#100 / Edito

Cette année marque le centenaire de la mort de Vladimir Medem (1879-1923), figure centrale de l’histoire et de la mémoire du parti socialiste juif Bund [Algemeyner yidisher arbeter bund in Lite, Poyln un Rusland – Union générale ouvrière juive en Lituanie, Pologne et Russie]. Grand théoricien du Bund et notamment de la question nationale juive dans l’Empire russe, Vladimir Medem s’est distingué par ses écrits et activités politiques, mais aussi par la singularité de son parcours personnel. Issu d’une famille aisée russifiée et convertie au christianisme, Medem est revenu à son identité juive par son activité socialiste, au contact des ouvriers juifs de Minsk. Bundiste convaincu, il intègre en quelques années les instances dirigeantes du parti et œuvre en faveur de la langue et de la culture yiddish. Constance Pâris de Bollardière profite de ce centenaire, ainsi que de la récente réédition de l’ouvrage d’Henri Minczeles Histoire générale du Bund aux éditions L’échappée, pour revenir sur le parcours personnel et politique de Vladimir Medem.

Au début du 18e siècle, le Prince-électeur de Saxe créa un « cabinet juif » à Dresde. Arthur Schopenhauer raconte l’avoir visité en 1800. Il eut ainsi l’occasion d’y observer le « rabbin empaillé » grandeur nature exposé dans ce qui peut être considéré comme le premier « musée juif » de l’histoire. Il existe aujourd’hui plus de 120 musées juifs dans le monde. Une exposition, ouverte au public jusqu’au 10 avril 2023 au Musée d’Hohenems en Autriche, s’interroge précisément sur leur nature et leur rôle. Son titre : « ‘Des Juifs Empaillés ?’ Histoire, présent et avenir des musées juifs ». Le cabinet des curiosités juives de Dresde ne s’intéressait qu’à des éléments religieux. Mais que se passe-t-il – se demande Cilly Kugelmann, l’ancienne directrice du Musée juif de Berlin – si l’on quitte le champ strictement religieux pour se tourner vers d’autres aspects du judaïsme ? Que signifie « juif » dans le champ muséal ? À quels types de débats et de controverses tout « musée juif » peut se retrouver aujourd’hui confronté dès lors qu’il traite de thèmes qui sortent du cadre strictement religieux ?

Cette semaine marque la diffusion du centième numéro de la revue K. À cette occasion, nous republions le texte manifeste paru dans notre premier numéro, le 22 mars 2021 : « Les Juifs et l’Europe, hier et aujourd’hui. Et demain ? » L’occasion de mesurer l’actualité persistante de notre pari initial : créer un espace d’exposition et de débats qui prend la condition des Juifs d’Europe à bras le corps et s’en sert comme d’un prisme pour penser la situation européenne en général.

Cette année marque le centenaire de la mort de Vladimir Medem (1879-1923), grand théoricien du Bund et de la question nationale juive dans l’Empire russe, théorisée dans le cadre des débats de l’internationalisme socialiste. Vladimir Medem s’est distingué par ses écrits et ses activités politiques mais aussi par la singularité de son parcours personnel, sur lequel revient Constance Pâris de Bollardière, l’auteure de la préface de la récente réédition de l’ouvrage d’Henri Minczeles Histoire générale du Bund (éditions L’échappée). Les mémoires de Medem, publiées à New York en 1923, servent de trame à cette évocation.

Au Musée Juif d’Hohenems, en Autriche, se tient une exposition au titre étrange : « ‘Des Juifs empaillés ?’ Histoire, présent et avenir des musées juifs ». L’expression Juifs empaillés » fait référence aux mots anciens d’un président de la communauté juive de Vienne qui ne voulait pas d’un musée dans lequel les Juifs pourraient être admirés comme des « Indiens empaillés ». Dans le contexte du débat ouvert par l’exposition au musée d’Hohenems, Cilly Kugelmann, l’ancienne directrice du Musée juif de Berlin, s’interroge sur la notion même de « musée juif ».

Avec la revue K. s’est ouvert un espace d’exposition et de débats qui prend la condition des Juifs d’Europe à bras le corps et s’en sert comme d’un prisme pour repenser la situation européenne. Elle se fonde sur le diagnostic d’une double crise, attestée par l’antisémitisme et l’inquiétude quant au maintien d’une présence juive en Europe d’une part, quant à la difficulté pour l’Europe de définir son horizon politique d’autre part. Elle part de la conviction que, sans se confondre, les deux crises ont partie liée et doivent être traitées ensemble pour qu’une issue se dessine. Ce texte est la version augmentée de celui paru dans le premier numéro.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.