# 111 / Edito

Pourquoi le Portugal et l’Espagne, au tournant des années 2010, ont-ils souhaité revenir sur l’expulsion de leurs Juifs en offrant à leurs descendants un droit au retour par le biais d’une renaturalisation ? Pourquoi le Docteur Jose Rebeiro o Castro, parlementaire portugais, s’est-il donné pour mission de rendre justice de cette manière aux descendants juifs du Royaume ? Comment des milliers de Juifs sur la planète se sont-ils retrouvés éligibles à ce droit au retour ? Quête des origines ou quête d’un passeport : quelles furent les motivations de ceux qui profitèrent de ces lois ? Ils sont des dizaines de milliers, venus de toutes parts – d’Amérique du Sud et d’Israël en particulier – à avoir fait la demande, seuls ou par l’intermédiaire de cabinets d’avocats ayant flairé là un bon filon. Des demandes jusqu’à l’engorgement et aux suspicions de fraude qui ont soulevé de nouvelles polémiques difficiles à démêler. C’est à toutes ces questions que répond K. cette semaine, avec un dossier consacré à la dite « loi du retour » des Juifs portugais. Il s’ouvre par un entretien avec le principal promoteur de la loi au Portugal, l’ancien député Jose Rebeiro o Castro. Partie à sa rencontre, la documentariste Juliette Senik le questionne sur ses intentions et les résultats, symboliques et effectifs, de cette initiative historique. Peu de temps après cette rencontre, la loi en question a finalement été gelée. La communauté juive de Porto, ayant fait face à des accusations sur le bien-fondé de ses certifications, accuse aujourd’hui des forces obscures de comploter contre les Juifs. Le journaliste Elie Petit revient sur la trajectoire d’une loi votée à l’unanimité, finalement gelée, et qui garde aujourd’hui un goût très amer pour une partie des Juifs portugais.

Suite à ce dossier sur le cas portugais, nous republions le reportage de Juliette Senik sur la loi espagnole qui – 500 ans après l’expulsion des Juifs d’Espagne au nom de la « pureté du sang » – elle aussi visait à permettre aux descendants des victimes d’hier d’adresser aujourd’hui une demande de naturalisation. L’ensemble que nous proposons cette semaine témoigne bien de l’inquiétude et de la perturbation que les Juifs continuent de susciter quant au sentiment national de deux pays européens ayant déclaré vouloir réparer une « erreur historique ». Et sans doute est-il révélateur que ces lois, au Portugal comme en Espagne, aient suscité d’abord autant d’espoirs, avant qu’ensuite ne vienne la déception…

Il y a quelques mois, la documentariste Juliette Senik a réalisé pour K. un entretien avec le député Jose Rebeiro e Castro, principal initiateur de la loi accordant la nationalité portugaise par naturalisation aux descendants des Juifs séfarades portugais expulsés (souvent appelée « loi du retour »). Or, depuis cet entretien, la loi a été gelée. En cause des dysfonctionnements et des polémiques sur lesquels le journaliste Elie Petit revient dans cet article.

En septembre 2021, la journaliste Juliette Senik publiait dans K. un texte racontant son travail de documentaire sur les Juifs tentant d’obtenir leur nationalité espagnole. Ces démarches faisaient suite à la possibilité de « renaturalisation » ouverte par une loi espagnole pour les descendants des expulsés du XVe siècle. L’Espagne ne fut pas la seule nation à promulguer une telle loi. Au Portugal, le député José Ribeiro e Castro, fut l’un des deux promoteurs d’une loi de naturalisation similaire. Juliette Senik l’a rencontré et s’est entretenue avec lui… quelques temps avant que la loi ne soit gelée.

Plus de 500 ans après l’expulsion des Juifs d’Espagne, et à la surprise générale, le parlement espagnol a adopté en 2015 une loi visant à réparer cette « erreur historique » en permettant aux descendants d’expulsés d’adresser une demande de naturalisation. La réalisatrice Juliette Senik avait alors décidé de poser sa caméra dans le bureau du consulat d’Espagne à Paris et de suivre l’officier d’état-civil chargé d’accompagner les demandes de naturalisation…

Avec le soutien de :

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.

La revue a reçu le soutien de la bourse d’émergence du ministère de la culture.