Antisémitisme
Alors que la Suède célèbre 250 ans de vie juive, les réactions au massacre du 7 octobre, la guerre à Gaza et le ton des discours dans le débat public sont autant de raisons de s’inquiéter de l’antisémitisme prévalant dans le pays. Mais quelle est l’ampleur réelle de ce fléau, quel est son impact sur la communauté juive de Suède et comment les autorités y font-elles face ? En replaçant ces questions dans un contexte historique plus large, l’enquête de David Stavrou, que nous publions dans le cadre de notre partenariat avec la DILCRAH, tente de répondre à ces questions.
La lutte contre l’antisémitisme peut-elle être autre chose qu’une parodie dès lors qu’elle est organisée par l’extrême droite ? En invitant à venir parader sur la scène de sa « Conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme » des députés de la droite autoritaire et xénophobe européenne, le ministère israélien de la Diaspora a commis une grave faute politique, qui sonne comme une trahison de sa mission. Michael Brenner rend ici compte de la dérive que représente cette initiative, et de la nasse dans laquelle elle enferme les juifs.
David Hirsh était invité, en sa qualité de directeur académique du London Centre for the Study of Contemporary Antisemitism, à la Conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme organisée par le ministère israélien de la Diaspora. Dans ce texte, il explique pourquoi il a choisi de ne pas participer à cette initiative qui, en faisant la part belle à l’extrême droite, décrédibilise la lutte contre l’antisémitisme et met en danger les juifs de la diaspora.
Haine de la médiation et du langage, abolition des différences dans une logique du tout ou rien, rêve solipsiste où vient disparaître le monde : dans ce texte, le philosophe Gérard Bensussan propose une approche conceptuelle du nihilisme. Cette pathologie de la raison y apparaît, par-delà la diversité de ses manifestations, comme ce qui menace la pensée dès lors qu’elle oublie son dehors, pente sur laquelle glisse facilement le geste critique, et où se rencontre la vieille question juive.
Pourquoi certains historiens spécialistes de l’antisémitisme refusent-ils absolument toute analogie entre le 7 octobre et les persécutions antijuives historiques ? Matthew Bolton situe ici ce débat aux lourdes implications politiques sur un plan épistémologique, rendant compte des motifs pour lesquels les « historicistes » refusent de concevoir l’antisémitisme comme une « haine éternelle ». Mais il dégage en retour l’impensé de leur méthode, qui finit par dissoudre le concept même d’antisémitisme en faisant oublier sa nécessité historique.
Alors que l’Allemagne bataille toujours avec les spectres de son passé, sa réponse à la montée contemporaine de l’antisémitisme vient interroger la complexité de cohésion nationale. Les mesures récemment prises pour combattre ce fléau à tous les niveaux de la société illustrent la manière dont, à une authentique préoccupation pour la vie juive, peuvent venir se mêler des manœuvres politiques. La seconde partie de l’enquête menée par Monty Ott interroge les enjeux éthiques et sociétaux de la lutte allemande contre l’antisémitisme.
Monty Ott examine l’état de la lutte contre l’antisémitisme en Allemagne, où l’urgence des problématiques contemporaines se trouve colorée par la responsabilité allemande dans la Shoah. À l’aide de la philosophie d’Adorno, et alors que la violence antisémite se déploie depuis le 7 octobre, la première partie de son enquête interroge la place de l’État dans ce combat, et la nécessité d’une approche impliquant l’ensemble des sphères de la société.
Pour le dernier numéro de 2024, nous vous proposons de lire ou relire les 7 articles les plus lus cette année passée. De la ‘fragilité goy’. Réponse juive à…
À un dîner de famille, une réflexion antisémite, dite l’air de rien, vient rompre l’atmosphère festive, et précipiter la rupture. O. Bouquet nous propose ses variations sur le topos de « l’oncle raciste », en profitant pour interroger un pan de l’histoire familiale et nationale.
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