La vocation du Forum Humboldt est d’accueillir des expositions sur les cultures non européennes. Mais ce musée ethnographique est aujourd’hui au cœur d’une controverse concernant la propriété d’œuvres d’art et d’objets obtenus à l’époque de l’empire colonial allemand en Afrique et en Asie. L’historien d’art Horst Bredekamp a répondu dans une tribune parue dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (à lire ici dans K.) à certaines critiques[1] venant du mouvement de décolonisation de l’art et des musées. Nous avons voulu, dans cet entretien avec lui, en savoir davantage sur une tradition ethnographique allemande oubliée – et en particulier sur la contribution des savants et collectionneurs juifs au sein de cette tradition.
Julia Christ : En dehors d’Allemagne, le public européen ne connaît pas forcément le principe sur lequel repose le Forum Humboldt. Dans votre texte paru dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), vous expliquiez à quel point cela relève du contresens de dire qu’il s’inscrit dans une tradition coloniale ou impérialiste. Dans quelle tradition s’inscrit-il alors ? Et dans quelle mesure cette tradition est-elle une tradition spécifiquement allemande, dont les représentants les plus marquants sont certainement les frères Humboldt[2] – c’est-à-dire des figures intellectuelles, des savants privés pourrait-on presque dire qui, contrairement à James Cook, par exemple, ont mené leurs travaux ethnographiques et comparatifs en dehors de tout soutien d’une puissance impériale ?
Horst Bredekamp : Lorsque j’ai proposé le nom « Forum Leibniz » devant la commission qui devait décider de la désignation et du nom du Forum Humboldt en 2001, cette idée a été rejetée à une voix près par rapport au nom « Forum Humboldt ». Je n’ai pas vu cela comme une défaite, mais plutôt comme une confirmation. L’enjeu était de défendre une longue tradition d’universalisme libéral qui engendrait inévitablement l’idée de la relativité de toutes les cultures.
Contrairement à la Grande-Bretagne et à la France, par exemple, il n’y avait pas d’État-nation en Allemagne du vivant de Leibniz et des frères Humboldt. Après avoir parcouru 100 kilomètres depuis son propre lieu de résidence, on se retrouvait face à une autre petite entité étatique dans laquelle il existait des mesures différentes, une monnaie différente et également une juridiction différente. Cela a constamment obligé à penser au-delà de sa propre sphère sans se considérer comme le centre de la pensée et le nombril du monde. C’est cette ligne de pensée qui, à travers des disciples de Leibniz, a eu des effets, par exemple dans l’université réformée de Göttingen. Han Vermeulen, dans Before Boas[3] a érigé un monument à l’ethnologie non impériale qui y était pratiquée, et à sa participation au développement du concept d’ethnologie au début du 18e siècle. C’est à l’université de Göttingen qu’Alexander von Humboldt a rencontré Georg Forster[4], le révolutionnaire avec lequel il a ensuite entrepris un voyage formateur dans le Bas-Rhin, en Hollande, puis à Londres et à Paris. Georg Forster a fait le tour du monde avec son père sur le navire de James Cook mais, comme le montrent ses écrits, il n’a pas pour autant abandonné ses convictions. Il en va de même pour Alexander von Humboldt, qui a voyagé avec un passeport espagnol mais n’en a pas pour autant approuvé la traite espagnole des esclaves.
Au contraire, quiconque suppose que quelqu’un qui, à l’époque, a utilisé les voies de transport établies était un colonisateur suppose de manière essentialiste que toute personne qui se déplace dans une certaine structure de domination doit automatiquement adhérer sans faille à son idéologie. Or, cela signifierait que l’individu n’a pas de jeu pour s’autodéterminer ou pour résister. Une telle pensée présente des traits totalitaires qui nient explicitement l’idée de la diversité et de l’autonomie, autant culturelle qu’individuelle.
JC : La tradition ethnographique dont il est question ici est une tradition qui part du postulat précisément de la diversité culturelle. Dans votre texte, vous insistez sur la contribution des savants juifs de l’empire wilhelminien à un anticolonialisme spécifique – et précoce – fondé sur ce postulat. Quelle est, à vos yeux, la contribution juive à la réflexion sur la diversité culturelle entre les groupes humains ?
HB : Trois éléments sont cruciaux : d’abord, la sensibilité à la diversité et au droit des étrangers, des outsiders, voire des parias ; ensuite, la volonté de s’abstenir de hiérarchiser les porteurs de différences ; enfin, la prise en compte d’un horizon plus large pour rendre possible la comparaison, l’évaluation et la réaction. Cette triade n’était nullement le propre exclusif des savants juifs, mais ceux-ci étaient particulièrement prédisposés à prendre en compte ces trois éléments sans en abandonner un seul. C’est là un point de départ pour l’anthropologie de Franz Boas[5].
Les savants juifs étaient particulièrement prédisposés à prendre en compte ces éléments : la sensibilité à la diversité et au droit des étrangers, des outsiders, voire des parias ; ensuite, la volonté de s’abstenir de hiérarchiser les porteurs de différences.
À titre d’exemple, je voudrais mentionner Carl Einstein, un autre chercheur qui a combiné toutes ces composantes[6]. Sa mention est mal vue dans le contexte du postcolonialisme car, en 1915, il a intitulé son livre sur l’art africain Negerplastik [Sculpture nègre]. Contrairement à l’idée répandue aujourd’hui selon laquelle le terme « nègre » a toujours eu une connotation raciste, Einstein a explicitement utilisé ce terme dans le sens d’une localisation géographique dans la région du Niger, et donc de la même manière que nous parlons aujourd’hui de « groenlandais ». Le livre d’Einstein est l’un des monuments du vingtième siècle, car il montre clairement, et à grande échelle, que la sculpture africaine, bien que fondamentalement différente de la sculpture européenne, ne doit en aucun cas lui être subordonnée. Dans le contexte de l’art mondial, la qualité des œuvres africaines doit être assimilée à celle de l’art de la Renaissance. Einstein, qui a fondé la revue Documents avec Georges Bataille[7], s’est ensuite donné la mort dans les Pyrénées, tout comme Walter Benjamin, fuyant les nazis. Il s’inscrit pour cela d’autant plus à mes yeux dans cette lignée juive de la tradition évoquée plus haut.
JC : Vous citez Franz Boas comme l’un des anthropologues exceptionnels dans la tradition duquel vous situez le travail du Forum Humboldt. Dans quelle mesure l’anthropologie culturelle d’un Boas est-elle incompatible avec le colonialisme ?
L’élément crucial de l’anthropologie de Boas, tel qu’il est exposé dans ses premiers articles dans Science, avec de fortes références à Adolf Bastian du Musée d’ethnologie de Berlin, consiste en son abandon d’une échelle humaine qui irait du non-civilisé et du primitif pour graduellement s’élever vers le sommet des sociétés modernes techniquement équipées[8]. Son alternative a été fortement inspirée par la philosophie du langage de Wilhelm von Humboldt : chaque communauté et chaque culture porte en elle son propre devenir, et ne peut être inscrite dans une hiérarchie qui la place dans un schéma de développement nécessaire. Par conséquent, toute justification de l’oppression et de l’asservissement d’une communauté parce qu’elle représente prétendument un stade de développement inférieur, cesse d’exister.
JC : Un autre grand nom qui vous tient à cœur est celui d’Aby Warburg. Un penseur auquel vous avez récemment consacré une monographie[9]. Dans votre article, vous insistez sur le geste de collectionneur propre à Warburg – et l’on pense au texte de Walter Benjamin : « Eduard Fuchs, le collectionneur et l’historien ». À vos yeux, le geste de collectionner comme réponse à une période de crise et de destruction a-t-il un lien avec le judaïsme libéral allemand, dans l’esprit duquel vous situez le projet du Forum Humboldt ?
HB : L’article de Benjamin contient la célèbre phrase : « Il n’est jamais un document de la culture qui ne soit en même temps un document de la barbarie ». Benjamin applique précisément cette double détermination aux pièces rassemblées dans des collections comme celle de Warburg, dans la mesure où celles-ci dépassent les objectifs des créateurs et incarnent en elles-mêmes la pré- et post-histoire de leur création. Dans l’essai sur L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Benjamin appelle cela l’aura. Parmi les collectionneurs exceptionnels que Benjamin compte parmi les plus passionnés, figure Adolf Bastian, le directeur du musée d’ethnologie de Berlin, dont la vie de chercheur serait un « trésor inépuisable » pour les recherches futures. Cette déclaration de Benjamin définit précisément ce que le programme du Forum Humboldt pourrait et devrait être. Au sens de Benjamin, qui cite Bastian comme un témoin clé, la nécessité et le bonheur de collectionner renvoient à la conviction qu’une métaphysique opère dans les objets qui transcende le matériel.
Il était donc important de pouvoir acquérir des objets d’usage quotidien, ainsi que des objets rituels ou de symboles matériels de pouvoir, afin de comprendre, même si ce n’est qu’approximativement, des sociétés étrangères. Ils ont été rassemblés selon leur double détermination de matière formée et de symbole, afin de pouvoir tirer quelque chose de cette communauté d’œuvres, ce qu’Alexander von Humboldt appelait la « lueur des pièces des collections ». Une tradition particulière, remontant essentiellement à Gustav Klemm[10], se consacrait principalement aux objets dont la conception était liée à l’usage, au sens des arts et de l’artisanat. Cela confère aux collections un caractère particulier qui a façonné le musée d’ethnologie de Berlin. À la fin de son essai, Benjamin qualifie ce principe de collection d’armes défensives contre le « culte du Führer ».
JC : Vous faites référence dans votre texte à d’autres figures importantes, mais aujourd’hui largement oubliées, de ce judaïsme libéral allemand : Heymann Steinthal et Moritz Lazarus. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces deux figures et expliquer leur contribution à une approche du monde dans sa diversité qui ne repose ni sur des idées coloniales ni sur des fantasmes de conquête ?
HB : Tous deux étaient des juifs non-convertis. Ils se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient la psychologie avec Johann Friedrich Herbart à l’université de Berlin. Moritz Lazarus a fondé la discipline « Psychologie et Ethnologie » à l’Université de Berne, dont il est ensuite devenu le doyen et le recteur. De retour à Berlin, il travaille à l’Université de Berlin à partir de 1873. Avec Steinthal, qui enseignait en tant que Privatdozent à la même université et en tant que conférencier à la Hochschule für die Wissenschaft des Judenthums [Académie pour la science du judaïsme], Lazarus a édité à partir de 1860 l’influent Zeitschrift für Völkerpsychologie und Sprachwissenschaft [Revue de la psychologie des peuples et de ligusitique], sans lequel l’œuvre de Boas, qui est né une génération plus tard, serait difficilement concevable.
Le plaidoyer pour une vision relativiste des cultures était déterminé par la ‘question juive’
Ouvertement ou implicitement, le plaidoyer pour une vision relativiste des cultures était déterminé par la « question juive » ; reconnaître la particularité tout en s’accrochant résolument à l’unité du tout, était le moyen pour miner le terrain à la tendance ségrégative de l’antisémitisme, telle que représentée par Heinrich von Treitschke depuis le pupitre de la même université berlinoise. Le statut du juif qui se revendique comme tel ne doit en aucun cas entrer en conflit avec l’appartenance à la même nation et à la même société que les non-juifs. Dans ce cadre, Steinthal et Lazarus ont rencontré Rudolf Virchow, qui à son tour a soutenu Franz Boas au mieux de ses capacités.
JC : Enfin, nous aimerions vous poser une question sur l’oubli. Vous dites vous-même que cette tradition libérale judéo-allemande a été oubliée et qu’elle est activement effacée aujourd’hui à travers son assimilation à des entreprises et des formes de pensée coloniales. A juste titre, vous y voyez une complicité du post-colonialisme et de l’antisémitisme. En tout cas, il est évident que les théories postcoloniales veulent effacer la trace de la pensée humaniste juive de l’empire wilhelminien en l’assimilant au colonialisme. Quel lien voyez-vous entre cet oubli et l’affaire Mbembe ? Que révèle cette affaire sur cet oubli ?
HB : Je ne peux que faire des suppositions ici. Le problème du postcolonialisme réside dans le fait qu’une fois de plus, un objectif, qui en soi est bienvenu, et qui naît de la tradition des mouvements de gauche, est radicalisé de telle manière qu’il court le danger de devenir dogmatique, voire doctrinaire. Tout geste qui affirme une prétention à la représentation unique et qui diminue, voire méprise, tout ce qui, dans l’histoire, pourrait le concurrencer, devient improductif. Il serait tragique qu’une tradition spécifiquement juive d’anticolonialisme en soit la victime. Les considérations présentistes – c’est-à-dire celles qui argumentent uniquement à partir du présent – qui veulent voir en Israël, par exemple, le « dernier État colonial » sont bien plus qu’une simple critique du gouvernement israélien. Achille Mbembe n’est pas, à mon avis, en première ligne ici ; la controverse qui l’entoure l’a transformé lui-même en objet. Quoi qu’il en soit, selon moi, la clé pour dissoudre les durcissements du présent, est la prise au sérieux de l’histoire dans sa diversité et, pour ce cas, le geste qui l’interroge sur ce que les approches au sens de Lazarus, Steinthal, Boas et Carl Einstein peuvent apporter de substantiel.
JC : En ce contexte, permettez-nous une dernière question: l’oubli est-il un oubli général de l’histoire, ou concerne-t-il spécifiquement la judéité dans l’histoire allemande ?
HB : Ici aussi je ne peux faire que des conjectures, plutôt que de proposer des explications. Mais peut-être qu’un exemple peut-il parler de lui-même. Lorsque j’ai inauguré l’exposition Anders zur Welt kommen [Venir au monde autrement] au Altes Museum de Berlin [Vieux musée de Berlin] en 2010, qui voulait donner une image du futur Forum Humboldt, j’ai rappelé la tradition de ces Lumières juives qui, en tant qu’ethnologie libérale, devrait s’ajouter à l’anticolonialisme de notre époque, afin que l’on puisse, ensemble, obtenir des critères pour l’avenir. L’auditorium a opposé une résistance spontanée et tout à fait méchante, et la publication de mon livre sur les études ethnologiques d’Aby Warburg a suscité la même réaction, ne serait-ce que parce que Warburg se considérait comme quelqu’un qui possédait une « âme indienne » – cette désignation qui a ses yeux avait une signification profondément positive ne peut même pas être citée aujourd’hui.
Tout ce qui franchit la ligne actuellement dominante semble être interprété comme tentative d’exonération d’une histoire collective de culpabilité. Cette ligne d’interprétation tend par ailleurs à substituer l’histoire coloniale au national-socialisme comme le souligne Steffen Klävers dans Decolonizing Auschwitz?[11] Les constructions de ce type se voient remises en question par la référence à d’autres courants de la tradition, comme s’il s’agissait là de relativisations et de différenciations inadmissibles. Du haut de la position anticoloniale « pure », les représentants d’une image de l’histoire qui accueille en son sein des approches résistantes peuvent être condamnés avec cette puissance propre à l’assurance de soi immaculée.
Quiconque rappelle la tradition spécifiquement juive des Lumières semble se rendre suspect, car elle va à l’encontre d’une tendance au fondamentalisme qui est une sorte d’occidentalisme post-colonial, reconnaissant l’histoire de l’ « Occident » comme le mal fondamental de l’humanité et qui jette ainsi par-dessus bord précisément ses héritages – Lumières, tolérance, démocratie – qui sont aussi difficiles à assumer qu’ils sont cruciaux. Il faut espérer qu’une fois cet unilatéralisme apaisé, tout ce qui a été soumis à l’autocensure et refoulé ressortira, et que l’on retrouvera ainsi une diversité permettant une attitude de liberté vis-à-vis du passé comme de l’avenir.
Propos recueillis par Julia Christ
Notes
1 | Des critiques sont notamment portées par le collectif No Humboldt 21 dont une lettre ouverte résume la position : « Le projet [du Forum Humboldt] dans sa forme actuelle porte atteinte à la dignité humaine et aux droits de propriété d’hommes et de femmes à travers le monde ; il est euro-centriste, réactionnaire et rétrograde. Le Forum Humboldt s’oppose à l’idée d’une cohabitation égalitaire au sein d’une société de migration » |
2 | Wilhelm von Humboldt (1767-1835), était philosophe, linguiste et fonctionnaire de l’État prussien, fondateur de l’Université de Berlin en 1815. Il est notamment connu pour ses travaux en linguistique comparée, qui l’amenait à concevoir chaque langue et chaque culture comme une vision du monde légitime au même titre que toutes les autres. Son frère, Alexander von Humboldt (1769-1859), était quant à lui naturaliste, géographe et explorateur. Observateur hors pair il a laissé à la postérité non seulement une œuvre monumentale de description et classification de la faune et flore des contrées qu’il a visitées, mais a également établi le fondement d’une anthropologie culturelle non évolutionniste. Il est notamment connu pour avoir été un des rares scientifiques de son époque à protester publiquement contre l’esclavage et toute maltraitance de culture extra-européennes qui, à l’époque, s’est toujours fondée idéologiquement sur l’idée d’une supériorité de la civilisation et culture européenne. |
3 | Han Vermeulen, Before Boas, The Genalogy of enthography and ethnology in the German Enlightenement, Nebraska University Pres, 2015. |
4 | Georg Forster (1754-1794), naturaliste et ethnologue allemand, membre du club jacobin de Mayence et à ce titre co-fondateur de l’éphémère République de Mayence (1793-1794), meurt de mort naturelle à Paris sous la terreur, qu’il défend. Explorateur ayant voyagé avec James Cook, Forster est connu pour avoir très tôt contesté le concept de race et défendu l’unité du genre humain. Les différentes cultures, selon lui, ne sont que des manifestations différentes du genre humain et en aucun cas à hiérarchiser. On lui doit des descriptions détaillées des rites et cultes des peuples polynésiens ainsi qu’une riche œuvre de dessins de la faune et flore des contrées qu’il a visitées. |
5 | Franz Boas, (1858-1942) était un anthropologue juif allemand. Après ses études en Allemagne, il a émigré aux États-Unis où il a fondé ce qu’on appelle l’anthropologie relativiste, c’est-à-dire une approche non évolutionniste des cultures, selon laquelle chaque culture a sa propre signification et valeur en elle-même, et qui ne permet aucune hiérarchisation. |
6 | Carl Einstein (1885-1940), était un historien d’art juif allemand qui, le premier, a publié une étude sur l’art africain non pas d’un point de vue ethnologique mais esthétique dans l’ouvrage mentionné par Horst Bredekamp. Membres des brigades républicaines pendant la guerre d’Espagne, il s’est exilé à Bordeaux après la victoire de Franco. Il s’est suicidé après la défaite de la France en 1940. |
7 | Revue surréaliste fondé par George Henri Rivière, Georges Bataille et Carl Einstein en 1929. Elle n’a publié que quinze numéros et s’est éteint en 1931. Le titre complet, programmatique, était « Documents. Doctrines, Archéologie, Beaux-Arts, Ethnologie ». La revue juxtaposait et mélangeait à la fois l’ethnographie et les œuvres d’arts de l’avant-garde dans l’objectif d’ouvrir un débat entre artistes et écrivains, penseurs, historiens de l’art, ethnologues. Les thématiques sont très diverses, allant de l’étude des peintures pariétales à la peinture contemporaine (Pablo Picasso, Salvador Dalí, Paul Klee, André Masson, et autres), en passant par l’art sibérien, les arts dits primitifs en général, dans une optique privilégiant « l’ethnologie de l’art », l’ethnographie, la musicologie, le jazz, la poterie, explorant aussi des territoires inattendus tels que le music-hall, les dessins d’enfants, la bande-dessinée, les abattoirs, etc. |
8 | Le musée d’ethnologie de Berlin a été fondé en 1873. Il rassemblait une partie des collections de l’ancienne Kunstkammer royal. Le reste des collections était issu de ce que son directeur, Adolf Bastian (1826-1905), appelait des « Voyages de collectes ». Convaincu du fait que l’expansion de l’Europe de par le monde était en train de détruire les cultures extra-européennes, Bastian s’est donné pour objectif de « sauver » un maximum d’objets de la destruction. Le principe du musée était purement scientifique et documentaire. Ainsi les pièces n’y étaient pas exposées de manière didactique, mais rassemblés à des fins d’études scientifiques. |
9 | Horst Bredekamp, Der Indianer, Berliner Erkundungen einer liberalen Ethnologie, Berlin, Wagenbach, 2019. Aby Warburg (1866-1929) était un historien d’art, juif allemand. Il est notamment connu pour la bibliothèque qu’il a fondée rassemblant une immense quantités d’ouvrages traitant de toutes les cultures mondiales. La bibliothèque Warburg, qui était fréquenté par Panofsky, Cassirer et Scholem, avait pour but de transformer l’histoire de l’art, de la littérature et de la musique en y intégrant tous les faits culturels d’une société donnée. En ajoutant au corpus de la bibliothèque des ouvrages sur des domaines tels que l’astrologie et la magie, Warburg a anticipé de nombreux développements dans la compréhension moderne de l’histoire des sciences. La bibliothèque a été sauvée des nazis en 1933 par son déménagement à Londres où elle se trouve encore aujourd’hui (https://warburg.sas.ac.uk/). |
10 | Gustav Klemm (1802-1867) était un historien d’art et bibliothécaire allemand. Auteur d’un ouvrage en 10 volumes sur l’histoire culturelle de l’humanité, il a également été un grand collectionneur d’objets culturels. Ces derniers, après sa mort, ont été rassemblé dans le musée d’ethnographie de Leipzig. |
11 | Steven Klävers, Decolinizing Auschwitz ? Komparativ-postkoloniale Ansätze in der Holocaustforschung, Berlin, De Gruyter, 2019. Le livre formule une critique des tentatives de la pensée postcoloniale d’interpréter la Shoah à l’aide du schème colonial. |