On se souvient de la polémique, l’année dernière, à propos du livre de Rosemary Sullivan, Qui a trahi Anne Frank ?, finalement retiré des ventes après avoir été discrédité par le rapport d’un groupe d’historiens. « Nous tenons à présenter une fois encore nos sincères excuses à ceux qui ont été offensés par le contenu du livre » avait déclaré son éditeur Ambo Anthos. Si Anne Frank, qui a acquis un statut d’icône et dont le journal est l’un des plus livres les plus vendus au monde (juste après la Bible, dit-on), fait l’objet d’une actualité récurrente, c’est sans doute parce que son chef-d’œuvre, au-delà de la parole inouïe d’une jeune fille engloutie par la Shoah qu’il restitue, contient aussi un secret et une angoisse persistants. Lola Lafon, dans un entretien inédit disponible en podcast, fait de ce secret et de cette angoisse l’objet de son nouveau livre, Quand tu écouteras cette chanson, paru en septembre dans la collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock. Dans cette conversation avec Avishag Zafrani, Lola Lafon témoigne de l’intimité de son rapport à une grande auteure – dont l’œuvre célébrée a été pourtant malmenée dans les éditions successives qui entendaient instrumentaliser sa voix – et dévoile sa propre histoire juive, longtemps tue, vers laquelle l’a conduite sa relecture du Journal d’Anne Frank.
On a beaucoup glosé, ces deux dernières semaines, dans toute l’Europe, sur la victoire de Giorgia Meloni et sur la nature de son parti, Fratelli d’Italia : fasciste, post-fasciste, néo-fasciste, débarrassé de ses liens historiques avec le fascisme ? Simone Disegni revient à son tour sur cette question mais en l’interrogeant cette fois depuis les rapports à ce parti de la communauté juive italienne. Il se demande quels sont les dilemmes et certitudes des Juifs italiens à l’époque de Meloni…
Enfin, nous avons voulu revenir sur la documenta et les polémiques sur l’antisémitisme qui, tout l’été, ont entouré en Allemagne la plus grande exposition d’art contemporain au monde. Au début du mois de juillet dernier, Julia Christ faisait le récit d’une folle semaine de discussions et d’excuses toutes en fausse humilité autour d’une œuvre incriminée pour son antisémitisme manifeste et rendait compte des péripéties que la polémique avait suscitées. L’exposition s’est achevée il y a une semaine : l’occasion pour elle de revenir, dans un épilogue à son premier article, sur les derniers actes d’un débat qui a secoué le monde de l’art et l’intelligentsia mondiale, en vue de savoir si, comme l’écrit l’auteure, l’antisémitisme doit avoir, oui ou non, droit de cité en Allemagne, en Europe, en « Occident » en général – mais aussi tout simplement quelque part ; ou si légitimement, la haine des juifs est partout rédhibitoire.