Retour sur l’affaire Wybran

Le 3 octobre 1989, aux alentours de 18h, le Docteur Joseph Wybran, grand médecin et président du C.C.O.J.B, le CRIF belge, était abattu à bout portant sur le parking de l’hôpital Érasme de Bruxelles. Trente-trois ans plus tard, justice n’a toujours pas été rendue. Agnès Bensimon revient pour K. sur les rebondissements d’une enquête sur un assassinat dont le traitement par la police et la justice belge interroge.

 

Joseph Wybran – Collection privée Emmy Wybran

 

Sommité médicale de renommée internationale, président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) et de la section bruxelloise du B’nai Brith, connu pour son engagement contre l’établissement d’un couvent de Carmélites sur le site d’Auschwitz-Birkenau, Joseph Wybran a été assassiné à l’automne 1989. Le meurtre souleva alors une émotion considérable en Belgique, où plus de 5 000 personnes, parmi lesquelles des ministres, des dirigeants politiques et des représentants des cultes, assistèrent à ses obsèques. Emmy Wybran-Sosnovski, sa veuve, que nous avons rencontrée à Tel Aviv où elle s’est définitivement installée, se souvient de cette soirée particulière au cours de laquelle son mari lui fut arraché. Elle nous confie : « Ce mardi 3 octobre 1989, je revenais du travail avec un client que j’avais invité à dîner à la maison où Jo devait nous rejoindre. En arrivant chez moi, la femme de ménage m’a dit qu’il fallait que j’appelle l’hôpital Érasme de toute urgence. J’ai pensé que mon mari avait eu un AVC, une crise cardiaque mais quand j’ai téléphoné, on m’a simplement répondu : « Écoute, Jo a eu un petit accident, ne t’inquiète pas, viens ». À mon arrivée, j’ai été accueillie par toute une brochette de médecins, chefs de service ; ils étaient sept ou huit. J’ai commencé à comprendre qu’il était arrivé quelque chose de grave. Le professeur Jacques Brotchi, neurochirurgien, ami de longue date, m’a prise par le bras et m’a conduite à son bureau. Il m’a posé des questions qui me laissèrent perplexe : « Est-ce que Jo avait reçu des menaces ? Par courrier ? Par téléphone ? A-t-il eu des altercations avec quelqu’un ? » Devant mon incompréhension et mes dénégations, il a ajouté : « Je suis obligé de te dire la vérité. Il a reçu deux balles. Il est en état de mort clinique. » Je me suis emportée : « Il faut l’emmener aux États-Unis pour le soigner ! » Mais Jacques Brotchi a douché mes espoirs. Je suis restée avec lui de longues heures, il a été très humain, très doux. Il m’a prié d’aller me reposer et je suis rentrée à deux heures du matin. À quatre heures, j’apprenais que mon mari était décédé. Je ne savais pas où j’étais. C’était irréel, un cauchemar ! Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il puisse être victime d’un acte terroriste. »

Qui était Joseph Wybran ?

Joseph Wybran est né à Bruxelles en mai 1940. Fils d’artisans d’origine lituanienne immigrés en Belgique dans les années 1930, pendant la guerre il est caché par une famille belge ardennaise, avec laquelle il gardera toute sa vie d’étroites relations. Emmy raconte : « Je n’ai jamais su le nom de cette famille, ni celui du village. Ces gens admirables ne voulaient absolument pas être honorés, considérant que ce qu’ils avaient fait était naturel et ne méritait aucune récompense. Joseph a respecté leur volonté et se rendait seul chez eux. ». Adolescent, il fréquente le mouvement de jeunesse sioniste religieux du Bnei Akiva, puis entre à la Faculté de médecine de l’Université Libre de Bruxelles et obtient, en 1965, le titre de Docteur avec grande distinction et le Prix Spécial de la Faculté. Pendant ses études universitaires, il milite également à l’Union des Étudiants Juifs de Belgique (UEJB), dont il devient le président. À l’occasion de son service militaire, Joseph sert comme officier-médecin dans les forces de l’armée belge en Allemagne. Son dévouement lui vaut d’être cité à l’ordre du jour de l’armée pour acte de bravoure.

En 1970, Joseph Wybran part aux États-Unis, où il complète sa formation clinique à l’Université de Californie et au Veterans Administration Hospital de San Francisco. Il poursuit des recherches sur le cancer et contribue à des avancées importantes dans la connaissance de la maladie. En 1974, de retour en Belgique, il approfondit ses travaux précurseurs en psycho-neuro-immunologie, s’implique dans la recherche contre le SIDA et sur le cancer. Il fonde également le centre de transfusion de la Croix-Rouge à l’hôpital Érasme. En 1977, sa thèse lui permet d’obtenir le titre d’agrégé de l’Enseignement Supérieur de l’Université, et en avril 1982, il devient le chef du service d’immunologie-hématologie-transfusion à Érasme. Dirigeant de nombreux projets belges et européens, au milieu des années quatre-vingt son avenir dans la recherche s’annonçait des plus prometteurs.

Parallèlement, en décembre 1988, Joseph Wybran accède à la présidence du C.C.O.J.B. Alors âgé de 47 ans, il partage sa vie entre sa fonction à l’hôpital, son enseignement à l’ULB et son engagement dans la vie communautaire juive belge. Il s’investit notamment dans le dossier du Carmel d’Auschwitz, la plus grande crise des relations entre Juifs et chrétiens depuis la Shoah. En tant que président du Comité belge d’Auschwitz, il rencontre en Pologne le cardinal Józef Glemp, pour trouver une solution acceptable. Il milite également contre la construction d’un supermarché sur le site du camp d’extermination. Deux semaines avant son assassinat, lors d’une manifestation organisée devant le Parlement européen sur la question du Carmel, il est interviewé par les chaînes de télévision belges et européennes. Cette exposition médiatique renforce les craintes de son épouse. À cette époque, après l’assassinat de Cheikh Obeid en août 1989 en Israël, le groupe Abou Nidal menaçait ouvertement de s’en prendre à des personnalités juives en Europe. Emmy avait alors suggéré à son mari de prendre un garde du corps. « Penses-tu ! Je ne suis pas quelqu’un d’assez important pour être une cible » lui avait-il alors répondu.

Joseph Wybran, officier-médecin dans l’armée belge, fin des années 60. Collection privée, Jacques Heller.
Qui a assassiné Joseph Wybran ?

À l’occasion d’une grande cérémonie d’hommage à Joseph Wybran, le 7 octobre 2014 à l’Université Libre de Bruxelles[1], Jacques Brotchi a livré ce témoignage : « J’ai opéré mon ami, mon collègue, en ce soir du 3 octobre 1989. À l’heure de son assassinat, j’étais dans mon bureau, dictant du courrier. La fenêtre était ouverte, donnant sur le parking. Je n’ai rien entendu. Les services d’urgences m’ont appelé : « Jo Wybran est blessé à la tête ». Je suis descendu en courant ; j’ai vu mon ami inconscient. Une balle tirée à bout portant avait traversé son cerveau. J’ai essayé de lui sauver la vie. Je n’ai pas réussi. Il est décédé quelques heures après. Plus tard, j’ai été appelé par le médecin légiste qui m’a dit : « Professeur Brotchi, vous ne descendriez pas sur le parking ? Les enquêteurs sont là. » On ne m’a pas posé de questions, on ne m’a rien demandé. Pourtant, en tant que neurochirurgien, quand quelqu’un reçoit une balle dans la tête, je sais par où elle entre, je sais par où elle sort. »

Dès les premières heures, l’enquête est malmenée : personne ne juge utile de sécuriser les lieux. Le parking rouvre le lendemain matin. On n’a jamais retrouvé la balle qui a tué Jo Wybran[2]. Un ambulancier témoigne anonymement avoir vu rôder trois individus suspects dans les parages quelques jours auparavant. Cela permet de dresser le portrait-robot de l’un d’eux[3]. Ce même ambulancier se signale à nouveau à la police quelques jours plus tard, déclarant avoir reconnu « l’homme à la barbe » dans le cortège funèbre de Joseph Wybran, en regardant le journal télévisé. « Le portrait-robot ne sera jamais diffusé », nous précise Emmy Wybran, « les enquêteurs ne l’ont présenté qu’à moi seule. Je n’ai pu identifier cet homme. Ce n’était pas une connaissance. »

Deux jours après, une mystérieuse organisation, Jund al-Haaq (les Soldats de la Justice), revendique l’attentat depuis Beyrouth. Les services antiterroristes belges reconnaissent cette signature : Jund al-Haaq est l’un des nombreux noms d’emprunt utilisés par le Conseil révolutionnaire du Fatah, l’organisation d’Abou Nidal, le « Père de la lutte » en arabe. Ces « Soldats de la Justice » se sont fait connaître pour la première fois le 18 décembre 1988, en revendiquant l’enlèvement du docteur belge Jan Cools au Liban, puis, plus tard, la prise d’otage de la famille franco-belge Houtekins-Kets. Le 31 mars 1989, l’organisation avait reconnu être responsable de l’assassinat d’Abdullah Al Adhal, l’imam de la Grande Mosquée de Bruxelles, et de son bibliothécaire. Avant cela, elle avait également commis une série d’autres actes anti-juifs – tel l’incendie d’un cercle juif à Copenhague – et des attentats en Thaïlande et au Pakistan, contre des diplomates saoudiens.

Le mode opératoire de l’assassinat de Joseph Wybran est sans équivoque : tous les spécialistes de l’anti-terrorisme sont unanimes pour conclure qu’il a été la victime d’un tueur entraîné et bien informé de l’emploi du temps du médecin. Les experts de la gendarmerie reconnaissent les traits propres à l’attentat terroriste international, incluant un soutien logistique pour permettre la fuite et fournir une planque à l’assassin. Une fois l’attaque qualifiée, les services de sécurité, de police, de gendarmerie et de renseignement se lancent dans l’enquête, chacun suivant sa voie, sans beaucoup de concertation. Malgré les liens entre l’affaire de la Grande Mosquée et celle du docteur Wybran, qui procèdent d’un modus operandi identique et d’une balistique comparable, l’enquête autour de cette piste principale tourne rapidement en rond. Toutes les autres pistes sont alors envisagées – vengeance, crime passionnel, règlement de compte dans une affaire de vol de tableaux, et même l’éventualité que Wybran ait été un agent du Mossad … – mais elles sont tout aussi rapidement abandonnées. Les années passent et l’enquête stagne.

Dix-sept ans plus tard, en janvier 2006, un assistant-procureur, Bernard Michielsen, tente de relancer l’affaire en exhumant notamment le fameux portrait-robot pour une recherche de témoins. Sans succès : le dossier retrouve sa place au placard.

Des aveux qui relancent l’enquête

Emmy Wybran nous le confirme : « Jusqu’en 2008, je n’ai été tenue au courant de rien, ou presque, concernant l’enquête. C’est à ce moment qu’Abdelkader Belliraj est passé aux aveux, révélant qu’il avait préparé et commis l’attentat contre mon mari, sur ordre d’Abou Nidal. Je me suis immédiatement constituée partie civile, avec maître Michèle Hirsch. Pendant trois ans et demi, je n’ai cessé de faire des recherches, de recouper des informations, de traquer chaque article, chaque ligne publiée au sujet de l’assassin, sur les affaires dans lesquelles il était impliqué. C’était comme une obligation, c’était plus fort que moi. Je comprends parfaitement aujourd’hui le père de ce garçon qui a perdu la vie au Bataclan et qui suit pas à pas l’affaire, comme moi aussi je l’ai fait. Pas par haine, mais pour comprendre. Il ne peut pas vivre sans savoir. »

Car dans l’affaire Wybran, la donne change au début de l’année 2008 avec l’arrestation au Maroc d’une trentaine d’activistes islamistes soupçonnés d’appartenir au réseau Al-Qaida et de comploter contre le roi Mohammed VI. Parmi eux – le cerveau présumé de ce réseau – un homme de cinquante-et-un ans, du nom d’Abdelkader Belliraj. Ce Marocain, qui possède également la nationalité belge depuis juin 2000, a été arrêté à Marrakech le 18 janvier, alors qu’il sortait de l’hôtel Fashion, qu’il dirigeait bien qu’il soit enregistré au nom de son frère. Belliraj se rendait régulièrement au Maroc pour superviser les affaires de ce trois étoiles situé au centre-ville, doté d’un café avec une belle terrasse. De source policière marocaine, le lieu était connu comme un repaire de hors-la-loi. Arrêté, Belliraj est interrogé à la prison de Temara pendant 12 jours, puis à Rabat et enfin à Casablanca. Un mois après son arrestation, le gouvernement marocain annonce, le 18 février 2008, le démantèlement d’un réseau terroriste djihadiste clandestin, dont il serait le leader.

Belliraj présente un curriculum vitae bien rempli : chef terroriste présumé, assassin, gangster, informateur – et hôtelier. La parcours de cet homme sur un quart de siècle retrace une histoire singulière du radicalisme islamiste. Les différentes investigations avancent qu’il aurait rencontré l’ayatollah Rouhollah Khomeini en 1981 et partagé la table d’Oussama ben Laden dix jours seulement avant les attentats du 11 septembre[4]. Idéologue de premier plan des milieux radicaux marocains et homme de main du mercenaire palestinien Abou Nidal, il est également collecteur de fonds pour Al-Qaïda. Mais, en parallèle, Belliraj est aussi devenu un informateur rémunéré de la Sûreté de l’État belge : grain de sable qui va bloquer la machine judiciaire.

Les aveux d’Abdelkader Belliraj lors de ses interrogatoires de 2008, consignés dans un rapport du juge d’instruction marocain, éclairent l’assassinat de Joseph Wybran. Belliraj y déclare notamment « qu’il est entré en contact avec l’organisation terroriste d’Abou Nidal, lors de son séjour en Algérie en 1988. L’une de ses tâches consistait à recueillir des informations sur des personnalités saoudiennes en Belgique. » Après trois mois d’enquêtes sur l’affaire Belliraj durant lesquels il assiste au procès, le journaliste Kristof Clerix, spécialiste des services secrets, publie dans le magazine MO* (Mondiaal Nieuws) une série d’articles très fouillés. Il retrace le parcours du terroriste, de 1971 à 2009. Les informations relatives aux six meurtres perpétrés en Belgique sont tirées des interrogatoires en possession du juge d’instruction.

Une série de meurtres

Belliraj confesse dans ses aveux avoir exécuté ou fait exécuter six personnalités juives et non-juives sur le territoire belge, entre 1988 et 1989, selon la chronologie suivante :

Le 23 juillet 1988, Raoul Schouppe, un herboriste, est abattu derrière le comptoir de sa boutique située près de la gare du Midi à Bruxelles. Schouppe est un ancien militaire. Il était l’objet de rumeurs dans la communauté marocaine de Bruxelles selon lesquelles il était un juif marocain « un peu sorcier », en référence aux produits qu’il vendait et qui avaient la réputation de n’être fournis que par des « sorciers marocains ». En réalité, il n’était pas juif ni davantage sorcier. Belliraj a avoué son meurtre lors des interrogatoires : « Je l’ai attrapé par le trou de la vitre qui nous séparait. Je lui ai tiré une balle dans la tête. Puis, avec le commando, nous sommes rentrés chez nous, sans que personne ne nous voie ».

Le 16 août 1988, le tailleur juif et homosexuel Marcel Bille est tué, lui aussi, d’une balle dans la tête. Un randonneur découvrira son corps sans vie dans une forêt de Braine-le-Château, dans l’arrondissement de Nivelles. Dans son interrogatoire du 16 février 2008, Belliraj précise : « Il rémunérait pour des relations sexuelles des étudiants marocains qui n’avaient pas beaucoup d’argent. Un dimanche matin de 1988, je me suis rendu dans un café près de la gare du Midi de Bruxelles où je savais que le Juif se trouverait. J’ai engagé la conversation avec lui et lui ai donné rendez-vous pour le soir même. Je lui ai fait croire que je voulais coucher avec lui ». Belliraj aurait conduit Bille dans une forêt près de Bruxelles. « J’ai attendu qu’il ne fasse pas attention pendant un moment. J’ai pointé mon GP 9mm sur sa tête et je lui ai mis une balle dans la tête. Puis j’ai poussé son corps hors de la voiture avec mes deux pieds et je l’ai laissé là. » Selon ses dires, à travers ces deux premiers meurtres, Belliraj aurait cherché à « se faire la main ».

Le 29 mars 1989, l’imam Abdallah Al Ahdal et son adjoint Salem al-Buhairi sont abattus à la Grande Mosquée par les « Soldats de la Justice ». Belliraj précise : « Al Ahdal avait critiqué la fatwa contre Salman Rushdie. Il a été ciblé à la demande de l’organisation d’Abou Nidal, avec comme intermédiaire Abou Ali le Palestinien, représentant de Nidal en Algérie. Lorsque nous avons rassemblé toutes les informations le concernant, nous sommes arrivés à la conclusion que le meilleur endroit pour le tuer était le centre islamique, qui était ouvert au public. J’ai demandé à mes complices de l’éliminer. »

C’est ensuite le 20 juin 1989, que l’Égyptien Samir Jah al-Rasoul, chauffeur de l’ambassade saoudienne, est assassiné dans le hall de son immeuble du quartier d’Ixelles. L’attaque est revendiquée par « l’Organisation des peuples libres de la péninsule arabique ». « Je surveillais les alentours de la maison. J’ai jeté l’arme du crime dans les égouts après. J’ai ensuite contacté Abou Ali Le Palestinien et je l’ai informé du résultat de l’opération. Par la suite, j’ai appris le nom de la victime par les médias. Nous n’avions pas tué la bonne cible. » La « bonne » cible du groupe était en fait l’Ambassadeur saoudien.

Enfin, le 3 octobre 1989, vient le tour du docteur Joseph Wybran. Les « Soldats de la Justice » revendiquent à nouveau l’attentat. Belliraj explique à la police marocaine en 2008 : « Nous voulions tuer Wybran parce qu’il défendait des vues sionistes radicales. Le 3 octobre 1989, je me suis rendu avec ma voiture à l’hôpital où il travaillait. Mon complice, A. M., a tiré sur Wybran. Nous avons fui ensemble dans ma voiture. J’ai jeté l’arme du crime dans les égouts. Après l’opération, j’ai informé le groupe d’Abou Nidal en Algérie. » C’est avec l’assassinat de Joseph Wybran que s’achève la série meurtrière d’attentats commis en Belgique par Belliraj et ses complices pour le compte d’Abou Nidal.

Joseph Wybran avec Shimon Peres – Collection privée Emmy Wybran
Les réactions belges aux révélations

En Belgique, suite aux aveux d’Abdelkader Belliraj, le parquet fédéral fait enfin le lien avec les six assassinats perpétrés sur le territoire national et ouvre un dossier pour terrorisme. Emmy Wybran s’adresse alors à Maître Michèle Hirsch pour la défendre tandis que le CCOJB se constitue partie civile. « J’ai demandé à disposer des cinq dossiers des meurtres de Bruxelles et de celui de Nivelles. Ils n’avaient pas été ouverts depuis longtemps et étaient littéralement recouverts de poussière. Or, des corrélations auraient pu être faites bien avant les aveux. La balistique, par exemple : six victimes, trois armes, les mêmes ! Ces dossiers n’ont jamais été joints. » expliquera l’avocate lors de la cérémonie en mémoire du docteur Wybran, le 7 octobre 2014, à l’ULB.

En effet, les assassins ont commis leurs crimes avec des pistolets 7,65 mm et des munitions de la marque Sellier et Bellot provenant de Prague. « Les balles furent toutes tirées dans la tête, quasiment à bout portant. Les deux premiers meurtres ont été perpétrés avec la même arme, les assassinats « saoudiens » avec une deuxième et celui du docteur Wybran avec une troisième, ces armes n’ayant jamais servi dans d’autres affaires criminelles. Enfin, les revendications du groupe d’Abou Nidal établissaient explicitement un lien entre les deux attentats », revendiqués par Abou Nidal, précise l’avocate.

Le 13 novembre 1991, le nom de Belliraj était pourtant apparu dans le dossier « Mosquée », dans un procès-verbal de la Police judiciaire de Bruxelles relatant une information anonyme liant Belliraj au meurtre d’Al Ahdal et de Bahairi. Quelques jours avant le meurtre, Belliraj aurait acheté deux pistolets 7,65 mm avec silencieux, selon l’informateur. De son côté, le Groupe Interforces Antiterroriste (GIA), le suspectait d’être proche des Iraniens et du mouvement El Jihad qui avait revendiqué l’assassinat du président Anouar El Sadate. La gendarmerie fournit à son tour une liste d’activités jugées suspectes et le juge d’instruction lança une perquisition au domicile d’Abdelkader Belliraj à Molenbeek : sans résultat. De même, ses deux auditions n’apportèrent aucune preuve. Son dossier regagna aussi le placard.

L’arrestation et les aveux de Belliraj en 2008 poussent le Maroc et la Belgique à coopérer, mais le contexte est délicat. Si la police belge a été informée le jour même des arrestations, la Sûreté de l’État a, elle, selon ses dires, appris la nouvelle par voie de presse – ce qui est confirmé par le Comité de contrôle des services de renseignements et de sécurité mais démenti par le Maroc. Résultat : le patron de la Sûreté, Alain Winants, est furieux et les tensions avec la DGED (Direction générale des études et de la documentation) marocaine sont palpables[5]. La fluidité de la coopération en pâtit.

« Dès lors, poursuit Maître Hirsch, lors de son intervention à l’ULB, plusieurs commissions rogatoires vont être organisées par les policiers belges et les magistrats belges au Maroc, en 2008, 2009 et 2010. Les dossiers belges sont communiqués au Maroc. En Belgique, des devoirs d’enquête sont faits, au mois de février 2008, quelques jours après l’audition de Belliraj. Une perquisition a lieu chez lui, dans la ville d’Evergem, en Flandre. On découvre parmi les écrits une liste rédigée de sa main qui reprend les noms de six personnalités juives, dont celle du prédécesseur de Joseph Wybran au CCOJB, Markus Pardès. »

Les Marocains, de leur côté, émettent quatorze mandats d’arrêt internationaux et demandent que les personnes désignées par Belliraj comme ayant participé aux six attentats soient perquisitionnées et auditionnées. Si la Belgique perquisitionne et auditionne, le même jour, le 27 novembre 2008, toutes les personnes visées, elle refuse de les extrader. Il n’existe pas d’accord d’extradition entre la Belgique et le Maroc pour les ressortissants de nationalité belge, or la majorité des personnes concernées possèdent la double nationalité.

À mesure que l’affaire s’éclaircit, Belliraj dénonce un homme : A.M., responsable d’avoir abattu le docteur Wybran. Auditionné, le suspect affirme ne pas avoir été présent en Belgique à la date du 3 octobre 1989 ; une version mise en doute par plusieurs sources[6]. À ce jour, A.M. vit toujours en Belgique, libre.

Côté belge, un nouvel élément va venir compliquer le travail de la justice. Lors d’une commission rogatoire, Belliraj affirme avoir été enlevé et torturé par les services marocains[7]. Ses aveux, extorqués sous la contrainte, ne seraient dès lors pas recevables pour la justice belge. Maître Lurquin, l’avocat de Belliraj en Belgique, que les autorités marocaines n’ont jamais autorisé à le visiter en détention, défend publiquement cette thèse à plusieurs reprises: « Mon client a été kidnappé, séquestré et torturé. Le procureur a également souligné le risque que les aveux aient été faits sous la torture. » L’accusé et son conseil ont choisi leur ligne de défense et n’ont jamais dévié depuis, dans l’attente que les faits soient prescrits.

Condamné au Maroc, prescrit en Belgique

Au Maroc, Belliraj est condamné le 27 juillet 2009 à la prison à perpétuité, pour contrebande d’armes, blanchiment d’argent, activités terroristes ainsi que pour les six attentats commis en Belgique, sur la base des dossiers belges communiqués aux autorités judiciaires marocaines. Et en Belgique ? Maître Hirsch, l’avocate de la partie civile, s’est exprimée maintes fois dans les médias à ce sujet : « Depuis 2010 – 2011, on n’a pas extradé, on n’a pas poursuivi, on n’a pas arrêté. En Belgique : rien ! »

Pourtant, un journaliste d’investigation du quotidien populaire La Dernière Heure avait publié, le 2 janvier 2009, sous le titre Les tueurs de Belliraj, les noms des six membres de sa cellule terroriste. « Un matin, assez tôt, on sonne chez moi », nous confie Emmy Wybran. « Un homme que je ne connais pas se tient sur le seuil de ma porte. Il me dit qu’il est venu pour me révéler, avant leur publication, les noms des assassins de mon mari. C’était Gilbert Dupont, de La Dernière Heure.» Six hommes vivant en Belgique, contre lesquels la justice marocaine a lancé un mandat d’arrêt international, et que la Belgique refuse d’extrader. Par ailleurs, le parquet fédéral n’a de cesse de vouloir obtenir la clôture par non-lieu du dossier « terrorisme » ouvert en février 2008, pour « absence de charges et d’auteurs connus ». Mais la chambre des mises en accusation ne suit pas les conclusions du magistrat fédéral. En mai 2016, elle demande un supplément d’enquête, notamment auprès de la Sûreté de l’État qui est sommée de communiquer les documents classifiés et secrets concernant l’informateur Belliraj. L’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM) finit par remettre le dossier requis depuis des années par Me Hirsch. « Mais les documents avaient été expurgés » a-t-elle regretté publiquement « et n’ont pas permis de faire progresser l’affaire ». De report d’audience en report d’audience, le délai de trente années pour la prescription est finalement atteint le 24 décembre 2020.

Couverture du livre de Georges Timmerman « Het Geheim van Belliraj » {Le secret de Belliraj], ed. Houtekiet, 2011.
Que faire de notre agent ?

C’est à la presse néerlandophone que revient le mérite d’avoir, la première, enquêté et diffusé nombre d’informations percutantes. Le 29 février 2008, deux médias, VTM Nieuws et De Standaard dévoilent que Belliraj était un informateur de la Sûreté de l’État depuis des années. Il avait été recruté par la section de la Sûreté de l’État de Gand et travaillait pour la cellule « Affaires musulmanes ». Il était payé à l’information au moyen de salaires quasi mensualisés[8]. La nouvelle fait l’effet d’une bombe. Alain Winants, administrateur général de la Sûreté de l’État, dépose une plainte contre X en raison de la fuite. Un Comité est mandaté pour faire la lumière sur cette affaire, sans traiter la question de savoir si Belliraj était effectivement un informateur ou pas. Or, dès le début des années quatre-vingt, la Sûreté belge avait déjà fiché Belliraj comme étant un extrémiste islamiste pro-iranien et un opposant au roi du Maroc.

Au regard de ces révélations, l’attitude du parquet pose donc question. Le fait qu’Abdelkader Belliraj ait été un informateur rémunéré à partir de 2000, malgré ses activités, (elles lui avaient valu le refus de sa demande de naturalisation à deux reprises), en est-il la cause ? Ou bien sont-ce les révélations sur son rôle de chef du réseau d’Abou Nidal en Belgique, alors qu’un accord avait été conclu entre l’État belge et le chef du Fatah-CR afin de préserver la tranquillité territoriale ? Le journaliste Georges Timmerman, rédacteur en chef du site d’information Apache, et auteur de l’ouvrage très documenté, « Het Geheim van Belliraj », déjà cité, qui précise les conditions du deal, conclu en 1991, entre le Royaume de Belgique et le mouvement terroriste d’Abou Nidal. Les conditions en étaient les suivantes selon lui : des espèces sonnantes et trébuchantes, dont une aide de 6,6 millions de dollars à des projets palestiniens dans la vallée de la Bekaa, au Liban, la prise en charge de deux étudiants palestiniens en Belgique, et, fait connu dès janvier 1991, la libération de Saïd Nasser, l’auteur de l’attentat contre des enfants juifs, rue Lamorinière, à Anvers, le 27 juillet 1980, en échange de la libération du docteur Jan Cools et de la famille Houtekins-Kets. Et évidemment, en contrepartie, l’engagement d’Abou Nidal de ne plus frapper sur le sol belge.

En effet, Belliraj avait été observé par les services belges en 1986, 1988, 1990, 1993 et 1999 lorsque ces derniers s’intéressaient au profil chiite de l’opposant marocain. La cellule antiterroriste belge avait également ciblé le profil de Belliraj, lui donnant le surnom d’El Palesto – en raison de son attachement à la cause palestinienne[9]. La naturalisation de Belliraj avait été rejetée en 1998, sur avis négatif de la Sûreté. Deux ans plus tard, au moment où Belliraj situe son recrutement, ce service rend deux avis différents à une semaine d’intervalle. Négatif le 6 juin : « Belliraj était connu de nos services pour ses activités au sein du mouvement radical islamiste algérien et marocain. » Positif le 13 juin : « Durant les années 1980, Belliraj était connu de nos services pour ses activités au sein des milieux marocains pro-iraniens. Depuis lors, il n’a toutefois plus attiré notre attention, ni dans ce contexte, ni pour tout autre activité. » Et le service de conclure : Belliraj a un casier judiciaire vierge.

Une information pourtant largement démentie par plusieurs rapports de police qui mentionnent de nombreuses inscriptions au casier judiciaire de Belliraj : en 1986 pour coups et blessures volontaires et fraude au sein de la Confédération des Syndicats Chrétiens, en 1987 pour abus de confiance et soupçons de trafic d’armes, de faux passeports et « d’appartenance à une organisation radicale. » Cerise sur le gâteau, selon le journaliste d’investigation de La Dernière Heure, Gilbert Dupont, citant des sources policières, Belliraj aurait été le cerveau du braquage de la Brink’s perpétré par un commando de six personnes, sur le tarmac de l’aéroport de Findel, au Grand-Duché de Luxembourg, le 17 avril 2000, avec un butin estimé à 17,5 millions d’euros. Selon la même source, il aurait également pris part à l’évasion, en mars 2003, de son complice, Abdellatif Bekhti, purgeant sa peine de 20 ans de réclusion à la prison luxembourgeoise de Schassig[10].

Les révélations sur la naturalisation de Belliraj comme son recrutement par la Sûreté suscitent de vives réactions en Belgique. Le Comité permanent de contrôle des services de renseignement (Comité R) dans un rapport provisoire sur l’affaire Belliraj s’interroge sur le fait de savoir si la Sûreté a facilité sa naturalisation belge. Or il est apparu, durant l’enquête du Comité R, que le premier avis négatif avait disparu « de manière inexplicable » des archives du parquet de Gand[11]. Un communiqué de presse au nom de la Sûreté dénonce « des rumeurs non-fondées », et précise : « les deux courriers (des 6 et 13 juin – NDLA) ne se contredisent pas: le second courrier est une actualisation du premier »[12]. Reste que le Comité R a constaté ne pas avoir reçu d’explication sur le fait que deux avis aient été rendus à huit jours d’intervalle.[13]

Par ailleurs, de nombreuses questions écrites au ministre de la Justice concernant les zones d’ombre de l’affaire Belliraj ont été régulièrement soumises par des parlementaires, sénateurs et députés de différents partis, francophones et néerlandophones. Parmi bien d’autres, la Sénatrice Anke Van dermeersch dépose, le 13 janvier 2012, une « Proposition de loi modifiant la législation en ce qui concerne la suppression de la Sûreté de l’État » (portant numéro 5- 1435/1) précédée d’un réquisitoire implacable sur toutes les bavures imputées à la Sûreté, en particulier dans l’affaire Belliraj.[14]

Du point de vue de la Sûreté de l’État, il n’y a donc pas de raison de remettre en cause la question de la naturalisation de Belliraj. Elle n’infirme ni ne confirme le fait qu’il ait pu être un agent recruté comme la loi l’y autorise afin de préserver la sécurité de chacun de ses informateurs. Quant à l’existence d’un réseau terroriste dirigé en Belgique par Belliraj et responsable des six meurtres non élucidés commis sur le territoire national, suite à ses aveux dans le cadre de l’enquête menée au Maroc, la Sûreté a publié ses conclusions dans son rapport annuel de l’année 2008, mis en ligne en 2010 : « La Sûreté de l’État n’avait pas connaissance du réseau BELLIRAJ tel que présenté par les autorités marocaines. Toutefois, plusieurs de ses membres présumés nous étaient connus pour avoir gravité, dans les années 80 et 90, dans les milieux islamistes radicaux. Bien qu’elle ait eu vent de liens entre certains de ces individus, la Sûreté de l’État n’a cependant jamais été en possession d’éléments attestant leur implication commune dans une quelconque activité liée au terrorisme ou permettant d’établir un lien entre l’un d’eux et les six meurtres « belges » reprochés à ce réseau. Les éléments avancés par le Maroc n’ont donc pas permis de démontrer de manière indiscutable l’existence d’un réseau et l’implication de celui-ci dans six meurtres en Belgique. »[15]

Le parquet fédéral s’est appuyé sur ces conclusions pour réclamer le non-lieu dans l’enquête pénale ouverte contre X, comme on l’a vu.

Un dernier soubresaut de l’affaire, dont toute la presse belge va se faire l’écho, se produit le 18 juillet 2018, avec l’arrestation de Lahbib El-Mahmoudi, alors qu’il est en villégiature à l’hôtel Sebino, à Sarnico, au nord de l’Italie. Il est l’un des six membres du réseau Belliraj. Se croyant définitivement à l’abri des poursuites judiciaires, alors que le mandat d’arrêt international émis contre lui par le Maroc est toujours en vigueur, ce ressortissant belgo-marocain a baissé sa garde. La presse italienne relate le 21 juillet son arrestation surprise par les carabiniers et son extradition vers le Maroc où il sera interrogé sur l’assassinat de l’imam de la Grande mosquée de Bruxelles, de son secrétaire et du chauffeur de l’Ambassade d’Arabie Saoudite. Le 25 juillet, la RTBF titre : « L’arrestation de Lahbib El-Mahmoudi va-t-elle rouvrir des « cold cases » belges? » Et dans un article percutant, dans La Dernière Heure du 27 juillet, intitulé « Belliraj voulait bombarder les funérailles du Dr Wybran », Gilbert Dupont rapporte que lors de son interrogatoire, El-Mahmoudi avait révélé que Belliraj voulait frapper, en sus de l’assassinat, le cortège de funérailles du docteur Wybran, dans l’enceinte du cimetière.

Un dernier soubresaut resté sans effet. Les « cold cases » le sont restés.

Commémoration des 30 ans de l’assassinat le 3 octobre 2019 à l’Université Libre de Bruxelles où Joseph Wybran était Professeur. Source : ULB.
En mémoire de Joseph Wybran

Jamais le docteur Joseph Wybran, n’aurait pu imaginer que sa destinée s’achèverait par le coup de feu d’un tueur froid, calculateur et opportuniste, au centre d’un réseau terroriste aux ramifications tentaculaires tissées sur un quart de siècle. Jamais sa famille, ses amis, ses collègues n’auraient cru possible la faillite de l’enquête et de la justice. Certes, Belliraj purge aujourd’hui sa condamnation à perpétuité dans une prison marocaine. Mais ses complices, couverts par la prescription, coulent des jours tranquilles en Belgique.

Depuis les funérailles nationales organisées par l’État belge, des hommages lui ont été régulièrement rendus. Le boulevard en face de l’hôpital Érasme a été nommé en son honneur, de même qu’un auditorium de l’Université Libre de Bruxelles. Une plaque commémorative a été apposée sur le campus universitaire. En Israël, dans la Forêt des Belges, à Neve Ilan, un bosquet a été planté à sa mémoire pour les vingt ans de sa disparition.

Suite à la prescription du dossier en Belgique, l’ultime recours serait de porter l’affaire auprès de la Cour Internationale de Justice de La Haye, mais les parties civiles, faute de pouvoir supporter la charge d’une nouvelle procédure, y ont renoncé. La résignation l’a emporté, malgré la colère et la honte que chacun éprouve toujours. Justice n’a pas été rendue.


Agnès Bensimon

 

Agnès Bensimon a été journaliste en France et en Israël. Après avoir dirigé l’Institut de la Mémoire Audiovisuelle Juive (IMAJ) à Bruxelles, elle a été en charge du service culturel de l’Ambassade d’Israël en Belgique. Elle a réalisé en 2008 un film documentaire sur le cirque juif, « Sous le chapiteau des Pauwels », produit par les frères Dardenne, diffusé sur ARTE et la RTBF. Elle est également l’auteure d’un essai sur l’émigration clandestine des Juifs du Maroc : « Hassan II et les Juifs, histoire d’une émigration secrète » (Le Seuil, 1991, traduit en hébreu aux éditions Yediot Aharonot,1993).

Notes

1 On peut voir l’intégralité de la cérémonie sur ce lien https://youtu.be/gt7mmcE0ic4,
2 Cf. Archives du quotidien francophone Le Soir (équivalent du Monde) : 6/10/1989. « L’enquête sur l’attentat : mission impossible? » Jean-Paul Colette, Guillaume Alain. 9/10/89, « A-t-on retrouvé près d’Erasme l’auto », Guillaume Alain.
3 Marie-Cécile Royen. Le Vif-L’Express n°49, 6/12/2013. « L’affaire Belliraj : un polar sans fin »
4 Dans ses aveux aux enquêteurs figure dans le document du juge Chentoufi l’information suivante : « en 1980, Belliraj s’est rendu à Téhéran pour célébrer le premier anniversaire de la révolution islamique. L’ambassade d’Iran a pris en charge les frais du voyage. Belliraj a assisté à deux semaines de séminaires sur la révolution iranienne dans un hôtel ». Voir également Kristof Clerix dans le magazine flamand MO* : « En 2001, Belliraj s’est rendu en Afghanistan via le Pakistan, où il a séjourné pendant quinze jours. À Kandahar, il dit avoir rencontré Mohamed Attif, le bras droit d’Oussama Ben Laden. Il a demandé à Belliraj de trouver des personnes connaissant la chimie et la biologie, pour fabriquer des armes biologiques et chimiques. Attif a invité Belliraj à un dîner avec Oussama Ben Laden à Kandahar, auquel Al Zawahiri était également présent » [tiré des aveux de Belliraj aux enquêteurs marocains]. De son côté, le très sérieux quotidien néerlandophone De Morgen révèle le 7 mars 2008, sous la plume de Georges Timmerman et Kim Herbots « qu’une délégation d’agents américains du FBI et de la CIA sont venus enquêter au Maroc, au début du mois de mars, sur le réseau terroriste de Belliraj. Le lien entre celui-ci et Al-Qaïda et le Hezbollah est désormais établi, a indiqué une source policière. Le but de la mission américaine est de comparer des échantillons d’ADN collectés lors des attentats d’Al-Qaïda ces dernières années. » https://www.demorgen.be/nieuws/fbi-en-cia-verdenken~bbe84246/
5 Dans la série d’articles consacrée à l’affaire Belliraj, Kristof Clerix publie dans le magazine MO* du 21 octobre 2009 un historique de l’évolution des relations entre la Sûreté de l’État, la DGED et la DGST marocaines, des années 70 à 2009.
6 Lire notamment l’article de Philippe Brewaeys dans l’hebdomadaire M magazine du 14-20 novembre 2014: « Six morts sans ordonnance ». Enquête réalisée avec le soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie – Bruxelles.
7 Une lettre de Belliraj: « J’ai été torturé » a été publiée dans son intégralité par le journal Le Soir du 14 novembre 2008.
8 Précisions apportées par le quotidien néerlandophone De Morgen, citant des sources policières. Édition du 18 octobre 2008.
9 Kristof Clerix. 10/09/2009. Témoignage d’un inspecteur de la police fédérale belge qui a suivi Belliraj pendant plus de 20 ans.
10 Gilbert Dupont, La Dernière Heure. 14/03/2008
11 La presse belge reprend une dépêche de l’agence Belga (équivalent de l’AFP) du 19/03/2008 https://www.rtbf.be/article/un-avis-negatif-sur-la-naturalisation-de-belliraj-a-disparu-522330
12 Le communiqué de presse de la Sûreté de l’État est publié le même jour
13 Rapport d’activité du Sénat 2009
14 https://www.senate.be/www/?MIval=publications/viewPub.html&COLL=S&LEG=5&NR=1435&VOLGNR=1&LANG=fr. À consulter également la question écrite n°4-5700 du 7/12/2009 du sénateur Paul Wille, tout aussi critique.
15 Rapport annuel 2008. Chapitre 2, pages 34 et 35 – section TERRORISME – 1) AFFAIRE BELLIRAJ

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