# 180 / Edito

Pendant cette pause estivale, la revue interrompt ses publications originales. Cependant, en attendant la rentrée, nous proposons chaque semaine à nos lecteurs un dossier de reprises explorant une thématique qui nous a souvent mobilisés. L’occasion de découvrir l’article à côté duquel vous étiez passé, de redécouvrir celui qui vous avait interpellé, et de partager à vos amis qui ne connaissent pas encore K. quelques-unes de ses publications. Pour rappel, nos archives sont ouvertes et nous vous invitons à naviguer parmi les centaines de textes que nous avons déjà publiés depuis trois ans et demi, et qui témoignent de l’ambition de la revue : cheminer entre actualité et profondeur historique, pour rendre compte des enjeux contemporains qui appellent une réflexion sur la situation des juifs européens.

Cette semaine, notre dossier plonge dans l’histoire et traite d’une actualité pressante compte tenu du contexte politique qui est le nôtre. Ce dont il est question cette semaine, c’est du lien entre le judaïsme et la gauche, jusque dans ses composantes les plus révolutionnaires. En revenant sur certaines grandes figures juives de la pensée critique ou de l’activisme politique, et sur leur influence à l’égard des projets utopiques et subversifs d’aujourd’hui, on mesure le préjudice que représente la situation actuelle, où les juifs et la gauche ne semblent plus savoir comment se rapporter l’un à l’autre.

Comment comprendre l’apparition d’un usage politique de la tradition juive au sein d’une certaine gauche radicale ? Cet usage est-il paradoxal, idéologiquement surdéterminé, ou procède-t-il d’un intérêt réel pour certaines sources religieuses, susceptibles de ressusciter un messianisme révolutionnaire ? Avishag Zafrani a posé la question aux philosophes Ivan Segré et Gérard Bensussan, tous les deux fins connaisseurs de la tradition juive autant que de celle de la gauche révolutionnaire.

Cette année marque le centenaire de la mort de Vladimir Medem (1879-1923), grand théoricien du Bund et de la question nationale juive dans l’Empire russe, théorisée dans le cadre des débats de l’internationalisme socialiste. Vladimir Medem s’est distingué par ses écrits et ses activités politiques mais aussi par la singularité de son parcours personnel, sur lequel revient Constance Pâris de Bollardière, l’auteure de la préface de la récente réédition de l’ouvrage d’Henri Minczeles Histoire générale du Bund (éditions L’échappée). Les mémoires de Medem, publiées à New York en 1923, servent de trame à cette évocation.

La sortie dans les salles françaises du procès Goldman a questionné la rédaction de K. Quelle trace a laissé le militant dans la conscience juive française, notamment de gauche ? Et quelle trace n’a-t-il pas laissée dans la gauche, après sa disparition ? Il nous a semblé évident de nous tourner vers le philosophe Gérard Bensussan, qui après avoir vu le film de Cédric Kahn nous a confié ce texte dans lequel il décompose la figure de Pierre Goldman, pris dans sa condition juive, juif « imaginaire », paria finalement parvenu.

« Outrage », « infamie », « affront ». L’accusation d’antisémitisme portée contre la FI a éveillé la susceptibilité d’un groupe d’intellectuels organiques. Ces derniers ont publié une tribune dans le média de gauche Au poste dans le but de récuser de la « manière la plus sérieuse et précise possible » cette incrimination.

Victor Serge, de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchitch est né à Bruxelles en 1890. Celui qui deviendra une figure capitale de la mythologie révolutionnaire européenne du XXe siècle, a grandi dans le milieu libertaire européen avant de rejoindre la Russie soviétique. Parmi les premiers dénonciateurs des abus du stalinisme, il est déporté en Sibérie avant d’être autorisé à s’exiler en Europe de l’Ouest d’abord, puis au Mexique. Mitchell Abidor, revient sur une part mal connue du parcours de celui qui, pendant la guerre, écrit « L’extermination des Juifs de Varsovie » : celle de son extrême attention – non teintée d’ambiguïté parfois – à la spécificité du sort des Juifs.

L’écologie, tout comme les alternatives anticapitalistes et communalistes, connaissent un succès croissant auprès des militants et des chercheurs attachés à la critique sociale. Ces publics se réclament quelquefois de Gustave Landauer (1870-1919), d’Emma Goldman (1869-1940), de Murray Bookchin (1921-2006), ou même de Martin Buber (1878-1965), des penseurs juifs que l’on peut qualifier d’anarchistes ou de socialistes libertaires. Leurs visions utopiques ont préfiguré un socialisme agraire ou un communisme du quotidien, dont certaines initiatives, en France – comme les zad ou les collectifs alternatifs et écologiques – sont des réactivations. Sylvaine Bulle revient sur les origines juives de ces auteurs de référence.

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Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.