#40 / Edito

 

Il y a des reproches que l’on est content d’entendre, comme celui venant de lecteurs qui regrettent de ne pas avoir toujours le temps de lire tous les textes publiés chaque semaine dans K. Dans les deux derniers numéros de l’année nous republions donc quelques textes choisis. En premier lieu, l’interview de Sergio Della Pergola paru au premier jour de la revue, le 21 mars 2021. Le démographe venait alors de publier – avec Daniel Staetsky et le Jewish Policy Research institute – une étude sur l’ évolution du nombre de juifs dans l’Europe post-Shoah – une évolution qui tend irrésistiblement à la baisse. Autour de 1880, les Juifs européens représentaient 90% des Juifs du monde. En 1939, ils étaient environ 10 millions à vivre en Europe. Après la Shoah ils n’étaient plus que 35% de la population juive totale et en 2020, les Juifs d’Europe ne représentent plus que 9% des Juifs du monde. Aujourd’hui, ils sont environ 1,3 million. Les 3/4 des Juifs qui, après la Shoah, ont été présents en Europe ont fini par quitter cet espace. La part des Juifs représente aujourd’hui 0,2 % de la population européenne et continue à diminuer. Ces chiffres soulèvent d’emblée une série de questions sur le présent et l’avenir du judaïsme européen qui ont été à la base de notre désir de créer K.

Nous avons déjà diffusé deux podcasts – l’un avec Joan Sfar et l’autre avec la réalisatrice Yolande Zauberman. C’est celui avec la réalisatrice de Moi Ivan, Toi Abraham, de Classified people et de Would you have sex with an arab ? que l’on peut à nouveau entendre cette semaine. Conversant avec Avishag Zafrani, Yolande Zauberman nous emmène sur les territoires arpentés par ses films : un shtetl oublié, aux marges d’Israël, au carrefour d’un quartier orthodoxe et une boîte queer de Tel-Aviv. Elle évoque aussi son prochain film sur Golda Meir et son amant libano-palestinien.

Enfin, la semaine dernière, Danny Trom faisait pour nous la visite du « yung yiddish » à Tel-Aviv et le portrait de son créateur Mendy Cahan : un monde où le yiddish semble devoir exister sur un mode secret et clandestin. Pour faire écho à ce texte, nous republions le texte de Macha Fogel, Nouvelles du monde yiddish : Quel entre-soi ?, où notre chroniqueuse réfléchit à l’actualité paradoxale et complexe du yiddish, à ce qu’il permet encore d’exprimer aujourd’hui. Qu’est-ce que cette langue, à l’histoire sans pareille, offre à ceux qui ne cessent pas de l’utiliser. Le yiddish est-il une langue de l’entre-soi ou de l’échange, ou bien les deux à la fois ?

Entretien avec Sergio Della Pergola, qui vient de publier une volumineuse étude démographique sur les Juifs d’Europe. Autour de 1880 ceux-ci représentaient 90% des Juifs du monde. Ils n’en représentent plus aujourd’hui que 9% >>>

Dans le nouveau podcast de K., Yolande Zauberman nous raconte son rapport particulier à la langue et ce qui l’amène à aller à la rencontre des personnages de ses documentaires. Tout en recueillant les paroles interdites, du désir ou du crime, elle nous entraîne parallèlement dans des mondes inconnus : celui d’un shtetl oublié, ou encore aux marges d’Israël, au carrefour d’un quartier orthodoxe et d’une boîte queer de Tel-Aviv…

Dans sa première chronique pour K., Macha Fogel donnait de nouvelles de la florissante presse yiddish hassidique d’aujourd’hui. À l’occasion de cette deuxième adresse, elle réfléchit à ce que le yiddish offre à ceux qui l’utilisent. Est-il une langue de l’entre-soi ou de l’échange, ou bien les deux à la fois ?

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.