Afrique du Sud : de l’ANC à la CIJ
Comment comprendre l’acharnement de l’Afrique du Sud à accuser Israël de génocide devant la Cour international de Justice[1] ? Howard Sackstein, membre fondateur du Mouvement juif anti-apartheid, revient dans ce texte sur la dégradation du contexte politico-économique du pays, sur les faillites de l’ANC et la manière dont ce dernier essaye de redorer son blason et de remplir ses coffres en se faisant le porte-parole de l’antisionisme mondial. En toile de fond de ces manœuvres politiques, se pose la question incertaine de l’avenir de la communauté juive sud-africaine.
La liesse était palpable en Afrique du Sud il y a un mois, l’ambiance rappelant celle de la victoire du pays lors de la Coupe du monde de rugby en France, quelques mois auparavant.
Paré de keffiehs palestiniens, le comité exécutif national du parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), était triomphalement installé devant un grand écran de télévision, applaudissant à tout rompre l’arrêt de la Cour internationale de justice, rendu à La Haye. L’ambassadeur adjoint de Palestine trônait aux côtés du président sud-africain.
Bien que le gouvernement sud-africain ait échoué à atteindre la quasi-totalité de ses objectifs dans son litige avec Israël, le régime de l’ANC a célébré sa victoire, affirmant qu’il avait restauré sa réputation ternie de bastion de la liberté et des droits de l’homme dans le monde. Son succès : ternir à jamais l’image d’Israël avec le canard du « génocide ».
Il n’existe peut-être aucun autre pays au monde aussi bien pourvu que l’Afrique du Sud en merveilles de la nature, en plages blanches immaculées, en faune abondante et en ressources naturelles extraites des profondeurs de la terre. Le pays regorge de gisements d’or, de diamants et de platine. Les touristes affluent vers les sables fins de la côte du Cap et passent leurs vacances dans un luxe et une opulence inégalés dans la brousse africaine. Pour beaucoup, l’Afrique du Sud est l’un des véritables cadeaux de Dieu à ce monde.
Marquée par une histoire de colonisation portugaise, hollandaise, française et britannique, par une génération de ségrégation et d’inégalités due à l’apartheid et par une lutte de libération qui a duré jusque dans les années 1990, l’Afrique du Sud a souffert d’un passé tumultueux et sanglant. Les cicatrices de l’apartheid sont profondément incrustées dans l’âme de la nation.
La ministre sud-africaine des affaires étrangères, Naledi Pandor, convertie à l’islam, a proclamé que « le vrai problème, c’est le peuple de Palestine qui est tué tous les jours, le peuple de Palestine qui dort dans le froid, le peuple de Palestine qui est privé de nourriture, d’eau et d’énergie. C’est sur cette question cruciale que nous devrions tous nous concentrer ». En Afrique du Sud même, 77 personnes sont assassinées chaque jour, 27 272 rien qu’en 2023, ce qui fait du pays la capitale mondiale du meurtre. 9,9 millions de Sud-Africains n’ont pas de logement et 8 millions de personnes vivent dans des cabanes délabrées en tôle ondulée. 11,8 millions de Sud-Africains n’ont pas d’approvisionnement fiable en eau et 33 % du pays ne dispose pas d’installations sanitaires de base. En 2023, le pays a été plongé dans l’obscurité pendant 6 800 heures, le gouvernement ayant échoué à maintenir la lumière allumée.
Malgré l’allégresse et les célébrations, l’Afrique du Sud n’est tout simplement pas un pays heureux ! Pour l’ANC, la priorité est la Palestine, et non les conditions épouvantables dans lesquelles vivent les Sud-Africains.
Récemment, alors que l’équipe de football d’Afrique du Sud jouait contre la Palestine, Naledi Pandor, aux côtés du président, a scandé l’appel génocidaire à la destruction d’Israël : « from the river to the sea, Palestine will be free ». Aucun autre pays non musulman ne tient un discours anti-israélien aussi ignoble que l’Afrique du Sud. Les musulmans ne représentent que 1,6% de la population.
Lorsque Nelson Mandela est sorti de prison en 1990, le monde entier a célébré l’effondrement de l’apartheid et le premier gouvernement démocratiquement élu, qui a investi ses fonctions en 1994.
L’Afrique du Sud est immédiatement devenue le symbole de la liberté et de la démocratie. Mandela a donné le ton en construisant une « nation arc-en-ciel », assurant à tous ses citoyens que « nous croyons que l’Afrique du Sud appartient à toutes les personnes qui y vivent, et non à un groupe, qu’il soit noir ou blanc ».
Pourtant, trente ans après sa transition vers la démocratie, l’Afrique du Sud est sur le point de devenir un État failli. Le pays est en proie à l’anarchie, à la criminalité généralisée, à une mafia de la construction, à une corruption gouvernementale écrasante et à un dysfonctionnement débilitant de l’administration. Le taux de chômage avoisine les 41,2 % et le rand s’est dévalué de 50 % sous le règne de l’actuel président, Cyril Ramaphosa. L’Afrique du Sud est un véritable gâchis !
Johannesburg, autrefois réputée « ville africaine de classe mondiale », n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même, jonchée d’ordures et de nids-de-poule. Le maire de Johannesburg, adepte d’un islam intégriste, tient absolument à rebaptiser la route qui abrite le consulat américain du nom de la terroriste palestinienne Leila Khaled, qui a attaqué et fait exploser un vol de la compagnie américaine TWA.
Pour l’ANC, la priorité est la Palestine, et non les conditions épouvantables dans lesquelles vivent les Sud-Africains.
Jadis florissante, la communauté juive sud-africaine, dépassant les 120 000 âmes à son apogée, n’en compte plus aujourd’hui qu’un tiers environ. Fuyant le déclin économique, les pratiques d’un État gangster et un gouvernement viscéralement anti-israélien, l’Afrique du Sud n’est plus un lieu sûr ni une patrie pour de nombreux Juifs.
Une enquête menée auprès de lycéens juifs en fin de cursus a montré que 82 % d’entre eux ne pensaient pas habiter en Afrique du Sud dans dix ans, et que 53 % pensaient qu’ils devraient peut-être cacher une partie de leur identité juive pour faire carrière dans le pays.
Les Juifs sont arrivés pour la première fois en même temps que les colons hollandais qui cultivaient les terres fertiles autour de la colonie du Cap. Il s’agissait à l’époque d’un lieu de passage pour les commerçants de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, à mi-chemin entre la Hollande et l’Inde.
Au Cap même, la communauté juive a établi des synagogues et des institutions communautaires il y a plus de 150 ans. La découverte de diamants à Kimberly et, plus tard, d’or dans le Witwatersrand, a suscité un afflux de Juifs britanniques à la recherche de minerais précieux. Les « Randlords » juifs, des propriétaires de gisements comme Ernest Oppenheimer, Barny Barnato et Lionel Phillips, remplissent les pages de l’histoire minière de l’Afrique du Sud.
Mais le véritable afflux de Juifs en Afrique du Sud a commencé au début du XX° siècle, avec l’arrivée de réfugiés juifs fuyant les persécutions dont ils étaient victimes en Lituanie. Pour ces Juifs, qui fuyaient à la fois les pogroms et l’exclusion économique, l’Afrique du Sud allait devenir la « goldena medina » (la terre d’or).
Cependant, leur arrivée en Afrique du Sud a été bien mal accueillie par l’establishment blanc afrikaner, aux profondes racines racistes et aux sympathies nazies. De nombreux membres de ce dernier considéraient que ces Juifs n’étaient pas assez « blancs » ou européens. Les dirigeants afrikaners ont souvent protesté contre l’arrivée d’immigrants juifs sur les quais du Cap, notamment John Vorster et Hendrik Verwoerd, qui sont tous deux devenus plus tard premiers ministres de l’Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid.
Les immigrants juifs se sont installés dans la campagne du bushveld pour devenir des vendeurs ambulants (« smouses ») et, plus tard, avec les modestes moyens dont ils disposaient, pour envoyer leurs enfants étudier dans les prestigieuses universités sud-africaines. Certains d’entre eux deviendront des lauréats du prix Nobel.
La plupart des Juifs lituaniens qui ont débarqué dans le pays étaient des socialistes du Bund. Ils ont fondé et dirigé le mouvement syndical sud-africain, créé des partis politiques libéraux, dominé le parti communiste local et lutté contre l’apartheid, la politique sud-africaine de séparation des populations selon leur appartenance raciale : « blancs », « colorés » (métis), « indiens » ou « noirs ».
Les Juifs sud-africains étaient tellement impliqués dans la lutte pour la libération que presque tous les « Blancs » arrêtés au siège militaire de l’ANC, Liliesleaf Farm, pour être jugés avec Nelson Mandela, étaient juifs.
La communauté juive sud-africaine est devenue l’une des plus vibrantes et dynamiques au monde. Plus de 90 % des enfants juifs sont scolarisés dans des écoles juives, les synagogues ont proliféré et la communauté gère certaines des plus importantes organisations sociales et culturelles de l’hémisphère sud. Les Juifs sud-africains ont été les entrepreneurs les plus prospères et féconds du pays, construisant une grande partie du secteur de la vente au détail, réinventant son secteur des assurances et dominant les marchés de l’immobilier et de l’hôtellerie, tout en étant les pionniers des professions médicales et juridiques.
À l’époque de l’apartheid, Israël et l’Afrique du Sud ont entretenu d’étroites relations, se fournissant mutuellement des technologies militaires et nucléaires, les deux pays étant perçus à l’époque comme des nations parias. Toutefois, Israël n’était certainement pas le seul à fournir des armes et un savoir-faire nucléaire à l’Afrique du Sud. Les avions de l’armée de l’air sud-africaine ont été construits selon des plans français et la capacité nucléaire de l’Afrique du Sud a été fournie presque exclusivement par la France. L’Iran et l’Arabie saoudite fournissaient du pétrole à l’Afrique du Sud, tandis que les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Portugal et leurs alliés fournissaient des fonds, des armes et un soutien politique au pays, qui constituait ainsi un rempart contre l’expansion du communisme en Afrique.
La communauté juive sud-africaine est fièrement sioniste et entretient de profondes relations religieuses, spirituelles et familiales avec Israël. 832 Sud-Africains ont combattu comme volontaires dans la Guerre d’Indépendance d’Israël, constituant le deuxième contingent le plus important, après les Américains, dans l’armée des volontaires du Mahal. Plus de 50 000 Sud-Africains et leurs descendants vivent aujourd’hui en Israël. Ra’anana, qui abrite tant de Juifs français, est affectueusement appelée « Rananafontein », du nom de ses habitants sud-africains.
Cette relation des Juifs sud-africains avec Israël n’a pas été du goût des dirigeants actuels de l’ANC.
Les Juifs sud-africains ont fondé et dirigé le mouvement syndical, créé des partis politiques libéraux, dominé le parti communiste local et lutté contre l’apartheid.
Trois décennies de mauvaise gestion ont rendu l’emprise de l’ANC sur le pouvoir particulièrement précaire.
Alors que le pays s’achemine vers les élections générales qui auront lieu fin mai, l’ANC cherche désespérément à retrouver une partie de l’autorité morale qui lui a conféré statut et prestige dans les premières années de son existence.
Comme de nombreux mouvements de libération des années 1960, les cadres de l’ANC ont participé aux luttes de libération anti-occidentales parrainées par l’ex-Union soviétique. Dans les tranchées de la guerre froide, l’ANC partageait idéologie, ressources et camaraderie avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Front Polisario. Avec l’effondrement de l’Union soviétique, le monde a changé, mais pas l’ANC.
Peu après sa sortie de prison, Nelson Mandela a embrassé Yasser Arafat et déclaré : « Nous nous identifions à l’OLP parce que, tout comme nous, elle lutte pour le droit à l’autodétermination… Arafat est un compagnon d’armes, et nous le traitons comme tel… Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».
Toujours pragmatique, Mandela était également très proche de la communauté juive d’Afrique du Sud. Ses amis à l’université étaient juifs, il travaillait pour un cabinet d’avocats juifs, alors qu’aucun autre cabinet ne voulait l’employer, et une grande partie de son équipe juridique, qui lui a permis d’éviter la potence, était également juive.
Mandela a déclaré que « les Sud-Africains d’origine juive ont historiquement été représentés de manière disproportionnée parmi nos compatriotes blancs dans la lutte de libération » et « en tant que mouvement, nous reconnaissons la légitimité du nationalisme palestinien tout comme nous reconnaissons la légitimité du sionisme en tant que nationalisme juif. Nous insistons sur le droit de l’État d’Israël à exister à l’intérieur de frontières sûres, mais nous soutenons avec la même vigueur le droit des Palestiniens à l’autodétermination nationale ».
Au fur et à mesure que le souvenir de Mandela s’estompe, le parti corrompu au pouvoir en Afrique du Sud s’identifie de plus en plus aux forces qui s’opposent à l’Occident. Dans la formulation la plus grossière de sa politique étrangère, l’Afrique du Sud soutient Cuba, le Venezuela, la Russie et l’Iran tout en s’opposant au Maroc, à Israël, à l’Ukraine et, dans la mesure du possible, à l’Occident. Elle s’oppose activement à l’influence française sur le continent africain.
En 2023, une crise a éclaté lorsque l’ambassadeur américain Reuben E. Brigety II a accusé l’Afrique du Sud de fournir des armes à la Russie après son invasion brutale de l’Ukraine. Faisant référence à un cargo russe sous sanctions qui avait subrepticement accosté à la base navale de Simons Town, près du Cap, avec ses balises de transpondeur désactivées, Brigety a déclaré : « Nous sommes convaincus que des armes ont été chargées sur ce navire, et je parierais ma vie sur l’exactitude de cette affirmation. »
Avec l’effondrement de l’Union soviétique, le monde a changé, mais pas l’ANC.
L’Afrique du Sud est un pays à vendre, à la disposition du plus offrant.
Pendant le mandat du président Jacob Zuma, l’Afrique du Sud a été vendue à la famille indienne Gupta, dans un processus connu sous le nom de « capture de l’État ». Avec la complicité du président, l’État et les institutions publiques ont été dépouillés de leurs actifs par la famille Gupta. Si vous souhaitiez faire des affaires avec l’État, la route menant à un contrat passait par le complexe des Gupta. L’ancien ministre sud-africain des finances, Pravin Gordhan, a estimé que 1 500 milliards de rands (73 milliards d’euros) ont été volés pendant l’ère Gupta/Zuma de la « capture de l’État ».
Ramaphosa a accédé au pouvoir en promettant d’éradiquer la corruption et de mettre fin à l’ère de la « capture de l’État ». Il s’est enrichi grâce aux largesses de certains des principaux hommes d’affaires juifs d’Afrique du Sud, qui l’ont placé dans leurs conseils d’administration, l’ont nommé président de leurs entreprises et ont participé à la collecte de fond pour sa campagne CR17, lui permettant d’être élu à la tête de l’ANC.
Une commission d’enquête sur la « capture de l’État », dirigée par le président de la Cour suprême Raymond Zondo, a dénoncé nommément la corruption de nombreux membres du parti et du cabinet de Ramaphosa, mais ce dernier n’a pas agi. Sous sa direction veule, la corruption est devenue encore plus endémique.
Des rumeurs circulent, bien qu’aucune preuve n’ait encore été apportée, selon lesquelles l’Iran aurait payé les dettes et les dépenses de l’ANC pour les prochaines élections, en échange de quoi l’Afrique du Sud aurait servi de proxy à l’Iran en portant les accusations de génocide à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice.
Il semblerait que le pays ait une fois de plus subi une « capture de l’État », cette fois par l’impitoyable régime théocratique iranien, avec la complicité de Mme Pandor, de sa famille et de son directeur général islamiste, Zane Dangor. Ensemble, ils dirigent la politique étrangère de l’Afrique du Sud en soutenant l’Iran, le Hamas et la cause palestinienne, sans aucune conséquence.
Le fait que M. Ramaphosa n’ait pas condamné le massacre du 7 octobre, qu’il n’ait pas tendu la main aux familles des deux Sud-Africains assassinés lors de l’attaque du Hamas, qu’il n’ait pas agi à l’égard des deux Sud-Africains kidnappés par le Hamas et qu’il ait fait preuve d’un mépris cruel en accusant Israël d’avoir mérité l’attaque, deux semaines à peine après le massacre, alors qu’il portait un keffieh palestinien, restera à jamais le symbole de son « moment de Judas ».
L’Afrique du Sud criait au génocide avant même le début de toute action militaire réelle à Gaza.
Le Hamas a été reçu avec les honneurs au Parlement, tandis qu’une fête était donnée en son nom dans les bureaux de l’ANC à Johannesburg.
Pandor a induit le Parlement en erreur en affirmant qu’il n’y avait pas eu de décapitation de bébés et qu’Israël avait attaqué l’hôpital arabe al-Ahli. Le parti d’opposition Freedom Front Plus a posé la question suivante à Mme Pandor : « Vous ai-je bien entendu dire que les atrocités dont nous parlons, les décapitations d’enfants, sont des fake news, que ce n’est pas vrai ? Est-ce la position du gouvernement sud-africain ? ». Ce à quoi Pandor a répondu : « Non, non, ce sont des preuves qui ont été fournies par une série d’organisations non gouvernementales, tant en Israël qu’en Palestine. Car nous ne nous adressons pas seulement aux Palestiniens. Nous parlons aussi aux Israéliens qui aiment la paix. Et nous savons qu’il y a beaucoup de fake news qui tentent de présenter les Palestiniens sous un mauvais jour et il a été admis, même par le porte-parole de la Maison Blanche, que cette déclaration qui a été faite au plus haut niveau s’est avérée ne pas être factuelle ».
Pandor a retiré tout le personnel diplomatique sud-africain de Tel Aviv et Israël a retiré son ambassadeur à Pretoria en représailles.
Le Hamas a publié un communiqué dans lequel il affirme que Pandor a téléphoné pour les féliciter du succès de leur attaque contre Israël, le « déluge d’Al-Aqsa ». Pandor a affirmé qu’elle ne faisait qu’offrir une aide humanitaire, mais a néanmoins refusé de publier la transcription de la conversation.
En décembre 2023, deux mois à peine après le massacre du 7 octobre, le Hamas s’est de nouveau rendu en Afrique du Sud : il a été reçu avec les honneurs au Parlement, tandis qu’une fête était donnée en son nom dans les bureaux de l’ANC à Johannesburg. La rumeur veut que Ramaphosa n’ait même pas été consulté au sujet de cette visite. Pour les djihadistes de son gouvernement, Ramaphosa n’est qu’un « idiot utile » qui laisse l’Iran et ses agences de renseignement s’implanter en Afrique du Sud.
Le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions) partage des bureaux avec le Hamas à Cape Town, dans le quartier de Bo Kaap, à quelques pas du Parlement sud-africain. Le ministre sud-africain de la justice, Ronald Lamola, insiste sur le fait que le Hamas n’est pas une organisation terroriste.
Lamola insiste également sur le fait qu’il n’y a pas d’antisémitisme en Afrique du Sud, malgré 600 % d’augmentation des incidents au cours des 12 derniers mois. Puisque Lamola n’a pas consulté les victimes ou les organisations juives de défense des droits civiques, le problème n’est pas qu’il soit aveugle, mais qu’il ne veuille pas voir.
Les sources de renseignement locales et internationales évoquent de plus en plus souvent des preuves selon lesquelles les dettes de l’ANC et sa campagne électorale pour 2024 ont été financées illégalement par l’Iran.
Selon la loi sud-africaine, tous les dons aux partis politiques supérieurs à 100 000 rands (5 000 euros) doivent être déclarés publiquement et le financement des partis politiques par des sources étrangères est soumis à d’importantes restrictions.
En décembre 2022, la dette de l’ANC s’élevait à 500 millions de rands (24 millions d’euros), et un procès ultérieur lui a fait perdre 152 millions de rands (7,4 millions d’euros). Toute cette dette semble avoir mystérieusement disparu, le financement politique déclaré pour 2023 ne s’élevant qu’à 23 millions de rands (1,13 million d’euros). En outre, l’ANC semble avoir sécurisé 1 milliard de rands (49 millions d’euros) pour sa campagne électorale de 2024.
Les flux illicites d’argent destinés à l’ANC sont activement traqués par les agences de renseignement internationales et les organisations spécialisées dans le financement du terrorisme international.
Beaucoup d’encre a coulé pour tenter d’expliquer pourquoi l’Afrique du Sud, avec tous ses ratés en matière de leadership et de gouvernance, a décidé de dépenser une part substantielle de ses maigres ressources pour poursuivre Israël devant la Cour internationale de justice de La Haye, devenant ainsi ce que le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a décrit comme « un avocat du diable ». On peut trouver cinq raisons potentielles à ce choix.
- L’engagement idéologique durable de l’Afrique du Sud en faveur de la cause palestinienne,
- Le profond mépris de l’Afrique du Sud pour l’Occident et ses alliés,
- La tentative de l’Afrique du Sud de retrouver son statut de leader mondial des droits de l’homme,
- La tentative de l’ANC de détourner l’attention de ses propres échecs cuisants à l’intérieur du pays, et
- Selon toute vraisemblance, l’Afrique du Sud agit par procuration pour l’Iran ou le Qatar en essayant de payer ses dettes et de remplir ses coffres avant les élections générales de cette année.
L’Afrique du Sud est un État souverain. Elle peut donc bien sûr faire ce qu’elle veut. Mais les actes ont des conséquences. L’Occident se lasse de plus en plus des frasques sud-africaines.
L’année dernière, l’Afrique du Sud n’a pas été conviée au sommet du G7. L’inclusion de l’Afrique du Sud dans la loi américaine sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (African Growth and Opportunity Act), qui facilite les relations commerciales et l’accès au marché américain, semble de plus en plus précaire, de même que les quelques 250 000 emplois qu’elle avait permis de créer.
Des inquiétudes pèsent sur le devenir des Juifs au fin fond du continent africain.
L’un des juristes les plus éminents d’Afrique du Sud s’est vu refuser une place à la Cour constitutionnelle en raison de son appartenance au South African Jewish Board of Deputies, le porte-parole officiel de la communauté juive sud-africaine.
Il y a quelques semaines, le capitaine juif de l’équipe sud-africaine de cricket des moins de 19 ans, David Teeger, s’est vu retirer son titre de capitaine en raison de son soutien à Israël.
Plus récemment encore, des membres du conseil municipal de Johannesburg se sont demandé pourquoi le conseiller Daniel Shay serait autorisé à porter une cravate ornée d’une « étoile de David juive » dans la salle du conseil. Lorsque Shay a tenté de s’adresser au conseil en citant Nelson Mandela, ses collègues ont scandé « Free Palestine ».
Ces événements ont placé la communauté juive sud-africaine dans une position précaire. Il n’est en effet plus possible d’éviter la question de savoir si l’Afrique du Sud peut continuer à accueillir une communauté juive qui s’identifie fortement au sionisme.
Bien qu’il ait été le parti des victimes de l’apartheid et de la discrimination raciale pendant des décennies, l’ANC n’en est pas moins aveugle à la haine des juifs qu’il propage et perpétue. Il est aujourd’hui devenu une menace pour la communauté juive d’Afrique du Sud, dont les lendemains ne tiennent plus qu’à un fil.
Howard Sackstein
Howard a été l’un des fondateurs du mouvement juif anti-apartheid et directeur exécutif de la Commission électorale indépendante. Il a dirigé la seule délégation de l’ANC à se rendre en Israël et a emmené Nelson Mandela à Bruxelles pour le Congrès juif mondial. Il est actuellement président du South African Jewish Report.
Notes
1 | Voir à ce propos dans K. : « Cour internationale de Justice. Afrique du Sud vs Israël : les tenants et les aboutissants d’une procédure. » |