# 122 / Edito

Deuxième épisode, cette semaine, d’Israël sur le Danube, le feuilleton uchronique de Guy Konopnicki qui imagine la création d’un État pour les Juifs au cœur de l’Europe. Après avoir décrit la semaine dernière la proposition faîte par Beria sur ordre de Staline à Churchill de donner l’Autriche aux Juifs pour y bâtir leur État, il raconte cette fois comment, en l’espace de quelques mois, deux millions de Juifs venus d’Europe et de Palestine se sont installés à Vienne après la guerre…

Chaque épisode hebdomadaire de notre feuilleton de l’été est accompagné d’une série de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés autour de quelques thématiques phares. Cette semaine, un dossier consacré à l’Allemagne, de celle d’aujourd’hui à celle d’hier, consacré aussi à la manière dont l’Allemagne d’hier pèse sur celle d’aujourd’hui. Dans « 30 janvier 1933, le jour où l’humanité est morte », Julia Christ rouvre le dossier du « silence » de Karl Kraus – star de la vie intellectuelle dans l’Europe du début du XXe siècle – qui, en 1933, écrivit cette phrase restée fameuse : « Je n’ai rien à dire sur Hitler ». Sa réflexion sur la position du pamphlétaire d’hier, qui se donne aussi à lire comme un fascinant portrait de la figure complexe que fut l’essayiste viennois, la mène jusqu’à aujourd’hui, sur ce qui se dit et ne se dit pas – ou mal, ou pas encore – à propos d’Hitler dans l’Europe contemporaine. Dans « Pourquoi les Juifs d’Allemagne parlent-ils russe ? », Lisa Vapné retrace les étapes de l’immigration des 200.000 Juifs russophones arrivés depuis le début des années 90 en Allemagne et analyse les enjeux juridiques, politiques, et surtout symboliques que celle-ci aura représentés. Dans « L’Accord de « réparations » entre l’Allemagne et Israël : le mirage de la réconciliation », Constantin Goschler évoque l’accord de Luxembourg signé en septembre 1952. Accord de « réparation » ? On parle aussi d’accord d’ « indemnisation », voire de « réconciliation ». L’historien revient en détails sur cet épisode historique et réfléchit sur le malentendu interne à la conscience allemande, voire mondiale, qu’il a suscité jusqu’à aujourd’hui. Enfin, dans « Jacob Wassermann : son parcours en tant qu’Allemand et Juif », Barbara Honigmann nous plonge au cœur de la tension vécue par l’écrivain Jacob Wassermann (1873-1934) entre ses deux identités, juive et allemande, révélatrice du malaise d’une génération. Elle montre comment cette tension a engendré des déchirements, des atermoiements, du dépit, tout autant qu’une prodigieuse productivité intellectuelle.

« On parvient sans grand mal à trouver des rabbins pour balayer, à grand renfort de citations talmudiques, les objections des traditionalistes attachés à la terre ancestrale. Max Brod se charge de convaincre les intellectuels de Tel-Aviv réunis pour la circonstance dans la salle du théâtre Habima. Retrouver Vienne, comme à l’époque où il arpentait le Graben en compagnie de Franz Kafka, son compagnon de virée, c’est inespéré ! Surtout si les dirigeants de l’Agence juive s’engagent à placer la reconstruction du Burgtheater et de l’Opéra au rang des priorités, en plus de la réouverture des cafés. »

Cet été, K. vous propose de retrouver chaque semaine une sélection de quatre articles, déjà parus dans nos pages, mais rassemblés pour l’occasion autour de  quelques thématiques phares. Cette semaine : un dossier sur l’Allemagne avec des textes et reportages de Julia Christ, Lisa Vapné, Constantin Goschler et Barbara Honigmann.

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Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.