# 74 / Edito

 

Deuxième épisode, cette semaine dans K., de « Pauvre Rothschild », le conte, inédit en français, de Grigory Kanovich (ici, la présentation de l’écrivain lituanien de 93 ans ; et là, le premier épisode : Où les Rothschild du « petit lieu » apprennent qu’il y a aussi des Rothschild à Londres et à Paris…). Cette semaine, l’on découvre le pharmacien Zalman Amsterdamskii qui joint ses efforts à ceux du rabbin Hillel pour convaincre Itsik de changer son destin : quitter le « petit lieu » et partir à la rencontre des barons et lords Rothschild, ses supposés parents d’Europe de l’ouest. « Ce n’est pas pour leurs beaux yeux que le rabbin Hillel et Zalman Amsterdamskii étaient surnommés ‘les donneurs d’espoir’. Ils prenaient soin de tous les pauvres du petit lieu mais, pour une raison quelconque, se préoccupaient du Pauvre Rothschild avec un zèle particulier. Sans doute est-ce pour cela qu’ils se sont emparés avec un tel empressement du mince fil qui le reliait à ses homonymes de Paris et de Londres. »

Deux reprises accompagnent notre feuilleton du mois d’août : « Fuir Bizerte, quitter la Tunisie », d’abord, le récit dans lequel Agnès Bensimon, documents et témoignages inédits à l’appui, nous raconte les derniers jours de la communauté juive de Bizerte ; et ensuite, le portrait d’Adolfo Kaminsky – faussaire génial au service de la survie et de la liberté mais aussi photographe qui, plongé dans une existence clandestine, a construit son œuvre dans l’ombre – par la philosophe Elisabeth de Fontenay.

« — Tu es un Rothschild ! s’exclamait Zalman Amsterdamskii avec enthousiasme, se prenant de plus en plus à ce jeu qui lui procurait un étrange plaisir et qui consistait à rechercher ce qui pouvait confirmer ce lien de parenté avantageux pour Itsik. »

Le départ des Juifs de Tunisie, généralement associé aux conséquences de la guerre des Six Jours, prend en fait racine dans un conflit tuniso-français, celui de la crise de Bizerte, en 1961. L’accusation de trahison formulée à l’encontre des Juifs de Bizerte, puis leur sauvetage in extremis inaugure le mouvement de départ, provoquant la disparition rapide de la présence juive dans le pays.

Adolfo Kaminsky est devenu une légende : le résistant faussaire connu pour s’être spécialisé dans la fabrication de faux papiers au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il voulut être peintre, il est devenu un photographe discret, hésitant à montrer son travail. Une vie clandestine, dans son œuvre comme dans ses engagements : après la guerre, il fabrique des faux papiers pour la Haganah, il est le faussaire des réseaux de soutien aux indépendantistes algériens dans les années 1950 et 1960, celui des révolutionnaires d’Amérique du Sud comme des opposants aux dictatures de l’Espagne, du Portugal et de Grèce…

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.