La première exposition organisée par la nouvelle directrice du Musée juif de Vienne – « 100 malentendus sur et parmi les Juifs » – s’est heurtée à de nombreuses critiques et continue de susciter la controverse. Alors qu’elle entend « s’interroger sur les malentendus qui sous-tendent les préjugés à l’encontre des Juifs », elle crée un malentendu de plus et suscite quelques questions fondamentales : À quoi sert un musée juif ? À qui appartient-il ? Et de quoi doit-il parler quand il parle des Juifs ? Au sein de la communauté juive de Vienne, beaucoup ne s’y sont pas reconnus, au point que certains craignent même que le musée leur devienne étranger. L’enquête de Liam Hoare retrace les étapes de la controverse et les vifs débats provoqués par l’exposition.
Chercheur israélien en histoire juive moderne, Amos Morris-Reich avait écrit un texte dans K., il y a près de deux ans, en collaboration avec Danny Trom. Aujourd’hui, c’est sa réaction – amicale mais critique – à un texte de ce dernier sur la situation israélienne que nous publions. Car selon lui, l’analyse de Danny Trom dans « Israël : vers la rupture ? » ne perçoit pas la polarisation sans précédent, peut-être sans issue, qui sous-tend la crise en Israël ; de même qu’elle en néglige la cause la plus importante : Benjamin Netanyahou, et la manière avec laquelle il a opposé les uns aux autres les israéliens au point d’avoir mis en péril la cohésion du pays. Les Juifs européens ne surestiment-ils pas la robustesse de cet État ? Tel est l’enjeu de ce texte.
Il y a onze ans cette semaine, le 19 mars 2012, avait lieu l’attentat de l’école Ozar Hatorah de Toulouse. Nous republions le dialogue que nous avions eu avec Franck Touboul, le président du CRIF Toulouse Midi-Pyrénées, à l’occasion du dixième anniversaire de cet événement dont la dimension antisémite, à l’époque, avait comme échappé à l’opinion publique. La communauté juive savait, elle, qu’elle était spécifiquement visée ; mais le reste de la France se contentait de s’effrayer devant un attentat islamiste commis sur son sol, en omettant l’appartenance particulière des victimes. Si Franck Touboul admet que la société française a, ces dernières années, progressivement pris conscience de l’antisémitisme en son sein, elle ne le traite toujours pas et il nous apprend que les juifs de Toulouse continuent de quitter la ville. La prise de conscience fut-elle trop tardive ? La réaction est-elle trop faible au-delà de la reconnaissance du problème ? Depuis sa position tristement privilégiée à l’intérieur de la communauté la plus cruellement touchée, il nous permet de mieux percevoir les tensions qui traversent la communauté juive de France.