# 233 / Edito

La semaine prochaine, la pause estivale de K. prendra fin et un nouveau cycle de publications s’engagera. Depuis de nombreux mois cependant, le vent d’air frais qui nous offrirait une respiration dans le marasme ambiant se fait attendre et, malgré tous nos espoirs, on ne peut nier que stagnation et blocage soient les maîtres-mots du moment. Car le fait est là, répété ad nauseam : la guerre à Gaza s’éternise, en dépit des sursauts de protestation d’une partie du peuple israélien, et chaque jour semble acter un peu plus le dévoiement de l’idéal sioniste. Comment, dans ces conditions, parler à nouveau, sans s’épuiser dans la répétition ? Notre pari, pour ce numéro d’avant la reprise, est qu’il faut partir de la factualité du blocage, et s’y arrêter un moment pour en dire plus qu’on n’y consent habituellement. En sus de notre dernier dossier de l’été, vous trouverez donc un texte inédit de Danny Trom qui s’attèle précisément à cette tâche : diagnostiquer le point de blocage rendant la guerre interminable. Il y est question de la lamentation juive dans sa forme traditionnelle, celle des kinot qui témoignent de l’impuissance du peuple en exil, et de ce qu’implique le fait moderne, produit de la révolution sioniste, que cette lamentation puisse désormais se prolonger dans la guerre.

Pour notre dernier dossier estival, nous vous proposons une sélection des grands entretiens de la revue K. D’abord, deux écrivains qui ne rechignent pas à parler de politique : dans son podKast, Nathalie Azoulai revient sur deux de ses romans qui dressent, à deux décennies d’intervalle, le portrait contrasté de la condition juive en France ; tandis qu’Etgar Keret traduit le sentiment de perte de réalité qui frappe une société israélienne engoncée dans cette guerre sans horizon. Les historiens David Nirenberg et Steven J. Zipperstein nous offrent quant à eux les moyens de prendre de la hauteur au sujet de l’antisémitisme : le premier en l’appréhendant comme une structure de pensée qui infuse les conceptions de l’Occident et de son histoire, le second en interrogeant le tristement célèbre pogrom de Kichinev, les mythes qui se sont cristallisés autour de lui et son rôle dans l’essor du sionisme. Enfin, notre entretien avec Daniel Cohn-Bendit noue les questionnements identitaires aux réflexions sur les dérives de l’antisionisme, mais aussi de la lutte contre.

Pour rappel, nos archives sont ouvertes et nous vous invitons à cheminer parmi les centaines de textes que nous avons déjà publiés depuis plus de quatre ans. 

Comment expliquer l’acharnement d’Israël dans cette guerre à Gaza qui n’en finit pas ? Danny Trom se propose ici de l’analyser à partir d’un symptôme : la prolifération post-7 octobre des kinot, ces plaintes poétiques que l’on croyait propres à la tradition exilique. La lamentation israélienne se formule donc dans le langage de l’exil et de son impuissance alors même qu’elle accompagne aujourd’hui la guerre d’un État par lequel les juifs se sont dotés d’une puissance inédite – et donc d’une responsabilité nouvelle. Danny Trom nous invite à réfléchir sur la tension interne à ce paradoxe.

Tout l’été, K. vous a donné rendez-vous chaque semaine avec un dossier rassemblant cinq textes déjà parus dans la revue. Pour clore cette série et accompagner la rentrée, nous vous proposons quelques grands entretiens donnés cette année à la revue : avec Nathalie Azoulai, Etgar Keret, David Nirenberg, Daniel Cohn-Bendit et Steven Zipperstein.

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.