Tous les articles de Karl Kraus

Notre cher collaborateur Karl Kraus nous a confié le fruit de son labeur estival : deux brèves inspirées par des événements dont la banalité lui a semblé lourde de sens. D’un parc viennois à un Hypercasher parisien, une courte phrase suffit parfois pour témoigner de la bêtise de l’époque ou, au contraire, pour exprimer avec justesse ce qu’elle a d’éreintant.

La bêtise des discours produits par la situation à Gaza fleurit partout, dans tous les camps. Mais c’est la bêtise des élites intellectuelles sur laquelle il faut s’attarder. Après tout, n’est-ce pas leur travail d’éclairer le monde au lieu de l’obscurcir ? N’est-pas pour cette raison que nos sociétés se dotent de cette fonction ? Notre collaborateur Karl Kraus en tout cas en est convaincu. Aussi s’interroge-t-il sur la tentative d’abêtir encore plus l’opinion public récemment entreprise par Judith Butler, rhétoricienne de son état mais communément présentée comme philosophe et honorée comme l’un des grands esprits de notre époque.

Cette semaine, notre collaborateur Karl Kraus se penche sur cette étrange tendance qu’un nombre considérable de militants ultra-progressistes, voire révolutionnaires, nourrissent pour prendre la défense de mouvements dont le but affiché est leur destruction. Où il est question de poulets parlants, de Queers for Palestine, de juifs menteurs et perfides, de « pinkwashing » et d’avant-garde ringarde.

Où l’on se demande ce que signifie qu’un avocat franco-palestinien ayant plaidé coupable lors d’un procès où il était accusé de planifier l’assassinat d’un rabbin et d’être lié à une organisation reconnue comme terroriste par l’Union Européenne soit accueilli pour parler des droits de l’Homme au sein d’une grande institution de la République.

Dans l’entre-deux-tours des élections, la protestation étudiante s’est fait entendre, à la Sorbonne d’abord, puis à l’EHESS, dont un bâtiment, a été sévèrement dégradé. Les mots d’ordre du mouvement étaient le refus de se laisser enfermer dans le choix entre fascisme et néolibéralisme. Mais ici, parmi les nombreuses dégradations, au milieu d’inscriptions au contenu particulièrement violent, l’antisémitisme de quelques tags a été relevé. Confrontés à cela, les étudiants occupants s’en sont expliqués : « L’occupation est antifasciste et condamne fermement tout acte antisémite. Nous avons effacé les symboles haineux que nous avons eu le malheur de trouver sur nos murs, et aurions effacé ceux-ci si nous les avions vus ». Que penser de cette curieuse activité d’effacement de l’antisémitisme au sein d’un tel mouvement ?

Qu’est-ce que « assumer » peut bien vouloir dire dans l’imaginaire zemmourien de la France. Notre petit Karl Kraus à nous — qui ne saurait bien sûr remplacer l’original qui manque si cruellement à notre époque — imagine Zemmour cherchant des arguments pour « assumer » et donc absoudre l’horreur de la violence couvée et couverte par l’Église catholique de France révélée la semaine dernière par le rapport de la CIAISE, lui, le juif disant que « pour devenir français, il faut s’imprégner du catholicisme » et  qui n’a pas de problème pour « assumer » et absoudre la participation de la France dans la déportation des Juifs.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.