# 105 / Edito

La première exposition organisée par la nouvelle directrice du Musée juif de Vienne – « 100 malentendus sur et parmi les Juifs » – s’est heurtée à de nombreuses critiques et continue de susciter la controverse. Alors qu’elle entend « s’interroger sur les malentendus qui sous-tendent les préjugés à l’encontre des Juifs », elle crée un malentendu de plus et suscite quelques questions fondamentales : À quoi sert un musée juif ? À qui appartient-il ? Et de quoi doit-il parler quand il parle des Juifs ? Au sein de la communauté juive de Vienne, beaucoup ne s’y sont pas reconnus, au point que certains craignent même que le musée leur devienne étranger. L’enquête de Liam Hoare retrace les étapes de la controverse et les vifs débats provoqués par l’exposition.

Chercheur israélien en histoire juive moderne, Amos Morris-Reich avait écrit un texte dans K., il y a près de deux ans, en collaboration avec Danny Trom. Aujourd’hui, c’est sa réaction – amicale mais critique – à un texte de ce dernier sur la situation israélienne que nous publions. Car selon lui, l’analyse de Danny Trom dans « Israël : vers la rupture ? » ne perçoit pas la polarisation sans précédent, peut-être sans issue, qui sous-tend la crise en Israël ; de même qu’elle en néglige la cause la plus importante : Benjamin Netanyahou, et la manière avec laquelle il a opposé les uns aux autres les israéliens au point d’avoir mis en péril la cohésion du pays. Les Juifs européens ne surestiment-ils pas la robustesse de cet État ? Tel est l’enjeu de ce texte.

Il y a onze ans cette semaine, le 19 mars 2012, avait lieu l’attentat de l’école Ozar Hatorah de Toulouse. Nous republions le dialogue que nous avions eu avec Franck Touboul, le président du CRIF Toulouse Midi-Pyrénées, à l’occasion du dixième anniversaire de cet événement dont la dimension antisémite, à l’époque, avait comme échappé à l’opinion publique. La communauté juive savait, elle, qu’elle était spécifiquement visée ; mais le reste de la France se contentait de s’effrayer devant un attentat islamiste commis sur son sol, en omettant l’appartenance particulière des victimes. Si Franck Touboul admet que la société française a, ces dernières années, progressivement pris conscience de l’antisémitisme en son sein, elle ne le traite toujours pas et il nous apprend que les juifs de Toulouse continuent de quitter la ville. La prise de conscience fut-elle trop tardive ? La réaction est-elle trop faible au-delà de la reconnaissance du problème ? Depuis sa position tristement privilégiée à l’intérieur de la communauté la plus cruellement touchée, il nous permet de mieux percevoir les tensions qui traversent la communauté juive de France.

Après avoir pris la direction du Musée juif de Vienne (JMW), le 1er juillet dernier, Barbara Staudinger et son équipe de conservateurs ont eu moins de cinq mois pour mettre sur pied leur première exposition : « 100 Malentendus sur et entre les Juifs ». Depuis son ouverture à la fin du mois de novembre, cette exposition attire le public. Retour sur une controverse comme l’on n’en avait pas vue dans un musée juif européen depuis une décennie.

Ce texte est une réaction à l’article de Danny Trom – « Israël : vers la rupture ? » – paru dans K., qui traitait du déroulement dramatique des événements israéliens depuis les dernières élections. Le chercheur israélien en histoire juive moderne Amos Morris-Reich y insiste sur ce qui peine, selon lui, à être clairement vu depuis l’Europe : le rôle actif de Benjamin Netanyahou dans la crise que traverse Israël et l’extrême fragilité de la cohésion de sa société.

En janvier 2020, la télévision publique française diffusait ‘Chronique d’un antisémitisme’ de Georges Benayoun. Le réalisateur avait posé ses caméras à Toulouse, théâtre en 2012 des attentats de l’école Ozar Hatorah. Parmi les différents interviewés : des habitants, le personnel politique, des responsables associatifs, des imams… et Franck Touboul, le président du CRIF Toulouse Midi-Pyrénées. Dix ans après l’assassinat de Myriam Monsonégo, huit ans, de Jonathan Sandler et de ses deux fils, Gabriel, trois ans, et Arié, six ans, la Revue K. a voulu prolonger le dialogue avec ce dernier en l’interrogeant sur la réception du documentaire, la vie de la communauté juive toulousaine depuis l’attentat et la commémoration de son dixième anniversaire qu’il organise cette semaine.

Avec le soutien de :

Merci au bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll pour leur coopération dans la conception du site de la revue.

Merci au mahJ de nous permettre d’utiliser sa photothèque, avec le voyage visuel dans l’histoire du judaïsme qu’elle rend possible.