il nous propose cette semaine, est à la fois un témoignage sur son parcours personnel et le récit de ces formations, adaptées à un public bien précis et qu’il connait bien. Militants associatifs, politiques, antiracistes et syndicaux mais aussi journalistes, artistes et universitaires… c’est aujourd’hui près de 300 personnes qui ont assisté à cette formation : des salariés de Mediapart, les participants au séminaire de la maison d’édition Crises et Critiques, les membres de la coopérative agricole Longo Maï ou les organisateurs de la campagne « Antiracisme et Solidarité » de Toulouse. Une intervention auprès de EELV lors des journées d’été du parti écologiste a ouvert les possibilités d’une formation auprès des députés NUPES qui ont signé la charte proposée par le groupe de travail « lutte contre l’antisémitisme ». D’où la question que pose son texte : certains à gauche seraient-ils prêts à rattraper leur retard dans la lutte contre l’antisémitisme ?
La catégorie de « Juifs arabes » – ou de « Juifs d’Orient » – s’est retrouvée au cœur d’une polémique, engagée par une partie du monde intellectuel arabe, à l’occasion de l’exposition qui s’est tenue à l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 13 mars dernier : « Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire. » Denis Charbit, dans son texte « Le départ des Juifs des pays arabes, 1948-1967 », avait déjà réexaminé pour K. un des nœuds de la question soulevée : les conflits d’interprétations concernant la disparition quasi-totale, en vingt ans, des Juifs installés pendant des siècles sur la vaste région qui s’étend du Maghreb au Machrek. Cette semaine, Elie Beressi et Noémie Issan-Benchimol proposent une remise en contexte et une réflexion autour de cette notion de « Juifs arabes » – avant tout des Arabes judaïsant ou bien une communauté distincte de la majorité de la population au sein de laquelle elle a vécu pendant des siècles ? – et de ses usages politiques contemporains.
« J’ai d’abord cru que j’étais écrivain puis je me suis rendu compte que j’étais juif, puis je n’ai plus distingué en moi l’écrivain du juif, car l’un et l’autre ne sont que le tourment d’une antique parole. » C’est par ces mots d’Edmond Jabès que s’ouvre le texte par lequel Henri Raczymow nous raconte comment il est devenu un écrivain juif. L’auteur, notamment, de Dix jours « polonais » (Gallimard, 2007), revient sur les lectures qui l’ont formés et sur quelques-uns de ses livres, pour évoquer son parcours et réfléchir sur le sens d’une articulation : Écrivain juif ; Juif écrivain ?...