À la veille du second tour de l’élection présidentielle en France, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Malgré les changements de labels et d’images, malgré les conversions idéologiques plus ou moins sincères ou tactiques, en France comme ailleurs en Europe, la poussée nationaliste déstabilise de plus en plus l’Union européenne. Si la version française de cette force devait l’emporter dimanche, c’est l’équilibre général de l’Europe politique qui s’en trouverait bouleversé. K. propose donc cette semaine – à travers trois textes déjà parus au cours de l’année passée – de se pencher vers l’Est pour considérer les cas de la Hongrie, de la Pologne ou de l’Autriche (celle de Sebastian Kurz qui, avant sa démission, a gouverné un temps avec l’extrême droite[1]), où cette dynamique nationaliste trouve ses meilleurs relais, afin de prendre concrètement la mesure de la menace imminente qui plane sur la France. Si la France devait rejoindre le camp des démocraties où dominent les forces dites « illibérales », que celles-ci y soient seules ou dans une coalition — ce bloc qui prône la priorité absolue des intérêts nationaux, qui espère défaire la solidarité européenne, qui veut corseter l’État de droit, qui porte une révolution conservatrice capable de mettre la nation au pas et pour qui la solidarité est toujours au prix d’une purification interne, d’une révision enchantée du passé national et d’une inquiétante ambiguïté à l’égard des juifs — les dégâts seraient immenses et peut-être irréversibles pour toute l’Europe. Si cette force essuie dimanche une défaite, elle causera, certes, un grand soulagement. Mais tant que les causes de cette poussée ne sont pas prises à bras le corps, il y a fort à parier qu’elle se renforcera encore et finira fatalement par l’emporter.
Notes
1 | Et l’article sur l’Autriche revient notamment sur la figure de Jorg Haider, l’un des précurseurs du national-populisme en Europe. |